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dimanche 25 mai 2014

Tom à la Ferme

Le jeune prodige québécois Xavier Dolan revient devant la caméra dans un film qu'il dirige, après avoir laissé la vedette dans Laurence Anyways. Cette fois-ci, l'icône métropolitaine gay s'exporte à la campagne pour nous proposer un huis-clos dans une ferme assez angoissant. Dolan joue le rôle de Tom, qui va rendre visite à la famille de son ex petit ami dans leur ferme familiale. Sa belle mère semble bienveillante mais très naïve sur la relation que le visiteur entretenait avec son fils. Le frère du défunt, lui, montre les crocs dès les premières secondes du film. Il moleste Tom, qui a la tête de l'emploi avec sa décoloration moisie et son air de chien battu, et s'ensuit une relation passionnelle entre ces deux hommes, tous deux fortement reliés à la personne disparue.La relation conflictuelle et la domination subie acceptée par Dolan envers le frère de l'être aimé disparu est assez intéressante, et l'on comprend bien que la ressemblance physique permet de faire survivre une personne décédée artificiellement. Ce processus mental est naturel, humain, mais destructeur, et c'est bien l'essence du film, qui montre jusqu'où l'être humain peut aller dans la souffrance afin de poursuivre ses rêves et désirs, quitte à nier la réalité. Malheureusement, le film manque de rythme et l'intensité est rarement à son comble. Trop de fois, on se dit que l'on a déjà assisté à des scènes comparables mieux réalisées. Reste un exercice correct et intéressant.

MA NOTE : 2/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=208989.html


Babysitting

"La meilleure comédie française de l'année", "A ne manquer sous aucun prétexte" ou tout simplement "Hilarant", les superlatifs élogieux s'additionnent sur les affiches de ce petit film assez inattendu lors de sa sortie en salles. Babysitting reprend les codes du médiocre Projet X, en le scénarisant davantage et en le francisant. Le premier constat d'échec réside dans la nullité absolue du jeu que les acteurs nous proposent. C'est très gênant, car tous leurs gags sont téléphonés, réchauffés et jamais ne font mouche, ce qui fait montre d'une grande faiblesse lorsque l'on parle d'un film soit-disant humoristique. Habitués des merdes intercalées entre la météo et le 20h, les jeunes gens présents à l'écran sont en fait totalement inadaptés et incapables d'assurer un rôle au cinéma. La palme du mauvais jeu revient d'ailleurs à l'acteur principal, Philippe Lacheau, qui n'est là que parce qu'il réalise le film et que ça coûte moins cher d'utiliser la même personne pour remplir deux fonctions. Les réactions de son personnage sont incompréhensibles, et une envie monstre de passer de l'autre côté de l'écran pour lui mettre une bonne raclée monte progressivement tout au long du film. Le mauvais goût prend toute sa place dans l'élément perturbateur permettant la situation que traite le film : la fête qui dégénère. Cet élément, c'est le fils du patron du personnage principal (même Jugnot est mauvais dans ce film, incroyable...). Ce gamin, qui devrait juste être une terreur qui prend son pied en foutant la vie des adultes autour de lui en l'air, voit son hyperactivité et sa haine justifiée par l'absence d'un père trop égoïste. C'est dégoulinant de bons sentiments à gerber, de pétainisme, mais oui, tant l'adage "Travail, famille, patrie", semble au rendez-vous. Quant au fait de foutre le bordel dans une maison, rien de drôle là dedans lorsqu'il s'agit d'un film entièrement scénarisé. Dans ce style d'humour, les pères fondateurs membres de Jackass font office de repère, et ils auraient honte de voir un tel fiasco. Le rythme du film aussi est mauvais, d'autant plus que le suspense est inexistant, le film se passant en flash-back. Il faudra beaucoup de circonstances malheureuses pour déloger ce film en tant que pire film de l'année.

MA NOTE : 0/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=222512.html


dimanche 11 mai 2014

Apprenti Gigolo

John Turturro, acteur connu pour sa gueule marquante, est cette fois-ci des deux côtés de la caméra, accompagné par Woody Allen, dont il cherche à rendre hommage dans ce film. Enchainant les petits boulots qui lui permettent tout juste de payer le loyer, Turturro se voit proposer par son mentor Woody de devenir gigolo, soit se faire payer pour faire le sexe avec des femmes. Intéressant passage de flambeau entre le maître et l'élève auto-proclamé de Woody Allen, mais malheureusement le film est rempli d'invraisemblances scénaristiques qui s'avèrent être assez bloquantes. Tout d'abord, Turturro est tout sauf un apollon, même s'il n'est pas laid, et plus très frais. Et puis j'ai beau essayer, je ne peux me faire à l'idée que Sharon Stone puisse payer quelques centaines de dollars pour coucher avec un mec, surtout lui. Ensuite, le film est assez difforme, coupé à la truelle, et finalement en cruel manque de rythme. Le film est une pâle copie d'une comédie moyenne d'Allen, qui finalement raccroche les wagons en s'appuyant sur la morale. Bref, une déception.

MA NOTE : 1/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=204226.html


jeudi 8 mai 2014

Noé

Darren Aronofsky s'était fait un nom auprès du grand public avec son second film, Requiem for a Dream, cinglant film critiquant le mode de vie américain. C'est The Wrestler, en 2008, qui l'a propulsé en tant que réalisateur de grand talent reconnu par les critiques. Son avant dernier film, Black Swan, alliait une réalisation magnifique à un scénario peut-être trop dérangé, trop fou-fou, pour que ni les amateurs, ni les critiques n'accrochent vraiment totalement au projet. Avec Noé, Aronofsky adapte un pan de la culture chrétienne occidentale, sans doute le passage le plus connu de l'Ancien Testament. Déjà habitué des péplums et des récits anciens, Russell Crowe endosse le rôle d'un Noé torturé et pas toujours convainquant. Oscillant sans cesse entre le devoir d'obéissance face à la parole divine et ses sentiments et volontés propres. Étonnamment, ce sont les passages bibliques qui sont les plus réussis, les plus intéressants. Les personnages, eux, sont peu intéressants, massivement interprétés par des acteurs dans le creux de la vague en ce qui concerne leur forme. La réalisation est lourde, les effets divins sont tirés par les cheveux et la colorimétrie est poussée pour donner au film un côté surréel, mais peu graphique. C'est finalement sur toutes les parties libres que le film flanche, montrant les parties imposées de fort belle manière. La scission du fils traitre avec le reste de la famille mériterait davantage d'espace pour être mieux traité, et le film en fait trop sur l'avenir des nouveaux nés dont on se doute que rien ne viendra les perturber, puisque nous sommes là pour regarder le film...

MA NOTE : 1/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=194938.html


jeudi 1 mai 2014

La Crême de la Crême

Voici le troisième long-métrage de Kim Chapiron, jeune réalisateur hype sorti du giron de Kourtrajmé qu'il a cofondé avec Romain Gavras. Après le déjanté mais poussif Sheitan et l'intéressant mais pompé Dog Pound (sur la série Oz, nettement meilleure), Chapiron continue à explorer des sujets qui choquent. Cette fois-ci, il met un peu plus de finesse dans la chose. Le cadre est celui d'une école de commerce regroupant des étudiants parmi les meilleurs de France, à qui l'on promet un avenir radieux professionnellement, le plus dur étant déjà fait au moment où ils franchissent le pallier de l'institution. Trois d'entre eux, que Chapiron a méticuleusement pris le soin sélectionné de provenances et de sexes différents (pour finalement ne heurter personne en particulier) s'unissent pour monter une sorte de club visant à faire monter la cote de leurs camarades sur le marché de l'amour. Car oui, si tout peut constituer un marché, l'amour en fait bien partie. D'ailleurs, le plus savoureux moment du film est celui où l'on reçoit une leçon sur ce qu'est un contrat de mariage entre un jeune homme à l'avenir professionnel prometteur et une jeune femme extrêmement jolie. Manque de bol, le film manque de rythme et est parfois poussif, voire longuet, ce qui est un peu bête pour un film d'une heure trente à peine. Et puis, personne n'est dupe sur le caractère que prend peu à peu l'entreprise de nos jeunes anti-héros ; le proxénétisme version strat-up cheap. L'issue du film est alors anecdotique. Il y a avait matière à faire mieux, en exploitant notamment davantage le potentiel d'Alice Isaaz, qui n'est autre qu'une des plus belles femmes de sa génération, et qui procure un plaisir certain à chacune de ses apparitions à l'écran.

MA NOTE : 1/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=215769.html


Nebraska

Alexander Payne, réalisateur remarqué de The Descendants en 2012 notamment, revient avec un nouveau film, Nebraska. Comme son nom l'indique, le film prend place au centre des Etats-Unis, de plus en plus délaissé, où le chômage fait rage et où les gens s'accrochent aux minces espoirs de la vie. Bruce Dern incarne un retraité gâteux et obstiné qui s'accroche à un rêve fou et stupide ; il décide d'aller chercher son million de dollars promis par un courrier publicitaire mensonger que tout le monde aura identifié comme tel, sauf lui. Et, comme personne ne veut participer à son aventure insensée, il commence à parcourir les centaines de kilomètres qui le séparent de la société lui ayant promis son gain à pieds. Voilà le point de départ de l'histoire, car son fils cadet va décider d'accompagner son père, plus pour se rapprocher de lui que pour participer à son délire.L'image est belle, tout en noir et blanc, mais pas autant que ce que certaines critiques ont dit. L'avancée du film, elle, est un peu poussive, mais les quelques rires jaunes éclaircissent le récit. On passe un bon moment, mais le sentiment qui règne en sortant de la salle est que le film aurait pu être meilleur. Peut-être le film se pose-t-il trop en tant que témoin de la dure vie sociale de l'Amérique profonde white trash.

MA NOTE : 2/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=189640.html