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dimanche 24 novembre 2013

Cartel

Au milieu des nombreux films sélectionnés à Cannes qui sortent en ce moment sur les écrans, le nouveau film du grand Ridley Scott ne semblait pas avoir à rougir ou à faire le timide. Car Cartel ne se contente pas d'être réalisé par l'inventeur d'Alien ou le réalisateur du mythique Blade Runner, il jouit également d'un casting XXL international : Michael Fassbender, Javier Bardem, Peneloppe Cruz, Cameron Diaz, Brad Pitt pour ne citer qu'eux. Normal, à partir de là, que les attentes autour du film soient importantes. Or, si vous voulez arriver à suivre l'histoire, il va falloir vous accrocher. Lorsque le film commence, vous avez très rapidement l'impression d'être arrivé en retard et d'avoir manqué les vingt premières minutes du film, cruciales à sa compréhension. Sauf que non, vous n'avez rien manqué. Et vous en êtes sûrs, puisque vous vous êtes tapé les pubs pour Magnum, Carte Noir et Conforama avant d'avoir le droit à ce pour quoi vous avez payé cher votre ticket. Cette désagréable impression de ne pas savoir ce à quoi on assiste et d'être complètement paumé dans le récit persistera jusqu'à la fin, je suis désolé de vous l'apprendre. C'est le montage, de façon générale, qui pêche. L'histoire n'a globalement pas grand-chose d'intéressant, et fait bien pâle figure face au classique du genre, Trafic. Ridley Scott lui-même avait réalisé un chef d’œuvre il y a une dizaine d'années, American Gangster, qui traitait également du trafic international, de drogue en l’occurrence. Dans Cartel, les acteurs semblent perdus, déboussolés, à l'image du scénario brouillon. On ne gardera pas grand chose de ce film, véritable échec, dont le souvenir s'évaporera en un instant.

MA NOTE : 1/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=202971.html


jeudi 21 novembre 2013

La Vénus à la Fourrure

Dans la continuité des semaines précédentes, voici un nouveau film sélectionné au dernier festival de Cannes. Celui-ci est l’œuvre de Roman Polanski, illustre réalisateur qui, même quand son nom est entaché lors d'une affaire de mœurs, reste une référence dans le monde du cinéma. Très actif depuis le début des années 10, il s'agit de son troisième film après les bons The Ghost Writter et Carnage. Or, si le cadre de La Vénus à la Fourrure diffère de celui des deux précédents films, le thème et l'ambiance ont ceci en commun qu'ils traitent du malaise provoqué lorsque plusieurs personnes qui ne sont apparemment pas compatibles se retrouvent contraintes à la cohabitation dans un espace confiné. Ce dernier long-métrage pousse même l'exercice à l'extrême, puisque seulement deux personnages sont mis en scène et que l'espace confiné est une salle de théâtre vide. Autrement dit, aucun échappatoire n'est disponible, que ce soit spatial ou relationnel. Pendant une heure et demi, nous aurons l'occasion de voir l'excellent Mathieu Amalric et celle qui n'en finit plus de faire pleuvoir les éloges (après Dans La Maison), Emmanuelle Seigner, interagir, se rentrer dedans, rire, disserter, jouer sur scène, se remettre en question, se provoquer, plaisanter, tout cela pour le plus grand plaisir des spectateurs. Le film est rempli de lectures au second et au troisième degrés, ce qui crée une richesse formidable de niveaux d'interprétation. De la même façon, puisque nos deux comédiens s'évertuent à répéter une pièce de théâtre dans le cadre de l’audition de madame, nous avons le droit à une histoire (la pièce de théâtre) encastrée dans une autre (le temps de narration du film). Or, l'une comme l'autre sont rapidement passionnantes, et finissent inexorablement par se confondre de la plus intéressante façon qui soit. L'humour est au rendez-vous et les renversements de situation sont nombreux. Le spectateur est régulièrement suscité, bichonné dans son fauteuil par les prestations de haute volée des deux acteurs et par les clins d’œil scénaristiques. On prend son pied et on en redemanderait lorsque défile le générique de fin.

MA NOTE : 3/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=213080.html


mercredi 20 novembre 2013

Inside Llewyn Davis

Attendu comme chacun des films des frères Cohen, Inside Llewyn Davis est arrivé avec la pression supplémentaire qu'ont les films sélectionnés au festival de Cannes. De plus, le film intègre le couple chaotique du brillant et populaire Drive, joué par Carey Mulligan et Oscar Isaacs, ajoutant encore à l'attente autour de ce film, tout comme le fait que le précédent, True Grit, datait d'il y a deux ans et demi et que les fans inconditionnels n'en pouvaient plus d'attendre. L'histoire se concentre sur les déboires d'un jeune musicien, joué par le très bon Isaacs, qui s'entête à vouloir percer dans la musique folk malgré les échecs accumulés, et après la disparition de son ami et compère de scène. On voit dès les premières minutes le guitariste se faire casser la gueule, après avoir chanté une douce chanson mélancolique et morbide. L'on peut alors déjà s'assurer que l'image est magnifique, avec des teintes beiges, rendant la photo froide et transformant la ville de New York en une matrice qui écrase les individus, et que l'on a l'impression de découvrir pour la première fois sous cet angle. Ce qui m'a frappé et déçu, c'est le peu d'humour que comporte ce film par rapport à ses aînés. Certaines situations portent à sourire, mais jamais à rire franchement. De plus, si l'on est bien conscient du marasme et de la précarité dans laquelle se trouve notre personnage principal, le film ne pose pas vraiment les enjeux de l'histoire, tâtonnant un peu de tous les côtés, le musicien ne sachant vers où se tourner. Normal pour un personnage déboussolé qui espère vainement le succès comme un joueur de loto miroite le jackpot, sauf que cela procure un sentiment d'abandon chez le spectateur qui ne sait pas où le film va et ce à quoi il doit être attentif. La galère, le système D, la difficulté de réussir dans le monde artistique, voilà ce qu'on retiendra, mais je ne placerais pas ce film comme une œuvre majeure des Cohen.

MA NOTE : 2/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=195051.html


samedi 16 novembre 2013

En Solitaire

Depuis quelques années, François Cluzet est cantonné à des rôles de bons samaritains, ou à défaut de anti-héros dont on sait que le public embrassera la cause. Un handicapé, Tony Musulin, un homme à la recherche de sa femme enlevée... Et maintenant, un skipper en course pour un tour du monde en solitaire (d'où le titre du film) dans le cadre du Vendée Globe. Le principal intérêt du film est le dépaysement qu'il nous offre, et à ce titre il ne démérite pas, nous plongeant en immersion dans le monde inconnu de la navigation en haute mer pour un quidam comme moi. L'océan, les couchers de Soleil, les conditions climatiques extrêmes, les réglages du bateau et les communications avec les propres restés sur la terre ferme, presque tout est traité. On ne voit pas notre héros faire ses besoins, t on aurait été curieux de voir comment ça se passe dans ce cadre là. Puis, vient le grain de sable dans l'engrenage. L'intrus à bord du bateau, embarqué en douce à l'insu du skipper lors d'une escale pour réparer l'embarcation, est rapidement découvert par Cluzet. Forcément, il est là pour une noble cause. Évidemment, l'histoire en les deux personnages débute mal, évidemment elle termine bien, et évidemment c'est chiant comme la mort. C'est ce sur quoi mise le film, alors qu'il se serait bien mieux porté sans ce rocambolesque retournement de situation. On aurait aimé voir, pour une fois, une histoire d'homme physiquement seul mais en fait entouré de technologie lui permettant de communiquer avec l'extérieur. On voudrait "vivre", à travers l'écran, ce qu'est l'expérience d'une telle course, ce que seul le cinéma peut faire, à la différence des documentaires. Mais non, il fallait une trouvaille débile qui vienne tout gâcher et apporter encore de la morale indigeste. Quel dommage.

MA NOTE : 2/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=205978.html


vendredi 15 novembre 2013

Snowpiercer, Le Transperceneige

L'idée de base est proche de celle que l'on retrouve dans de plus en plus de films depuis la moitié du 21ème siècle : le monde se meurt, le froid envahit la planète, l'humanité est menacée et se retranche dans un espace confiné. Dès lors, le principal danger n'est plus le climat, mais l'Autre, et l'enjeu est de survivre face au danger qu'il représente. Le mal. L'originalité de ce film réside dans la nature de l'espace confiné ; un train, obligé de rouler sans arrêt à grande vitesse pour combattre l'immobilisme qui rendrait le véhicule vulnérable au froid. Plus de mouvement, plus de moyen de luter contre le froid, et dans ce cas là, c'est la mort assurée. Finalement, on se rend bien vite compte que le film tient moins du regrettable Le Jour d'Après que de Titanic, l'histoire s'appliquant à opposer la troisième classe de queue de train à la classe à la classe aisée de tête de train. Dans ce monde post-apocalyptique, pas de classe moyenne, et de manière générale, pas de demi-mesure. Les pauvres sont nourris avec une pâte à l'allure infâme fabriquée à base d'insectes broyés, mais ils ne travaillent pas, à la différence des riches qui ont le privilège d'avoir un emploi qui les tire de l'ennui. Curieux monde, pas dénué de sens pour autant. Lorsqu'à force de persécution, une inévitable révolte naît, les gentils pauvres s'en vont rencontrer le fondateur du train, responsable de leur salut comme de leur perte, afin de lui faire entendre leur mécontentement. Ils devront avant cela traverser chaque wagon du train, avec une surprise de taille à chaque fois et un univers propre, un peu comme dans le classique film Cube. Les acteurs sont dans l'ensemble bons, et Tilda Swinton est excellente en sous-chef dominatrice belliqueuse. A ce titre, le châtiment corporel infligé à tout passer rendu coupable d'insurrection est une trouvaille originale et de qualité. L'autre trouvaille, c'est que si les riches se sont taillé la part du lion en occupant les trois quarts du train alors qu'ils représentent à peine la moitié de l'effectif, ils n'ont nulle part où dormir. En effet, leur est alloué un espace pour manger des sushis, un aquarium, un sauna, un restaurant haut de gamme, un bar, une discothèque, mais aucun lieu dédié au sommeil, comme si dormir était une perte de temps réservée aux pauvres. Intéressant point de vue, peut-être pas assez développé. A côté de ces points forts, le film cumule quand même quelques défauts, notamment sa longueur, bien trop importante par rapport à ce qu'il a à dire. Une demi-heure de moins n'aurait pas été un luxe, car la durée se fait sentir en fin de film ; fin qui est d'ailleurs interminable à partir du moment où le héros se retrouve dans le wagon de tête et où il est face à un dilemme et à une crise de conscience pleine de bons sentiments dont on se passerait bien.

MA NOTE : 2/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=123530.html


lundi 11 novembre 2013

Blood Ties

Plus de cinq ans après la sortie du mitigé Les Liens du Sang, Guillaume Canet, alors acteur principal, est cette fois-ci aux commandes du remake version américaine. Le casting est bandant (Clive Owen, Billy Crudup, Marion Cotillard, Mila Kunis, Zoe Saldana, Matthias Schoenaerts, James Caan...) et le petit Guillaume certainement un peu léger pour mener cette troupe à la baguette. Or il se trouve que l'actorat est le plus bel atout de ce film, qui pêche surtout par le manque de rythme, comme le faisait avant lui son ainé dont il est issu. Le scénario, co-écrit par le génial James Gray, est de bonne facture, mais le film est trop long, trop lent et met du suspense là où il ne devrait pas y en avoir. L'image, elle aussi, est belle et bien travaillée, mais n'arrive jamais à rendre le film aussi bon que les exemplaires films de référence du genre, notamment La Nuit Nous Appartient, du même James Gray. Nous n'arrivons jamais à atteindre l'intensité nécessaire à nous faire adorer le film, faute de rythme, de lâcher prise (le film donne l'impression d'être trop sous contrôle et manque de naturel) et de véritable retournement de situation (ceux présents dans le film sont très attendus). C'est donc la même expression mitigée qui se dégage de ce remake, comme elle se dégageait de l'original.

MA NOTE : 2/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=199113.html


dimanche 10 novembre 2013

La Vie d'Adèle - Chapitres 1 et 2

Après le très bon La Graine et le Mulet, sorti en 2007 et acclamé par la critique, Abdellatif Kechiche revient cinq ans plus tard avec La Vie d'Adèle - Chapitres 1 et 2. Très attendu du fait du précédent film, le long-métrage débute son existence en trombe en remportant la Palme d'or alors que le montage n'est même pas terminé (le film est projeté à Cannes sans générique, ce qui sera considéré comme la goutte d'eau qui fera déborder le vase par les techniciens ayant contribué au film, déjà passablement énervés par les méthodes capricieuses et le caractère ingrat et psychorigide du réalisateur). A ce début contrasté est venue s'ajouter la fameuse polémique portée par les deux actrices principales du film, dénonçant les conditions très difficiles de tournage auxquelles elles ont été confrontées. Avec tout ce remue-ménage, on en aurait presque oublié le principal. Il se cache un film derrière ces actualités "people". Comme il l'avait précédemment fait, Abdellatif s'est appuyé sur une jeune actrice pleine de talent, Adèle Exarchopoulos, et lui a confié le rôle d'un personnage éponyme, sans doute pour renforcer le réalisme. Nous la suivons durant son adolescence et les premières années de sa vie d'adultes, soit les deux premiers chapitres de sa vie post puberté. Il se trouve qu'Adèle est une jeune femme dont la beauté ensorcelle tous ceux qui la côtoient et qui a l'embarras du choix pour choisir la personne qui aura l'honneur de partager sa vie. J'aurais d'ailleurs aimé que le film développe un peu l'idée selon laquelle il est extrêmement difficile pour cette fille d'avoir des rapports "normaux" avec les autres, désintéressés sur le plan charnel, avec les hommes comme avec les femmes, du fait de sa trop grande beauté. Être belle, c'est bien, mais être somptueuse conduit à la solitude. Jalousie de ses semblables, désir du sexe opposé, il devient rapidement difficile d'interagir avec les autres sans éveiller l'un de ces deux sentiments. La solution peut passer par le travail avec les enfants en bas âge, qui n'auront pas ce type de réaction vis à vis de leur maitresse. Elle peut également passer par l'homosexualité. D'abord curieuse de la chose, Adèle va passer par une phase de découverte, laquelle s'avèrera payante grâce au choix de celle qui restera l'Amour de sa vie, interprétée par Léa Seydoux. La complémentarité du couple, avec un élément issu d'un milieu aisé et cultivé, doué artistiquement, et un autre qui maitrise les fondamentaux de la vie, notamment faire la cuisine, élever des enfants ou faire l'amour, sa propension à tirer l'autre vers le haut, nous emporte dans le récit. Nous vivons avec les deux amantes. On marche avec elles, bouffe avec elles, baise avec elles, travaille avec elles. Nous sommes une partie d'Adèle, et c'est bien la force du film. Ses soucis sont les nôtres, nous sommes heureux pour ses accomplissements, et peinés pour ses déconvenues. Malgré tout, et même si je n'ai pas trouvé de longueur à un moment précis du film, j'ai trouvé l'ensemble un peu long. Mais le film est fort et nous laisse plongés avec les deux personnages principaux pendant plusieurs jours après le visionnage du film, et c'est un joli tour de main !

MA NOTE : 3/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=203302.html


dimanche 3 novembre 2013

Malavita

Que Luc Besson jouisse d'une telle notoriété est assez étrange quand on se penche sur sa filmographie. Son dernier film potable, Le Cinquième Élément, date tout de même de 1997. Depuis, une succession de gros navets et de films pour enfants à la qualité bien médiocre. Sa plus grosse réussite en ce 21ème siècle est peut-être bien l'attraction du Futuroscope. Le producteur/réalisateur (c'est bien dans cet ordre qu'il faut le dire) avait d'ailleurs déjà collaboré avec De Niro qui faisait la voix d'un des personnage de la trilogie Arthur. Dans Malavita, Robert est le personnage principal, comme d’habitude un mafieux, mais qui cette fois-ci est contraint à l'exil après qu'il a dénoncé toute sa famille contre une immunité gouvernementale. Je fais ici une parenthèse ; beaucoup de personnes de moins de trente ans considèrent Robert De Niro comme un médiocre acteur qui ne joue que dans des mauvais films. Il faut dire qu'après 1997 et Jackie Brown, sa carrière se révèle assez chaotique... Mais les années 70, 80 et 90 ont vu un Robert De Niro du feu de Dieu dans plus de films légendaires qu'aucun autre acteur au monde ne peut espérer figurer. GQ disait en 2011 de lui qu'il avait la plus belle filmographie de tous les temps, et j'appuie leur classement. Ce type est un monstre du cinéma qui s'est doucement laissé reposer sur ses lauriers depuis maintenant une quinzaine d'années. Fin de parenthèse, et retour donc au personnage de notre histoire. Après quelques tentatives ratées de relocalisation, il se retrouve dans un bled de Normandie, relogé par la CIA. Et c'est là que les ennuis commencent. Malheureusement, ce sont les spectateurs qui en font principalement les frais. Le film est rempli de clichés pas vraiment drôles ni intéressants. En fait, l'intrigue est inintéressante au possible et le film tente d'embrasser la vie de chaque personnage de la famille à la manière de United States of Tara version mafieuse, sauf que le tout est d'une banalité affligeante. Comment Besson, qui dispose d'un carnet d'adresse bien rempli et de moyens financiers conséquents, peut-il proposer un film à peine meilleur qu'un téléfilm digne d'un Joséphine Ange Gardien au dessus du lot ? On a vraiment l'impression d'être devant TMC un dimanche après-midi ! Aucun rythme, aucune nouveauté, aucun intérêt, aucun rire, aucun plaisir dans la mise en scène ni dans la photographie, et des acteurs pas transcendants. Tout marche au ralentis, et on ressort avec la nette impression de s'être fait arnaquer. Luc, mets toi une chose dans la tête s'il te plaît : le Futuroscope a besoin de toi, pas le cinéma.

MA NOTE : 1/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=207801.html