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dimanche 8 février 2015

Cinéma : le Top 10 de 2014

Longtemps inquiet quand me venait l'idée de réfléchir aux films qui pourraient faire partie de cette liste au cours de l'année, c'est soulagé par un second semestre bien meilleur que le premier que je peux fièrement vous présenter la liste de films qui suit. 2014 a été une assez bonne cuvée bien que, pour la première fois depuis la création de ce blog, aucun 4 étoiles n'ait été décerné durant cette année calendaire. Si 2013 était l'année de Leonardo Di Caprio, 2014 consacre le très bon Jake Gyllenhaal, découvert il y a une quinzaine d'année dans le curieux et culte Donnie Darko.
C'est avec beaucoup d'hésitation que j'ai classé les trois premiers films dans cet ordre, et c'est au final le choix du cœur qui l'a emporté, les qualités intrinsèques de chacun de ces films étant à mon avis de niveau semblable. La fin de classement aussi m'a beaucoup fait réfléchir, et c'est à regrets que j'ai du éliminer de très bons films comme Dallas Buyers Club, 12 Years a Slave, Diplomatie, Boyhood et Interstellar, qui méritent toute votre attention même s'ils ne font pas partie de la prestigieuse liste que voici.

Numéro 10 : Deux Jours, Une Nuit



Trois ans après leur dernier film, Le Gamin au Vélo, les frères Dardenne reviennent avec un film à nouveau centré sur un problème de société : la précarité due à l'insécurité de l'emploi. Dans le rôle principal, Marion Cotillard, plus maigre et apparemment en mauvaise santé que jamais, incarne Sandra, qui travaille en usine et que son employeur souhaite licencier suite à son retour d'arrêt maladie pour cause de dépression. Si elle en est officiellement guérie, la dépression guette et l'on sent qu'elle rôde, prête à envahir le sujet que nous suivons pendant un peu moins de deux heures. L'intrigue est simple : pendant l'absence de Sandra, ses collègues ont vu leur temps de travail augmenter légèrement pour combler son absence. En a résulté une augmentation substantielle de leur salaire. S'ensuit une terrible nouvelle pour Sandra ; tout le monde semble gagnant à entériner son départ. L'employeur récupérerait ainsi une équipe plus soudée, Sandra divisant l’audience, et les employés conservent leur conditions de travail avec les heures supplémentaires et ainsi un meilleur salaire. Un premier vote est alors réalisé auprès des employés qui ont choisi de se séparer de Sandra, et ainsi de conserver leur prime, substantielle, qui ne leur sera pas accordée si Sandra revient, faute de moyens. Sandra parvient à imposer un second vote avec l'aide de deux de ses collègues, et c'est ici que commence le film. Elle a donc un weekend pour faire changer d'avis suffisamment de monde pour conserver son emploi. On peut palper la tension qui règne entre ses collègues et elle, qui est quasiment en train de leur retirer la nourriture de la bouche semble-t-il, à les entendre, alors que sa vie à elle est presque en jeu. Exit la fraternité, la solidarité ou tout sentiment d'humanité lorsque votre confort de vie est directement en jeu. Tout cela est souligné par une mise en scène lourde de sens et facile à décrypter. Le sujet est lourd, mais est traité avec qualité. La conclusion est bien entendue difficile et amorale.

MA NOTE : 3/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=219102.html



Numéro 9 : Enemy



Avant d'en dire davantage sur ce film, je vais pour une fois reprendre le synopsis du film sur Allociné : "Adam, un professeur discret, mène une vie paisible avec sa fiancée Mary. Un jour qu'il découvre son sosie parfait en la personne d’Anthony, un acteur fantasque, il ressent un trouble profond. Il commence alors à observer à distance la vie de cet homme et de sa mystérieuse femme enceinte. Puis Adam se met à imaginer les plus stupéfiants scénarios... pour lui et pour son propre couple". Tout d'abord, ce film consacre définitivement Denis Villeneuve comme réalisateur de grand talent, ses deux précédents films, Incendies et Prisoners, ayant d'ailleurs été nommés dans deux Top 10 par Noir Amer. Le film, absolument envoûtant, vous plonge dans un calvaire mental que l'on partage avec le personnage principal. Est-il en présence d'un parfait sosie ou est-ce son cerveau qui lui joue des tours ? Sur ce point, je vous invite à lire cet article, très bien écrit, détaillé et appuyé, qui livre à mon avis un avis très proche de la volonté du réalisateur. Voilà un film qui nous amène à la réflexion et qui compte sur l'intelligence du spectateur. La figure de l'araignée, que l'on sait proche de la figure maternelle dans la psychologie, est omniprésente, jusqu'à la scène finale, magnifique d'intensité. Un film à voir, à revoir et à analyser, du genre de ceux dont l'on adore discuter entre amis, dont le scénario nous fascine, mais qui est également magnifiquement filmé et joué. Un inévitable de cette année 2014.

MA NOTE : 3/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=205131.html



Numéro 8 : A Most Violent Year


N'ayons pas peur des mots. J. C. Chandor a 41, et il s'agit là de son troisième film ; les deux premiers, Margin Call et All is Lost, étaient de très belles réussites, et si il parvenait à confirmer avec A Most Violent Year, il entrait pour de bon dans la cour des grands. A chaque fois, le jeune réalisateur s'attaque à un thème différent et à des atmosphères différentes, et il réussit coup sur coup à nous émerveiller, tout en gardant une justesse qui est désormais associée à son nom. Ce troisième film ne déçoit pas, bien au contraire. C'est au polar sociétal et mafieux que JC s'attaque ici, et il nous livre un film à mi-chemin entre ce qu'aurait fait Scorsese et James Gray. Tout se passe dans le New York des années 80, avant le grand nettoyage de la ville par Rudy Giuliani, quand de nombreux quartiers étaient infréquentables et où la loi peinait à se faire appliquer. L'ambiance du film est absolument dingue de réalisme. On se croirait vraiment à cette époque, dans la grosse pomme, et la mise en scène ainsi que les décors sont totalement immersifs. J'en viens à l'histoire, qui se concentre sur un homme d'affaire joué par Oscar Isaac, à la tête d'une compagnie de livraison pétrolière. D'un côté, il doit gérer l'achat d'un emplacement qui lui permettrait de se développer de telle façon qu'il serait un grand industriel incontournable de la ville et de l'autre, il doit gérer les nombreux tracas du quotidien, causés par des jaloux concurrents ou juste des personnes dans le besoin qui ont choisi la voix de l’illégalité pour parvenir à leur fin. Les acteurs sont phénoménaux, que ça soit Isaac ou Jessica Chastain, qui est je pense la meilleure actrice au monde. Cet homme d'affaire va être attaqué de toute part, que ce soit directement, ou par des choix de vie ou des valeurs qui diffèrent des siennes, et à chaque fois il gardera son intégrité. Toute la ville semble être pourrie, et ses proches eux-mêmes ne sont pas nets, mais sa volonté de réussir sans tricher surpasse tout. C'est beau, c'est immersif et c'est poignant. Chandor est, assurément un très grand réalisateur qu'il faudra suivre dans ce siècle qui commence.

MA NOTE : 3/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=221729.html



Numéro 7 : The Raid 2


Ce film fait suite à un premier opus sorti en 2012 que je n'ai pas vu, mais qui avait remporté à l'époque un franc succès à travers le monde. Je pense qu'il est intéressant de se pencher sur la genèse de ces deux films. Gareth Evans, illustre inconnu à l'époque, a rencontré Iko Uwais en Europe lorsque ce dernier, meilleur représentant de son art martial, fit une tournée pour faire découvrir le pencak silat. C'est à partir de cette rencontre que le cinéaste encore novice a décidé d'écrire un scénario autour du jeune sportif. Pour en revenir à ce second film, il peut tout à fait se regarder sans avoir vu le premier. La trame de l'histoire est classique ; le héros, Rama,  est un flic qui va devoir infiltrer la mafia locale pour dénicher tous les flics véreux de la ville et faire tomber les gros poissons. Rama passe d'abord par la case prison, où il se rapprochera du fils de la mafia, puis deviendra son bras droit à leur sortie. Certes, l'histoire est simple et classique, mais l'intérêt se situe ailleurs. Je pèse mes mots quand je dis que je n'ai jamais vu de combats aussi réalistes, violents et beaux. Toutes les scènes sont absolument spectaculaires, que ce soit la gestuelle même des combats, l’utilisation des décors (avec un combat dans la boue qui jonche la cour de la prison) ou encore l'utilisation d'accessoires (combats avec un manche à balais, une batte de baseball ou des piolets). La mise en scène épouse parfaitement ces combats, et les couleurs et textures sont là pour nous montrer la richesse et la diversité  des paysages urbains de l'Asie du Sud Est. Le film dure 2h30 et à aucun moment je ne me suis ennuyé, tant ce qui nous est présenté relève du grand spectacle. La scène finale est la plus belle scène de combat qui m'ait été donnée de voir et a définitivement acté mon enthousiasme pour ce film. Dépaysant, beau, spectaculaire, authentique, ce film est une véritable pépite de cette année 2014.

MA NOTE : 3/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=205295.html



Numéro 6 : Gone Girl


Pour les passionnés de cinéma, Noir Amer y compris, chaque nouveau film de David Fincher est un évènement immanquable. Pour l'immense majorité des spectateurs qui n'ont pas lu le livre dont Gone Girl est adapté, ce film est arrivé en comprenant une grande part de mystère, ne dévoilant pas le contenu de son scénario ni ses enjeux. La surprise, ainsi que le plaisir, demeurent ainsi entiers lors de la découverte du film. Gone Girl dure un peu moins de 2h30, et est en fait divisé en trois tiers d'à peu près 45 minutes chacun. Dans le premier, Fincher pose les bases de ce qui semble être un polar classique et fluide, parfaitement réalisé avec une image somptueuse (premier film jamais filmé en 6K !) dans les tons automnaux que le réalisateur affectionne tant. Ben Affleck, parfait en beau-gosse quadragénaire désabusé et un peu bête, porte le chapeau du meurtre de sa femme, disparue, qui nous dépeint une situation tendue où elle serait sujette aux violences quotidiennes de son mari, par le biais de son journal intime lu en voix off par elle-même. Alors que l'on est convaincu que le film va se dérouler tranquillement de cette façon jusqu'à la fin, l'intrigue change complètement d'angle et nous fait sortir du mécanisme mis en place par notre cerveau pour nous éveiller. Tout à coup, nous nous mettons à la place d'un Ben Affleck manipulé et victime d'un jeu malsain, que tout le monde voit coupable à tort. Rosamund Pike se transforme alors en architecte diabolique d'un plan qui fait froid dans le dos. L'actrice nous offre au passage une prestation de très haute volée. Un des aspects passionnants du film est la façon dont il nous montre le fonctionnement du système judiciaire américain. Affleck fait appel à l'avocat le plus stylé de l'histoire du cinéma pour le sortir de ce mauvais pas, et nous offre au passage une leçon de communication pour s'attirer l'empathie du peuple. Et, une fois de plus, alors que le film commence à trouver son équilibre et sa logique dans cette dynamique, le scénario se risque une nouvelle fois à chambouler tout ce que nous pensons être acquis et nous offre l'inattendu : une rencontre entre les deux personnages principaux, que l'on croyait impossible, sous forme de réconciliation hallucinatoire. Le dénouement final est plein de surprise, et ces changements permanents nous obligent à rester attentifs et plongés dans l'histoire à tout moment. Il s'agit là d'un tour de passe totalement réussi et fort habile du maître du thriller. Encore une nouvelle pépite au palmarès de Fincher, assurément dans les meilleurs films de l'année.

MA NOTE : 3/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=217882.html 




Numéro 5 : Les Gardiens de la Galaxie



A l'instar de toutes les grosses franchises de la maison de production, voici un Marvel qui est arrivé sans trop faire de bruit, et qui donc n'était attendu que par les puristes et autres geeks fans du genre. A la croisée des chemins entre les cultissimes Star Wars et Star Trek, le film réunit une bande de anti-héros amenés à s'allier pour différentes raisons, qui finalement vont sauver l'univers. L'humour d'excellente qualité et omniprésent nous rappelle la première saga alors que la vision géopolitique et la finesse dans la description des différents mondes nous rappelle la seconde. Ce sont donc 5 individus, chacun d'une espèce différente, qui vont se réunir et affronter les différentes étapes du film ensemble. C'est Chris Pratt, jusque là cantonné à des seconds rôles et assez discret, qui se voit attribuer le rôle du leader humain, et qui l'incarne à merveille, sachant alterner l'humour, la provocation, le swag et la bogossitude, un peu comme Harrisson Ford le faisait il y a 40 ans. Incontestablement, un des points forts du film est sa bande originale, qui vous fait vivre l'aventure en rythme et vous met dans une ambiance bon-enfant dès les premières minutes. Ce mélange entre la pop dans les oreilles et l'action spatiale à l'écran est de fort bon goût et marche du tonnerre. Les effets visuels sont excellents et l'histoire ne souffre à peine que d'un petit moment de longueur qui ne gâche en rien la qualité du film, réussit de bout en bout. C'est LA belle surprise de l'été, alors que l'on attendait rien de cette énième superproduction, un peu comme Pacific Rim l'était en 2013. La vision qu'a ce film de la galaxie est fraiche et intéressante, et le film ringardise en ce sens les deux principales sagas dont il est inspiré car il est certainement plus réaliste dans la façon dont il aborde la personalité des personnages et les motivations de chacun, ainsi que la façon dont l'univers interagit. Le film donne une patate folle, et vous sortirez de la salle avec de belles chansons en tête et pas mal d'entrain ! A voir absolument !

MA NOTE : 3/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=196604.html



Numéro 4 : Night Call


Ce film est avant tout le fruit de la performance exceptionnelle de Jake Gyllenhaal, qui a d'ailleurs perdu beaucoup de poids pour camper son rôle. Après avoir assisté à un accident meurtrier sur l'autoroute, il aperçoit une équipe de cameramen qui filme intégralement l'intervention d'une ambulance, avec extraction du corps ensanglanté du véhicule et mise sous respirateur artificiel en gros plan.On perçoit aussitôt l'excitation et l'attrait qu'il a pour cette activité dans laquelle il va s'empresser d'investir. La recherche du scoop, de l'exclusivité, passe alors par une course effrénée contre la montre et des entorses tant aux règles qu'à l'éthique. Un homme qui n'a pas ce respect fait naturellement voler en éclat des barrières invisibles, ce qui lui permet d'accéder rapidement à une place de choix dans les fournisseurs de chaines de télé locales de Los Angeles. La ville a d'ailleurs rarement été aussi bien filmée et rendue à l'écran. Tentaculaire, immense, sombre, désincarnée, vide de code moral, et où tout peut arriver, dans le culte de l'instantané, où ce qui arrivé il y a 1 heure est déjà périmé. Le film nous amène à nous demander jusqu'où nous serions prêts à aller pour passer de l'ombre à la lumière, pour connaître le succès et l’accomplissement de soi. L'ambiance du film est formidable et vous enveloppe pour une durée qui dépasse allègrement le générique de fin. A voir absolument. Pour tous les commerciaux, et ceux qui ont l'occasion de le faire dans leur vie privée, vous assisterez là à plusieurs leçons de négociation.

MA NOTE : 3/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=222858.html



Numéro 3 : Mommy


Si Xavier Dolan était français, son compte en banque serait assurément au LCL. Pendant longtemps, "Plus, plus, un p'tit peu plus" était tout à fait applicable à ces films, remarquables tant par leurs élans inventifs que par le côté pénible de la célèbre maxime "le trop est l'ennemi du bien". A 25 ans, Mommy est son cinquième long métrage, ce qui relève de l'exploit et mérite d'être souligné. Le dernier sorti en salle, Tom à la Ferme, avait surpris par la sobriété de sa mise en scène mais compensait avec la lourdeur du scénario. Mommy, de son côté, a connu un accueil dithyrambique de la presse spécialisée et a longtemps été le favori de la dernière Palme d'Or, pour finalement repartir avec le Prix du Jury. L'histoire se concentre autour d'un adolescent hyper-actif sujet aux pulsions violentes, qui retourne vivre chez sa mère après un séjour en centre de détention pour jeunes. Aucune trace du père, les deux protagonistes sont seuls, à l'étroit dans leur vie et sans aucune marge de manœuvre, manquant de moyens et de ressources pour changer de vie. Le cadre en 1/1 souligne bien cette carence de liberté et ce sentiment d'étouffement des personnages. Un vent de fraicheur arrivera par le biais de la sublime Suzanne Clément, qui joue à mon avis le rôle le plus intéressant du film, celui de la voisine tue dans son mutisme, que l'on sent porter un fardeau dont elle refuse de parler, et qui garde sa dignité et sa droiture en toute circonstance. Ce film est avant tout la réussite de ses acteurs, dont les performances sont phénoménales. Ce sont eux qui portent l'histoire, et non l'inverse. On a vraiment l'impression de voir un documentaire tant le réalisme est prégnant. Il y a une vraie force qui anime ce film, un sentiment de malêtre propre à notre société. Mommy est assurément le meilleur film de Dolan, le plus abouti, et j'espère qu'il présage une suite de carrière sur cette lancée.

MA NOTE : 3/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=223002.html



Numéro 2 : Her



Spike Jonze est un type original peu conventionnel qui fait toujours dans l'inattendu. Son premier film, Dans la Peau de John Malkovich, montrait déjà l’étendue de son imagination et les qualités cinématographiques qu'il allait pouvoir afficher dans toute sa carrière. Quinze ans après, l'homme n'a réalisé qu'une poignée de longs-métrages, et Her a beau avoir une histoire a priori farfelue, il s'agit sans doute du film le plus réaliste du bonhomme. Cinq ans après son dernier film, Max et les Maximonstres, Jonze se penche sur un mal universel et presque intemporel : la solitude. Filmé de brillante manière, avec des tons pastel faisant ressortir tous les sentiments à l'écran, le film pose la question existentialiste de ce qui fait que l'amour existe. A l'heure où nous assouvissons nos désirs physiques, sexuels, parfois sous forme de pulsions, sans perdre de temps dans les sentiments, voici un film qui prétend que l'inverse peut aussi exister. L'amour sans désir ; du moins sans attirance visuelle, car le désir naitra au fur et à mesure de la relation. La relation, justement, est originale, puisque le personnage principal tombe amoureux de son nouvel OS ; son ordinateur, pour faire simple. Prenant place dans un futur très proche, l'OS en question peut le suivre n'importe où grâce à une sorte de smartphone et communique avec lui par le biais d'une oreillette qu'il porte en permanence. Le film traite d'ailleurs l'amour homme-machine sans jamais poser de préjugé. Les personnes que Theodore, notre "héros", côtoie, prennent sa relation avec son OS comme les progressistes au milieu du 20ème siècle approuvaient les relations entre un blanc et une noire. Joaquin Phoenix est comme à l'habitude éblouissant dans ce rôle où il doit combler visuellement l'écran pour deux personnes, mais Scarlett Johansson est également très bonne dans la façon dont elle pose sa voix. Le film donne énormément à réfléchir sur ce qu fait l'amour, ce qui l'anime, ce qui permet son existence et ce qui le menace, à l'image de l'exclusivité, si chère à nos yeux et pourtant pas si évidente que ça si l'on s'y penche un temps soit peu. En sortant de la salle, vous penserez à tout ça. A vos relations passées. A votre relation présente. Et à celles à venir. Vous vous demanderez ce qui compte vraiment. Her est ce genre de film, qui prend aux tripes par sa puissance et son intelligence. Un des tout meilleurs films de 2014.

MA NOTE : 3/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=206799.html



Meilleur film de 2014 : Whiplash


"Engagement. Persévérance. Ténacité". Ces trois mots d'ordre qui me sont répétés en boucle par mon chef, au brief du mardi matin, est ici à la base du film, qui va encore plus loin. Ici, le personnage principal, Andrew Neyman, est poussé à bout, et même au-delà, au dépassement de soi, par son professeur de jazz et mentor Terence Fletcher. Très rapidement, le professeur se révèle tyrannique en instaurant un climat de souffrance nécessaire, selon lui, à l'accès à une étape supérieure. On est ici dans la recherche permanente de la perfection, du génie. Les puristes de l'univers de la musique qui ont critiqué le film en remettant en cause son authenticité n'ont rien compris et sont certainement un peu simples d'esprit. Il ne s'agit pas là d'un film sur la musique, mais d'un affrontement, d'un film initiatique, d'une sorte de western moderne. Damien Chazelle, le jeune réalisateur, a lui-même dit avoir fait dans Whiplash un film de guerre. La réussite est totale dans ce film, merveilleusement interprété, avec un J.K. Simmons excellent en professeur malsain et à la limite de la légalité, qui renvoie à son mythique rôle de nazi de la superbe série Oz. La réalisation aussi est magistrale, nous offrant un face à face entre un mentor et son apprenti, un prof et son élève. Et puis, lorsque l'un pense jouer un tour à l'autre, c'est l'attrapeur attrapé, et finalement un happy-ending réjouissif pour les trois parties : les deux personnages principaux et le spectateur. Voilà un film marquant et qui ne nous laisse pas souffler tout du long, nous mettant dans une atmosphère studieuse et rigoureuse totalement dépaysante et enveloppante, filmée avec beaucoup de talent. A voir absolument !

MA NOTE : 3/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=225953.html

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