"There's a storm coming Mister Wayne". La bande annonce était quasiment
muette, et cette phrase nous faisait lécher nos babines d'envie et
d'impatience. Ces quelques minutes projetées dès fin 2011 nous
laissaient percevoir une mise en scène léchée dans laquelle on
apercevait les futurs personnages principaux dont Selina Kyle, aka
Catwoman, auteur de cette phrase. L'attente promettait d’être
interminable, et elle était rendue encore plus forte par l'attribution
du titre de meilleure bande annonce de 2011 au dernier volet de la
trilogie. Christopher Nolan est un des cinq "génies" quadragénaires de
la réalisation américaine. Avec Batman Begins, il avait lancé la
trilogie dans une sorte d'atmosphere mystique mais ancrée dans le réel, rompant complètement avec
la vision de Tim Burton. Le second volet, le chef d’œuvre The Dark
Knight, magnifié par la prestation époustouflante de Heath Ledger, nous
offrait une vision ultra réaliste et noire de la société occidentale actuelle
plongée dans l'individualisme, ce que le Joker tentait de faire imploser
par des moyens plus vicieux les uns que les autres. Il était donc
normal que les attentes des spectateurs soient dès lors très haut
placées. Le début de ce troisième volet nous place immédiatement dans la
continuité du précédent, avec les funérailles d'Harvey Dent, dont le
grand public ne connait que le bon coté. L'inspecteur Gordon, joué par
un très juste Gary Oldman, est un des plus intéressants et mieux réussis
de cet opus, tiraillé entre la volonté de dire qui était vraiment celui
qui était devenu Double-Face afin d'avouer son crime et le respect du défunt et de toute son œuvre positive. L'élément déclencheur du film est
initié par Selina Kyle, la femme chat, qui est le personnage que l'on
retiendra de ce film. Et c'est avec une surprise de taille que j'ai
découvert une Anne Hataway qui crève l'écran et excelle dans ce rôle qui
lui va comme un gant. Chacune de ses apparitions nous électrifie, et
son personnage est sans cesse pris dans la balance entre intérêt
personnel et culpabilité. C'est elle qui a le profil psychologique le
plus creusé et le plus intéressant du film. Ses actes serviront donc l’intérêt de Bane dans un premier temps. Le gros balourd, nouvel ennemi
de Batman, est interprété par le toujours très bon Tom Hardy, habitué des rôles de balèzes après Bronson et Warrior. On peut toutefois regretter
ne pas voir sa montée en puissance être mise en place progressivement,
le personnage nous étant livré un peu brutalement. Au final, il
disparait comme il est apparu, et l'on aurait peut-être aimé une ou deux scène d'anthologie où Hardy aurait vraiment pu exprimer tout son
talent, à l'instar du Joker. Marion Cotillard n'apporte que très peu au
film, et son personnage était je pense dispensable. C'est le vrai point
négatif du film. Bruce Wayne, lui, est incarné par Christian Bale, sans
cesse meilleur dans ce rôle. Exténué, vivant reclus de la société, il ne
tient debout que grâce à une canne et n'a plus aucune raison de vivre.
Le temps du Batman infaillible semble à des années lumières. J'ai
beaucoup apprécié l'auto-dérision dont il fait preuve, notamment avec
Alfred au début du film. La page chauve-souris est définitivement tournée dans
sa tête, et son corps est celui d'un vieillard. Ce n'est qu’après l'acte déclencheur de Catwoman qu'il va, après être supplié par Gordon et le
futur Robin, consentir à revêtir son habit de cuir, non sans effort. Le mal est donc
incarné une fois de plus par les pensionnaires de la secte de Al Ghul,
méchant du premier opus. On peut d'ailleurs regretter que le film soit
davantage la suite du premier volet que du second. L'enjeu est la mise à l’épreuve de la croyance des hommes de pouvoir (quel qu'il soit) dans
le bien-fondé de leur action, dans l’intérêt de conserver la société
telle qu'elle est et de se battre pour elle. En parlant de se battre,
les combats paraissent un peu pénibles pour les acteurs, notamment ceux
de Batman. Certes, il est censé ne plus avoir la même forme qu'avant,
mais il est quand même super rigide... Tout cela n'est pas aussi
explosif et noir que The Dark Knight, mais ça fonctionne tout de même très bien, entre autres grâce à une mise en scène parfaite et sobre de
Nolan, qui éclipse d'un revers de main tous les films Marvel possibles
et imaginables (seul Spiderman 2 pourrait éventuellement penser à
rivaliser ?). La fin nous donne une ouverture que l'on attendait grosse
comme une maison, aussi suis-je surpris du buzz qui enfle à son propos
sur le net. Sans doute est-ce parce que les gens n'ont pas encore vu le
film. Pour finir, je dirai que ce chapitre final est le plus long de la
trilogie (2H45) et que pourtant, à aucun moment je ne me suis ennuyé.
Bravo donc, et continuez à nous émerveiller monsieur Nolan !
MA NOTE : 3/4
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=132874.html
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