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jeudi 11 juin 2020

Loving

Moins d'un an après l'excellent Midnight Special, Jeff Nichols revient avec un film bien différent de ce qu'il avait fait jusqu'alors, puisqu'il s'agit pour la première fois d'un biopic tourné autour d'un couple mixte en pleine ségrégation aux Etats-Unis. Le sujet est casse-gueule puisque propice à tous les excès de violence, de sentimentalisme ou de patho, or le talent de Nichols est tel qu'il évite ces pièges en nous offrant une oeuvre magistrale centrée sur la relation de couple, pièce centrale dont l'amour constitue le ciment. Les Loving essuient tellement de tirs, vivent tellement d'injustices, portées à un niveau institutionnel, qu'ils auraient facilement pu baisser les bras, or il n'en est rien. Les plans ainsi que les dialogues sont fins, nous laissant doucement prendre la mesure de la situation. Il s'agit bien là d'un des meilleurs réalisateurs en activité. C'est fort, c'est beau, c'est juste et c'est historique. C'est donc à voir.

MA NOTE : 3/4



dimanche 7 juin 2020

Docteur ?

Voilà la comédie de Noël franchouillarde pour toute la famille. En tête d'affiche, Michel Blanc en docteur itinérant SOS-médecins, alcoolique et dépressif suite au décès de son fils. Sa rencontre avec un livreur Uber-Eats le soir de Noël, liée à un accident l'empêchant de se mouvoir correctement est l'étincelle qui permet la naissance de l'histoire. Hakim Jemili, qui joue le livreur, apporte un vent de fraîcheur qui fait vraiment du bien, très juste entre l'empathie, l'humour, la crainte que quelqu'un découvre la supercherie. Car les deux protagonistes se mettent rapidement d'accord pour que le docteur devenu infirme reste dans sa voiture pendant que le livreur assure les tournées de livraisons de restaurants ainsi que les rendez-vous SOS médecin, en liaison permanente par téléphone, le second recevant dans son oreillette les conseils en temps réel du premier. On rit vraiment en se prenant au jeu, avec un running-gag autour d'un client/patient bien trouvé, mais le stratagème devient vite répétitif. On s'attend à ce qu'il y ait à un moment donné un problème de réception téléphonique qui romprait la communication entre les deux compères, ou à ce qu'un patient qui connaisse le médecin se rende compte que ce n'est pas lui qui fait la tournée, ce qui aurait donné un peu de piment au film, mais il n'en est rien, et c'est certainement dommage, puisque le long-métrage se déroule sans aspérité du début à la fin, d'un ton monocorde. Bonus : une excellente bande originale avec une chanson qui donne la pêche et vous restera dans la tête un bon moment.

MA NOTE : 2/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=271088.html

Dragons 3 : Le Monde Caché

Voici le troisième et dernier volet de la trilogie initiée en 2010 avec l'initiation, et poursuivie en 2014 avec la récolte des fruits de leurs efforts par les personnages dans une phase d'adolescence. Ce dernier film est celui de l'émancipation, où les personnages, tels des amis inséparables pendant leur scolarité, prennent chacun des chemins différents une fois leur diplôme en poche pour fonder une famille et trouver un travail, chacun dans sa ville. Il ne s'oublieront pas, s'aimeront toujours, mais auront des échanges limités, voire inexistants après un certain temps. Le film a cette touche de nostalgie, ce côté poétique appuyée par des images éblouissantes de beauté. Le scénario est de meilleure qualité que celui du précédent opus, sans aucune fausse note, et au déroulé bien ficelé qui nous fait passer par toutes les couleurs de l'arc en ciel des émotions. Le point fort qui a fait de cette trilogie une réussite totale est d'avoir toujours le même réalisateur aux manettes, Dean Deblois, ce qui permet une régularité et une évolution sensée de l'histoire commencée il y a dix ans.

MA NOTE : 3/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=222451.html

Alita : Battle Angel

Voilà un film futuriste très intéressant et dont la genèse a été assez chaotique. Après moult rebondissements, c'est finalement le talentueux Robert Rodriguez qui prend les rennes en tant que réalisateur. Lui qui plutôt un habitué des films d'action parodiques de séries Z à prendre au second degré, avec du grain sur la pellicule et du sang qui gicle à gogo, le voilà sur un projet tout public très propre visuellement. Les effets visuels fonctionnent bien, et le début du film parvient à nous emporter, même s'il y a des longueurs, en témoigne la pseudo amourette d'Alita. Le film souffre en revanche d'une certaine hétérogénéité dans la succession des scènes qui posent parfois problème, ne faisant pas toujours sens, et qui rendent un aspect global assez confus une fois le visionnage terminé. On a l'impression qu'on ne sait pas où on veut nous emmener, et que même les producteurs sont perdus dans leur film. Il a certainement dû y avoir débat parmi la production et les compromis trouvés nuisent à l'intégrité du film. Autre problème : à l'instar d'un film comme A la Poursuite de Demain, qui se terminait pas une séquence appelant une suite, Alita se termine au beau milieu d'une offensive vers les tout puissants oppresseurs. Problème : il est fort possible qu'on ne voit jamais la suite de ces deux films pourtant pas dépourvus d'intérêt, puisque personne ne veut plus en prendre les rennes, et que la Fox qui avait commandé le film initialement a depuis été rachetée par Disney, qui n'a pas les mêmes attentes.

MA NOTE : 2/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=61280.html

La Mule

Entre deux films sur des attentats, Clint nous sort une petite histoire attendrissante d'un grand-père fauché passionné par l'horticulture qui, pour sauver sa maison et sa famille qui lui a en grand partie tourné le dos, finit par accepter une solution de facilité qui consiste à transporter de la drogue à travers les Etats-Unis et même le Mexique pour un cartel. Le film est sympathique, et papy Clint nous fait sourire de temps en temps comme il sait le faire, entre provocations et blagues potaches. Ce qui me gène un peu, c'est le côté sous-jacent pro républicain, à la limite du prosélytisme politique. Son personnage s'évertue tout du long à afficher un savoir-être du républicain modèle, qui ouvre sa gueule pour lutter contre ce qu'il considère injuste et qui touche à ses valeurs, qui est un peu raciste parce qu'il traite différemment les personnes de couleurs mais sait être bon avec eux, et ne voit pas le problème dans le fait que son bar préféré ne puisse être sauvé que par un don de millionnaire, puisque les assurances sont hors de prix et peu couvrantes dans les Etats-Unis. Bref je vois davantage d'éléments dans le sous-texte que dans l'intrigue principale en regardant ce film, même s'il se regarde facilement non sans plaisir. Je trouve la fin bâclée en revanche, arrivant assez brutalement avec une conclusion qui tombe d'un coup.

MA NOTE : 2/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=262272.html

jeudi 4 juin 2020

A Couteaux Tirés

Je dois admettre que je n'attendais rien de ce film et n'y suis allé que lorsque j'ai vu les critiques positives se succéder à son sujet. Et j'ai été pris dès les premières minutes. Tout est réussi dans ce film : l'ambiance à la Cluedo dans un manoir, l'assassinat au sein d'une famille noble de la figure patriarcale, des membres désunis, tous plus allumés les uns que les autres, des inspecteurs charismatiques qui n'ont pas leur langue dans leur poche, et un scénario hyper travaillé qui ne cesse de surprendre. Certains diront que le film n'invente rien et ils auront raison, Agatha Christie faisait déjà tout ça il y a des dizaines d'années, mais le plaisir que procure ce film avec tous ses retournements de situation a été immense en ce qui me concerne. On progresse à tâtons dans l'enquête, et le dernier quart d'heure est assez jouissif. C'est la pépite de fin d'année 2019.

MA NOTE : 3/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=267546.html

Vice

Adam McKay a un parcours atypique et assez intéressant. Il vient effectivement du monde de la comédie, lui qui a dirigé à de nombreuses reprises les acteurs connus pour leurs rôles comiques tels que Will Ferrell, Danny McBride, John C.Reilly ou encore Steve Carell. Et puis, il a tenu à mêler son savoir-faire en terme d'humour à de l'information, en traitant dans The Big Short la crise financière des Subprimes de 2008 comme jamais auparavant, avec un résultant aussi bluffant que brillant. Vice est construit sur le même modèle, et reconstitue cette fois-ci la carrière politique de Dick Cheney, qui sera vice-président des Etats-unis pendant huit ans sous la présidence de George W. Bush. Le film nous apprend que Cheney, interpété par Christian Bale toujours incroyablement talentueux, est le vice président qui a eu le plus de pouvoir dans l'histoire américaine, et que c'est lui qui tenait les rennes du pays, discrètement, à l'ombre de Bush. C'est très documenté, le montage est très énergétique, peut-être trop parfois, donnant au film des airs de mauvais publicités par moment. Cependant, le fond l'emporte clairement sur la forme dans ce film, et le jeu des acteurs ainsi que les révélations faites compensent cet aspect dérangeant de la réalisation. Le running-gag autour des attaques cardiaques de Cheney et les conversations avec Bush, notamment celle qui précède l'élection, sont des plus savoureux. C'est un film qu'il faut voir, et Adam McKay est en train de prendre la place de Michael Moore, dans un style différent et plus cinématographique.*

MA NOTE : 3/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=251903.html

Toy Story 4

Il aura fallu neuf longues années pour que la bande de jouets qui s'est réunie à l'écran pour la première fois en 1996 trouve une suite au troisième volet, qui s'était terminé sur des chaudes larmes. Je ne ais pas détailler les personnages ou l'atmosphère du film que tout le monde connaît mais énumérer deux points intéressants que traite ce film. Le premier est l'utilisation d'un objet pour d'autre chose que ce pour quoi il a été conçu. "Fourchette", nouveau personnage du film, est un jouet par fonction, contrairement à tous les autres qui ont été conçu pour être des jouets, et qui le sont donc par destination. C'est un thème philosophique intéressant qui se projette très bien sur le plan humain "untel est arrivé à accomplir telle tâche alors qu'il n'était clairement pas destiné à faire ça". Le second est notre besoin viscéral de s'accomplir socialement. La nouvelle méchante du film n'est en fait pas si méchante que ça. C'est une accidentée de la vie qui ne cherche qu'à trouver l'âme sœur. Il est toujours plus intéressant d'avoir un méchant avec des motivations nobles. Ça le rend plus complexe, plus humain, plus crédible. Ce film soulève donc des problématiques auxquelles il est intéressant de réfléchir, avec toujours des pointes d'humour et une qualité d'animation à la pointe. En revanche, je reproche au film quelques longueurs et un manque de suspense. On sait très bien où on va et il n'y a guère de surprise, même en ce qui concerne l'acte de bravoure de Woody et des siens pour permettre à la "méchante" poupée d'accéder enfin au bonheur.

MA NOTE : 2/4

Ad Astra

Je l'ai dit et répété, je considère James Gray comme l'un des meilleurs réalisateurs au monde. Il est monté en puissance sur ses premiers films jusqu'à Two Lovers, son chef d'oeuvre qui est à mon avis le meilleur de ses films. The Immigrant était plus austère et à mon avis moins réussi, mais j'avais adoré The Lost City of Z, qui était le fruit de son projet le plus ancien, qu'il avait eu tant de mal à financer et qui avait failli ne jamais voir le jour. C'est grâce à Brad Pitt que le projet avait pu se faire, lui qui avait financé une partie importante du film en tant que producteur du film. Hélas, il n'avait pu jouer dedans, étant engagé dans d'autres projets concomitants. Ce n'était que partie remise, assurait-il. Deux ans plus tard, bingo, avec le premier film spatial tant pour le réalisateur que pour l'acteur. Réunir ce qui se fait de mieux devant et derrière la caméra avait quelque chose d'assez jouissif pour les cinéphiles, et je n'ai pas été déçu. Gray a un talent certain pour créer une atmosphère pesante dans ces films. Pourquoi ? Parce les enjeux sont toujours à l'échelle humaine. Ici, ce qui importe n'est pas de savoir si Brad Pitt va sauver l'humanité, mais s'il va retrouver son père, qu'il connaît davantage de la bouche des autres que de ses propres souvenirs. Cette absence de repères, cette identité faussée, altérée par le regard des autres, est un handicap qui ressort comme une force aux yeux des recruteurs qui voient en lui un être infaillible dénué d'émotions, dont le rythme cardiaque ne s'emballe jamais. La mission toute particulière d'aller chercher son père aux confins de l'univers connu allie à la fois les difficultés techniques mais aussi ce supplément d'âme lié à la relation quasi inexistante entre un père et son fils. Le film nous offre quelques séquences splendides, comme une course poursuite lunaire mémorable, et des plans hyper travaillés avec une qualité photo très soignée. Le film reste longtemps en tête ; on y revient dans des moments de calme, et il fait son travail quelques jours après l'avoir vu.

MA NOTE : 3/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=247520.html

Avengers : Endgame

Voici la suite directe d'Infinity War dans la frise chronologique, puisque Captain Marvel était une sorte de parenthèse qui se passait dans le passé. La moitié des êtres vivants de l'univers a disparu, et les survivants ont du mal à accepter ce coup du sort. Petit à petit, la vie reprend son cours, mais elle n'a plus le même goût pour beaucoup de monde, à commencer par les survivants des Avengers, qui ont retrouvé Thanos au fin fond de la galaxie et l'ont tué sans aucune difficulté, sans que ça ne soulage ni résolve quoi que ce soit. Ils essaient tous de tourner la page de manière différente, avec pour l'un d'entre eux un coup d'éclat inattendu dans l'humour, fil rouge tout au long du film et trouvaille géniale. Par un stratagème alambiqué, ils parviendront à voyager dans le temps et à nous ramener dans un grand nombre de films qui ont fait le succès du MCU. Toute cette partie là est assez jouissive, il faut bien le reconnaître. Le fait qu'il y ait moins de personnages donne aussi plus de visibilité à chacun d'entre eux, ce qu'on pouvait reprocher au premier. En plus, les scénaristes n'ont pas forcément choisi les personnages du devant de la scène du MCU, du moins pas tous. Certes, les deux têtes d'affiches que sont Iron Man et Captain America sont évidement de la partie, eux qui sont les deux historiques Avengers, mais StarLord, Spiderman ou Docteur Strange, eux, en sont absent. On peut reprocher au film un problème de rythme et une hétérogénéité entre chaque partie. Si les retours dans les films précédents constituent indéniablement la meilleurs d'entre elles, le début du film tarde, avec des scènes à mon avis inutiles, notamment celles impliquant Clint qui passe son temps en tuant des mafieux. La fin du film, elle, ne sert qu'à nous emmener aux toutes dernières séquences tire-larmes, même si la nostalgie d'une époque nous prend aux tripes.

MA NOTE : 2/4

Captain Marvel

Ce film a été très critiqué à sa sortie, que ça soit par les fans historiques de comics, de l'univers cinéma Marvel ou par les journalistes, et je ne comprends pas pourquoi. Nous assistons ici à la naissance à l’écran d'un nouveau personnage dans la galaxie Marvel Cinematic Universe (MCU). Je pourrais comparer ce film à Black Panther, par exemple, qui m'avait beaucoup déçu quelques mois auparavant, alors qu'il a été plébiscité par nombre de spectateurs. Je mets au crédit de Captain Marvel la découverte du personnage principal, là où nous connaissions déjà T'Challa dans Black Panther, puisqu'il apparaissait dans Civil War. Aussi, c'est Brie Larson qui a le rôle de la super-héroïne, elle que j'affectionne particulièrement et qui avait été auréolée de l'Oscar de la meilleure actrice en 2016 pour Room. Là encore, Chadwick Boseman n'arrive pas à sa cheville et peinait à remplir le costume, alors que l'actrice pétillante parvient à dynamiser l'action. Aussi, le film fait la transition entre la fin d'Infinity War et le début d'Endgame, répondant à l’interrogation que suscitait la scène post-générique où Nick Fury envoyait un message d'aide à un mystérieux destinataire.

MA NOTE : 2/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=141110.html


Les Misérables

Quatre Césars pour ce film inattendu au moment de sa sortie, une nomination aux Oscars, aux Golden Globes, et un très beau parcours en salles pour ce film plébiscité par la critique. Le film suit la Brigade Anti-Criminalité de Montfermeil en Seine Saint Denis (93) pendant un peu plus de 24h. Le stratagème utilisé est connu : il s'agit de suivre les événements par le spectre de Stéphane, nouveau venu qui vit sa première journée dans l'équipe, ce qui nous permet de découvrir l'environnement par ses yeux en nous identifiant à lui naturellement. On s'aperçoit, sans que ça soit une découverte, que les officiers sont obligés de dépasser leur fonction pour réussir leur mission, ce qui peut mener à des excès plus ou moins graves. Une cascade d'événements débouchera sur une bavure, qui elle-même créera un scandale dans la priorisation des tâches (la santé des citoyens versus l'intégrité de l'insigne). Le film est tendu de bout en bout, rythmé, et ne prend partie ni pour les uns, ni pour les autres. La meilleure preuve est que les habitants des cités ont accusé Ladj Ly, le réalisateur, d'avoir fait un film pro-flics, tandis que des policiers ont dénoncés un film anti-flics attisant la haine envers eux. Comme on dit dans ces cas là, tant que les deux parties se plaignent, c'est que le film doit être assez juste. Le film prend encore plus d'ampleur à la lumière des manifestations mondiales pour protester contre les violences policières.

MA NOTE : 3/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=273579.html