MA NOTE : 3/4
mercredi 6 juin 2012
De Rouille et d'Os
Un nouveau film de Jacques Audiard, c'est toujours un évènement. Un film
en compétition à Cannes pressenti pour remporter la palme d'or, c'est
toujours excitant. Alors quand on rassemble ces deux critères, on est en
droit de s'attendre à un chef d’œuvre. Depuis Sur mes lèvres, chacun
des ses films était meilleur que le précédent, et Un Prophète touchait
selon moi déjà l'excellence. Vous l'aurez compris, c'est donc l'eau à la
bouche que je me suis installé dans la salle obscure. Le film commence,
et déjà, Matthias Schoenaerts éblouit par son charisme, sa force
naturelle, son jeu, sa présence. Pendant deux heures, le film repose, au
sens propre comme au sens figuré, sur ses larges épaules. En deux longs métrages, cet acteur s'est imposé comme un très grand, et il faudra
sans hésiter compter sur lui à l'avenir. Le mélange de bestialité, d’icône sexuelle et d'homme perturbé et paumé fonctionne à merveille et
nous transporte dans la vie du personnage principal, imparfait et fascinant. Vient se greffer dessus une Marion Cotillard au meilleur de sa
forme (au niveau du jeu), avec un personnage qui pimente le récit de
notre baroudeur. On apprécie de passer vite fait sur son accident,
puisque ce qui importe est ce qu'il en résulte et non la façon dont ça
s'est passé. Toute la première moitié du film est passionnante, jusqu’à
ce que nos deux cascadeurs couchent ensemble (scène remarquable par
ailleurs). Après ça, le film plonge dans un méli-mélo d'histoires
secondaires et semble ne pas savoir où s'attarder et quoi traiter : les
conditions de travail des petites gens par l’intermédiaire de la sœur
trahie par son frère, les difficultés pour un bonhomme de l'envergure de
notre boxeur d’élever seul un enfant, la difficulté à entretenir une
relation sentimentale quand elle a commencé par "potes de baise", le
milieu de la boxe clandestine, la dépression post-accident quand on se
retrouve handicape... On se perd dans cet océan d’idées. Dommage, car ça commençait fort bien. En fait, le personnage de Cotillard prend trop
d'importance et nuit au récit qui devrait rester concentré sur le
personnage de Matthias, largement suffisant pour tenir le film. On passe
quand même un excellent moment, et il ne fait aucun doute que De
Rouille et d'Os est un des films à voir de cette année.
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