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mercredi 29 janvier 2014

Cinéma : le Top 10 de 2013

Si 2012 était l'année où les super-héros étaient en crise et montraient un peu plus de leur humanité en dévoilant leurs faiblesses, 2013 a bel et bien été une année cinématographique marquée par la sortie en salles de films réalisés par les plus grands réalisateurs de ce monde. Tarantino, Bigelow, Scorsese, Peter Jackson, Zemeckis, Kechiche, Ozon, James Gray, Refn, Paul Thomas Anderson, les frères Cohen, Jeff Nichols, Farhadi, JJ Abrams, Guillermo del Toro, Almodovar, Allen, Polanski et cette liste n'est pas exhaustive ; tous ont sorti un film en cette année 2013. Et force est de constater qu'ils ont en majorité obtenu de très belles critiques de la part de Noir Amer, en témoigne le Top 10 qui suit. Mais 2013 aura également été une année remplie de petites surprises qui ont mérité le détour, à l'image de l’attendrissant Le Temps de l'Aventure. Mention spéciale donc aux films suivants qui ont raté le Top 10 d'un cheveu : Flight, Au Bout du Conte, Quartet, Star Trek Into Darkness, Jimmy P, Conjuring : Les Dossiers Warren, La Vénus à la Fourrure et Take This Waltz.

Mais trêve de plaisanterie, pas de place pour les losers. Voici donc les 10 meilleurs films de 2013 notés par Noir Amer.

Numéro 10 : Capitaine Philipps


Nombreux sont ceux, et j'en faisais partie, qui craignaient que ce film soit trop patriotique et soit une nouvelle tentative de montrer aux yeux du reste du monde que les USA sont au-dessus de tout, lois comprises. C'est en effet ce que la campagne de communication promotionnelle laissait craindre. C'était sans compter sur le fait que le réalisateur, l'excellent Paul Greengrass, est britannique et n'a que faire de la bannière étoilée. Le réalisateur de deux épisodes remarqués de la saga Jason Bourne et du très bon Green Zone n'a pas l'habitude d'être tendre et de retenir sa vision critique du monde d'aujourd'hui. Il avait d'ailleurs été repéré par un large public avec Bloody Sunday, sorti en 2002, qui traitait du conflit politico-religieux en Irlande. Autrement dit, les situations de crises en tout genre, Greengrass connaît, et il maîtrise à la perfection. Dans Capitaine Philipps, il explore une nouvelle facette de la peur moderne ; après la guerre civile, l'infiltration liée à l'espionnage et la lutte contre le terrorisme arrive le problème de la piraterie et de la prise d'otage. Comme à son habitude, tout est filmé de manière très brut, caméra à l'épaule, de manière à ce que l'on ait l'impression d'assister à un documentaire. Tom Hanks livre une prestation exceptionnelle, de la même façon que le leader des pirates, Barkhad Abdi, nouvelle sensation hollywoodienne. Après un quart d'heure de film, l'action est lancée et le film vous tiendra en haleine pendant deux heures. C'est d'abord le stress naturel lié à la traversée d'une zone connue dangereuse qui s'empare de vous, puis la menace qui pointe le bout de son nez, puis l'attaque, la confrontation et la situation de cohabitation violente qui s'installe sur le bateau. Le duel entre les deux acteurs principaux est magistral et restera dans les annales. Scotché à l'écran, vous n'avez plus la notion du temps et êtes totalement investi émotionnellement avec les membres de l'équipage. Vous vous demandez comment vous réagiriez dans de telles circonstances, et vous vous rendez compte que le Capitaine Philipps fait vraiment du bon boulot. La situation dégénère, et plus elle est sensible, moins vous savez comment elle va évoluer, contrairement à une majorité de film où l'on sait très bien comment ça va se terminer. C'est assurément un des films forts de 2013, sans doute le meilleur film d'action, de suspense et qui devrait bien figurer aux prochains Oscar. A voir absolument !

MA NOTE : 3/4


Numéro 9 : Le Passé



Asghar Farhadi, rendu célèbre par son précédent film Une Séparation qui avait remporté notamment le César 2012 du meilleur film étranger, le Golden Globe du meilleur film étranger et l'Oscar du meilleur film en langue étrangère la même année revient avec un film toujours dramatique se passant dans le cercle familial. Avec Le Passé, le réalisateur confirme qu'il sait comme personne porter le vaudeville à l'écran et se pencher sur les difficultés de la vie du foyer au quotidien. Ici, l'intrigue n'est pas révélée d'un coup sec, bien au contraire, mais est dévoilée progressivement, strate par strate, indice après indice au spectateur. Le film est lent, c'est sûr, mais cette lenteur sert l'histoire. Elle nous permet de faire connaissance avec chaque membre de cette famille éclatée. Les acteurs sont d’ailleurs excellents (surtout les hommes je trouve), et l'on a l'impression à l'issue du long-métrage d'avoir passé du temps avec de vraies personnes et pas d'être allé au cinéma ; cela est dû à la force de la narration et du caractère très travaillé de chaque personnage. Ça c'est du cinéma !

MA NOTE : 3/4


Numéro 8 : Prisoners


Le dernier film de Denis Villeneuve, Incendies, avait remporté de nombreux prix, au festival Sundance, à la Mostra de Venise, aux BAFTA Awards, mais surtout le César et l'Oscar du meilleur film étranger. D'ailleurs, Noir Amer l'avait fait figurer dans son Top 10 de 2011. C'est donc avec de gros espoirs que nous avons découvert ce film qui marque le passage du réalisateur à un univers nouveau pour lui : celui des gros studios américains, avec un casting XXL. Et il y avait à boire et à manger dans ce casting, car si Paul Dano et Jake Gyllenhaal défraient la chronique, Hugh Jackman est davantage au premier plan de navets pour décérébrés qu'autre chose, et sa qualité de jeu d'acteur laissait jusqu'alors largement à désirer. Il se trouve que si Paul Dano est la hauteur de sa réputation dans ce film, Jake illumine l'écran à chacune de ses apparitions. Son personnage, bourré de tiques et donnant l'impression de sans cesse luter pour ne pas sortir de ses gonds donne une impression de puissance qui n'est pas maitrisée et qui du coup se traduit par une fragilité perceptible. La grosse surprise du long-métrage, c'est Hugh Jackman. Il est bon. Oui, ce mec est capable est capable de bien jouer ! L'escalade de la violence, la transformation physique, la paranoïa qui l'anime avant même le drame familial qui survient en font l'élément différenciant du film, qui lui permet de rentrer dans une autre dimension. Celle des films qui feront date et dont on gardera un souvenir impérissable. Non pas celui d'une scène précise, mais celui d'une impression laissée, ressentie ; celui d'un état d'esprit dans lequel le film nous aura plongés pendant un bon moment. Enfin, impossible de ne pas aborder la mise en scène superbe de Villeneuve. On est tenus à la gorge sans que rien ne nous soit caché ou presque (juste l'élément final de l'enquête). La lumière est sublime, les plans sont magistraux. L'esthétique du film et la tension qui s'en dégage m'ont beaucoup fait penser au déjà très bon Zodiac, d'un certain David Fincher. Et on sait tous ce qu'être comparé à Fincher veut dire...

MA NOTE : 3/4


Numéro 7 : Mud



Personnage principal de ce film tourné à travers ses yeux, le jeune adolescent Ellis est joué par un excellent Tye Sheridan qui, s'il continue comme ça, percera sans soucis dans le cinéma. Sa faculté à accrocher la caméra, à être émotif ou drôle quand il le faut font de lui un véritable atout de ce film marquant. On y constate aussi que Mathew McConaughey a définitivement pris un virage important dans sa carrière en se tournant vers des films et des rôles davantage qualitatifs que les merdes qu'il faisait à ses débuts. Il incarne ici Mud, personnage qui fait office d'élément déclencheur de l'histoire et qui va la faire dévier vers une quête de la vérité et de l'amour pour les deux jeunes pris sous son aile. L'amour et ses limites est d'ailleurs n thème largement abordé par le film, de manière assez juste. Les décors sont frappants et nous immergent dans ce "village" où tout semble se réunir autour de l'eau, élément omniprésent et central du film. Ce film m'a fait le même effet que Super 8, sorti il y a deux ans, tant la justesse des jeux adolescents et de leurs problématiques ainsi que leur façon d'interagir avec le monde me semble juste.

MA NOTE : 3/4


Numéro 6 : Gravity


Alfonso Cuaron a fait trois films assez connus, mais le grand public peut se faire une image de lui grâce au troisième volet d'Harry Potter, Le Prisonnier d'Azkaban. Sur les huit films, il s'agissait du seul dans lequel on remarquait une "patte" du réalisateur, une personalité autre que celle tirée des livres, ce qui en faisait à mon goût le meilleur film de la saga, alors que les studios le lui avaient reproché et avaient continué avec des réalisateurs de la BBC à qui ils avaient justement demandé la plus grande neutralité dans le traitement de l'histoire. Après le sortie en 2006 de Les Fils de l'Homme, adoré ou détesté, le Mexicain a pris son temps pour mettre sur pied un projet ultra novateur consacré à l'espace. L'objectif : offrir au spectateur une expérience unique et hyper réaliste de vie dans l'espace, en montrant les meilleurs côtés comme les pires. Pour être en orbite autour de la Terre à 600km d'altitude, les satellites doivent avancer à 8 km/s, soit près de 30 000 km/h. Trois fois plus vite qu'une balle de révolver. Cet élément que nous, spectateurs lambdas, avons du mal à intégrer, les personnages principaux de Gravity vont eux avoir à y faire face de plein fouet. En effet, lors de la destruction d'un satellite, les débris continuent de dériver à la même vitesse, et deviennent une menace à prendre très au sérieux pour tous ceux qui se retrouvent à a même altitude et sur le même rayon orbital. Le film nous montre ainsi une équipe d'astronautes en mission pour réparer un satellite lorsque les débris d'un autre satellite viennent les percuter et mettre en danger leur situation. Les seuls rescapés de cette collision sont le Docteur Stone (Sandra Bullock) et un "doyen" de l'espace, Matt Kowalski (George Clooney). Si ce dernier est parfait dans son rôle, je dois dire que l'un des rares défauts du film est la crédibilité du personnage interprété par Sandra. Émotionnellement instable, elle a perdu son enfant et se sent coupable, et est interprété par une actrice au visage déformé par le botox... Il est difficile de croire que quelqu'un comme ça ait été choisi pour être envoyé dans l'espace ! Seulement, le film réussit à nous faire oublier ce malentendu par sa force et par l'intensité de son histoire. En une heure et demi tournée en quasi temps réel, nous resterons bouche-bée, les yeux scotchés sur le devenir du Docteur Stone. Sa seule mission ne devenant rapidement plus que survivre, elle passera par de nombreuses étapes décisives avant de pouvoir espérer s'en sortir. Alors que nous prenons la dimension de notre monde et de notre existence, nous prenons après coup la dimension de l'importance des détails. Où l'arrivée dans une station spatiale ne se doit qu'à la présence d'un extincteur à portée de main... Après visionnage du film, vous aurez le plaisir de vous remémorer chaque détail qui a permis un tel parcours du personnage principal, et à quoi tout cela s'est joué. Vous avez peut-être entendu des spécialistes de l'espace à la radio ou à la télé en parler : tout dans ce film est conforme à la réalité de l'espace, de l'absence totale de sons à l'impossibilité de se mouvoir sans outil spécifique à propulsion en passant par les écarts de température. Grandiose, le film incarne à merveille la notion de "cinéma spectacle" dans le meilleur sens possible, vous emportant loin, très loin de votre fauteuil. A voir sur le plus grand écran possible, en 3D et dans une salle bien équipée au niveau son (car si l'espace est muet, le film, lui, ne l'est pas, et jouit d'un son surround au top de ce qui se fait).

MA NOTE : 3/4


Numéro 5 : Pacific Rim


"Encore un gros navet", "Un mélange douteux entre Transformers et Godzilla" ou encore "La sympathique daube d'action de l'été", tels étaient les qualificatifs les plus courants que l'on pouvait entendre suite à la diffusion des premières bandes annonces il y a quelques semaine de cela. A dire vrai, la communication de ce film donne de l'eau à mon moulin anti-bandes-annonces. L'once d'espoir venait en fait du réalisateur, Guillermo Del Torro, connu pour son inventivité et le soin qu'il met à soigner chacune de ses créations. La première chose qui m'a frappée, c'est la qualité absolument dingue de l'image, que ce soit en terme de lumière, de 3D magistrale ou d'effets spéciaux. Le premier quart d'heure est un résumé d'évènements se produisant avant le véritable début de l'action et nous permet de très rapidement entrer dans le vif du sujet tout en ayant une vision globale de la situation. Et la situation est critique ; les grosses bébètes qui attaquent la Terre en arrivant depuis un faille du Pacifique sont de pus en plus grosse et de plus en plus féroces. Pour nous défendre, les armées de tous les pays du monde se sont alliées pour construire des robots de combat de la taille de la tour Montparnasse. Ils sont pilotés par deux pilotes qui connectent directement leur cerveau à la machine mais également entre eux, la charge neuronale étant trop forte pour un seul pilote. Pour que l'opération fonctionne, il faut d'abord trouver un pilote compatible, ce qui n'est pas aisé. C'est là la seconde partie du film, fort intéressante, où l'on découvre peu à peu le personnage principal et où l'on jongle entre les souvenirs des différents protagonistes qui font surface lorsqu'ils "dérivent", soit se connectent au robot. On est alors dans une sorte d'Inception où les personnages revivent les moments les plus forts de leur vie en les partageant avec leur copilote. S'ensuit une phase de baston de superbe qualité visuelle au cours de laquelle nos héros réalisent le calvaire qui les attends. Les acteurs sont très bons, avec une mention spéciale au seconds rôles remarquables que sont Charlie Day et Ron Perlman, décidément toujours excellent. Le dénouement se fait sans aucune fausse note alors que le film semble passer à toute vitesse. C'est du grand spectacle, à la fois dans l'action comme dans le fantastique, les acteurs sont excellents et on trouve des touches d'humour qui font mouche. Vous l'aurez compris, c'est LE blockbuster de l'été qu'il faut voir, et peut-être même celui de 2013.

MA NOTE : 3/4


Numéro 4 : L'Inconnu du Lac


Le film a davantage fait parler de lui ces derniers temps comme étant une résonance de la loi autorisant le mariage gay que comme une création artistique à part entière. Les caméras des émissions de télé sois-disant cool, qui en fait sont pires que ce qu'elles dénoncent se sont mêmes branlées sur les images de jeunes catholiques effarés devant l'affiche du film qu'il trouvaient choquante. Quel dommage que de traiter de manière aussi basse et inintéressante la sortie d'un vrai bijou du cinéma français de cette année... Car c'est de ça dont il s'agit ! Un Long-métrage qui prend son temps, nous offre une atmosphère des plus prenantes et inquiétantes et une incertitude totale sur la façon dont tout va se terminer. Tout se passe autour d'un lac où se retrouvent des gays pour draguer et s'enculer dans les sous-bois adjacents. On voit pas mal de scènes de sexe filmées en gros plan sur les sexe, donc le film est à réserver à un public majeur. Mais ces séquences crues sont à mettre au service de l'histoire. Le personnage principal tombe amoureux d'un sosie de Magnum qu'il voit tuer son amant en le noyant au milieu du lac alors qu'il se croyait seul avec sa victime. Désormais libre, le dangereux mâle et le héros fébrile vont vivre une histoire d'amour qui, on le sent, peut vriller très rapidement du côté rouge de la jauge. Et notre gentil quidam prend tous les risques avec le ténébreux brun ; lui offrir son cœur aveuglément, le baiser sans capote et lui offrir sa carotide ou encore nager avec lui sur les lieux du crime qu'il l'a vu avoir commis. sur le fond comme sur la forme ce film est grandiose. On y découvre avec une grande justesse une faune méconnue, avec de très nombreux moments d'humour et sans jamais juger. Le film est fort, puissant, marquant, bien filmé avec de la retenue et magistralement interprété. Chapeau.

MA NOTE : 3/4


Numéro 3 : Zero Dark Thirty


Après avoir gagné l'Oscar du meilleur film en 2010 avec l'excellent Démineurs, raflant au passage le titre au nez et à la barbe de son ex-mari James Cameron qui présentait cette année là un film techniquement révolutionnaire, Kathryn Bigelow revient trois ans plus tard avec un nouveau film traitant de la guerre que mènent les Etats Unis au Moyen Orient. Ici, il s'agit de suivre une analyste de la CIA dans ses recherches pour traquer Ben Laden. Le film est traité de la façon la plus neutre possible et nous fait part de tous les aspects d'une telle entreprise ; la torture et toutes les séquelles qui en découlent de part et d'autre, la difficulté à recueillir, analyser et mettre en lien l'immense quantité de témoignages et la façon dont l'oncle Sam se croit partout chez lui. Jessica Chastain, toujours aussi formidable à l'écran, est le vecteur qui nous fait petit à petit nous rendre compte de la difficulté de la tâche qui lui est confiée. Les photos qui sont montrées aux prisonniers provoquent de leur part des dizaines de noms différents, qui ont déjà été donnés pour d'autres photos qui elles-mêmes... Tout cela semble sans fin et sans espoir. A ce titre, si de nombreuses critiques ont comparé Zero Dark Thirty au précédent travail de la réalisatrice, me vient plutôt à l'esprit le très bon Green Zone, qui, de la même manière, traitait de l'impossibilité pour les Etats Unis de trouver des armes de destruction massives en Irak et de leur difficulté à traiter les tonnes d'informations (souvent fausses) qui leur parvenaient. Trouver Oussama peut paraitre superflu et symbolique, toujours est-il que ce projet est véritablement prenant grâce au tempo serré que le film suit. On assiste à de nombreux rebondissements qui font tantôt avancer, tantôt reculer l'histoire. Il faut savoir que Bigelow a commencé à travailler sur ce film avant que Ben Laden soit déterré de son trou et exécuté. Elle devait donc terminer son film par un échec de l'armée américaine. Les faits lui ont fait modifier la fin de son film, qui, malgré le fait qu'elle soit connue, vous scotche à votre siège tant la tension et l'importance de la mission transpirent de l'écran. Au final, le film oscille parfaitement entre cinéma de fiction s'appuyant sur des faits réels (pour le meilleur cette fois-ci) parfaitement documentés, tension et malgré tout suspense dirai-je, avec un traitement honnête et pas tendre du tout avec les USA (torture généralisée et exécution de Ben Laden commanditée sans jamais avoir parlé de le capturer pour le juger). Une œuvre forte qui mérite largement d'être vue.

MA NOTE : 3/4


Numéro 2 : Le Loup de Wall Street


Le Loup de Wall Street est la cinquième collaboration entre Scorsese et Leonardo DiCaprio, presque douze ans après Gangs of New York, en 2002. L'acteur fétiche qui a pris la place de De Niro auprès du maître cinéaste a à chaque fois démontré l'étendue de son talent et n'a jamais déçu, prouvant sans cesse qu'il progressait constamment et savait s'adapter aux différents univers dans lesquels il devait composer. Or, si Scorsese a à de nombreuses fois narré des histoires prenant place dans tous les milieux mafieux possibles et imaginables, de toute époque et avec des trafics correspondant aux besoins du moment, il s'aventure ici dans un genre moins connu pour lui, celui des gangsters en col blanc. Le film est concentré sur la vie professionnelle de Jordan Belfort, interprété donc par un DiCaprio au meilleur de sa forme. Le prometteur jeune homme issu de la classe moyenne américaine a de grandes ambitions et un talent inné pour la communication. Il saura en faire usage pour grimper les marches de la pyramide du succès, amassant des millions de dollars de façon plus que douteuse, pour lui permettre de vivre une vie d'excès en tout genre ; sexe, drogue, luxe et pouvoir. J'ai découvert un nouveau Scorsese capable de filmer des séquences "tarantinesques", à savoir des dialogues variants entre le sérieux le plus total et l'absurde, avec un immense potentiel comique. En ce sens, le déjeuner que DiCaprio passe avec Matthew McConaughey est une perle de cinéma jouissive au possible. Le film réussit aussi parfaitement à traiter de la finance en vulgarisant le sujet exactement comme de nécessaire pour apporter suffisamment de détails et ne pas perdre le spectateur. Amoral au possible, c'est une critique ouverte du capitalisme à tout prix prôné outre-atlantique qui nous est offerte ici, avec toute fois le dérangeant sentiment que l'on ne ferait pas différemment à la place de Léo. Son bras droit dans le film est interprété par le génial Jonah Hill, qui évolue ici dans une atmosphère idéale pour lui, lui permettant de jongler entre émotivité, colère et bromance, avec toujours un potentiel comique hors du commun. Tout ceci est jubilatoire, même si cela peut choquer quelque peu. Mais après tout, comme le dit lui-même le personnage, l'argent qu'il prend à ses victimes aurait de toute façon été dépensé n'importe comment, pas vrai ? Alors pourquoi serait-il mal qu'il termine dans sa poche, car lui saura quoi en faire, comme les trois heures de film vont échouer à le démontrer. Captivant, drôle, critique, inquiétant, voilà ce qu'est ce nouveau bijou du maître Scorsese, véritable fresque déjantée du monde de la finance. Un chef d’œuvre, une réussite totale qui, comme un symbole, nous est arrivé comme un cadeau le 25 décembre.

MA NOTE : 4/4


Meilleur film de 2013 : Django Unchained


Un nouveau Tarantino à l'affiche est toujours un évènement sans nul autre équivalent dans le monde du cinéma. Il faut dire qu'il constitue, avec un mec comme Tim Burton, l'un des réalisateurs au monde qui a une vraie "patte" reconnaissable parmi des milliers (exception faite des son compère Robert Rodriguez peut-être). Seulement, un bon film n'est jamais autant apprécié que lorsque l'on doute de sa qualité au moment d'entrer dans la salle ; c'était le cas avec Django. Tanrantino, c'est d'un côté Reservoir Dogs, Pulp Fiction, Jackie Brown et Kill Bill entre 1992 et 2004. Seulement, c'est aussi Le Boulevard de la Mort et Inglourious Basterds de 2007 à 2009, deux films sympathiques mais pas du niveau du maître annoncé, surtout le dernier, nettement le moins bon de sa filmographie. Alors, sur la pente descendante Quentin ? Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que ce qui fait sa force réside dans les "temps faibles" de ses films, entre deux fusillades. C'est là qu'il a marqué de son empreinte ses films : Samuel L.Jackson et Travolta parlant de massage des pieds, la drague directe et crue DeNiro / Fonda, les conversations pré-action de Kill Bill ou encore les élucubrations diverses des femmes du Boulevard... Cet aspect avait été délaissé et bien moins saisissant lors de la seconde guerre mondiale revisitée, et il fallait un retour à un très haut niveau sur ce point précis pour retrouver du bon Tarantino. Quand les premières images défilent, on assiste directement à un Christopher Waltz comme toujours excellent, mais qui ici porte le film et crève l'écran. Son accent germanique et sa diction accrochent votre attention sans aucun effort. Jamie Foxx, lui, contrairement à mes craintes, n'en fait pas trop et se contente de jouer ce qu'il sait faire et de rester en retrait face à ses excellents partenaires. Car en plus d'un Waltz tonitruant, on trouve un Samuel L. Jackson du feu de Dieu en valet exécrable d'un Léonardo DiCaprio qui joue son premier rôle de méchant avec beaucoup de talent. Durant les 2h45 de film, les deux compères principaux enchainent les objectifs à court terme, nous invitant dans leur entreprise et nous procurant un délicieux plaisir. Comme toujours, l'humour noir, la dérision et le sanguinolent sont au rendez-vous, tout cela savamment mélangé. Le racisme est justement traité sans relâche ni excès, et surtout avec honnêteté vis à vis de l'époque. Le final est grandiose et clôt la plus belle aventure cinématographique du début de 2013, magistralement mise en scène par un Tarantino au meilleur de sa forme. Le petit plus ? Une bande originale comme d'habitude aux petits oignons, avec des musiques tranchant avec l'époque, comme un rap de Rick Ross sur un travelling de paysage désertique traversé par une calèche.

MA NOTE : 4/4

Joli doublé pour DiCaprio, qui apparaissait pourtant déjà dans le Pire 10 de 2013 et qui fait donc oublier le navrant Gatsby. Mais voilà que 2014 démarre et nous promet son lot de bons films. Rendez-vous début 2015 pour en discuter !

lundi 27 janvier 2014

A Touch of Sin

Véritable témoignage à charge envers la société contemporaine chinoise, A Touch of Sin nous montre la décadence actuelle présente dans le pays le plus peuplé au monde, sous forme de plusieurs pastilles se recoupant parfois. Tantôt politique, tantôt sociétale, tantôt arriviste ou encore simplement pour le goût de l'argent, la motivation qui pousse les gens à la violence, qu'elle soit physique ou morale, n'est qu'un faire-valoir. Car la violence est omniprésente et dépasse toute la bonne volonté que l'humanité peut y mettre, semble dire Jia Zhang Ke. La violence ressort d'autant plus que les décors et la manière dont est filmée cette œuvre sont magnifiques, presque poétiques, avec des tons pastels, des paysages naturels ou industriels grandioses qui semblent écraser toutes ces basses mesquineries du quotidien. Si les images sont choquantes et ont le mérite de sortir de l'ordinaire en dénonçant un aspect méconnu de la vie en Chine, le procédé est un peu répétitif et finit par lasser. Le film a une véritable force mais à trop en faire, il prend le risque de dégouter le spectateur dans trop de noirceur.

MA NOTE : 2/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=220816.html


dimanche 26 janvier 2014

Mon Âme Par Toi Guérie

Grégory Gadebois est un acteur absolument formidable et le film a l'intelligence de se reposer sur ses larges épaules. En forme de fresque moderne au sein d'une partie populaire et déshéritée de la société, touchée par la crise économique, le film nous montre, avec toute la poésie du monde, de quoi les hommes sont capables dans leur meilleur côté. L'aide, qu'elle soit morale, financière, physique ou méta-physique, est à la base de cette communauté qui survit au quotidien et et repousse jour après jour les maux qui la guettent. Le personnage principal est doté d'un don que lui a transmis sa mère, celui de guérir les gens en les touchant. Le film ne s'attarde pas sur la façon dont tout cela fonctionne, et peu importe finalement. Ce qui importe, c'est comment notre anti-héros qui refusait d'entendre parler de ce don, sans doute par pudeur et à cause des souvenirs de sa mère décédée que cela créait en lui, a petit à petit appris à l'accepter et à l'utiliser, pour le bien de tous, lui compris. Mais il n'est en aucun cas nécessaire d'avoir un don pour faire le bien autour de soi, et c'est ce que le film montre lors de la seconde moité. L'amour instinctif et inné que le guérisseur porte envers la géniale Céline Sallette est salvateur pour les deux personnages et les fait grandir. Ce film est beau, ce film est grand, ce film donne la patate et marque les esprits. A voir !

MA NOTE : 3/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=218130.html


mercredi 22 janvier 2014

Les Brasiers de la Colère

Ici, pas de subprimes, pas de rêve américain, pas de malls sans fin. Ici, c'est le terroir, l'Amérique profonde des pauvres, celle décimée par la crise économique, celle qui travaille dur pour subsister à ses besoins, qui va à l'usine et se contente de soirées bières au bar du coin. Dans ce contexte, on suit deux frères qui ont connu des mésaventures diverses, et c'est là que le film commence à décevoir ; l'aîné fait quelques mois de prison après avoir renversé et tué un enfant en voiture alors qu'il était ivre, le benjamin est soldat et revient du moyen orient complètement chamboulé et marqué à jamais. L'accumulation de tant de misère humaine fait un peu téléfilm, mais Scott Cooper manie bien la caméra et les images, magnifiques, nous transportent dans cette atmosphère. Il faut dire que Christian Bale livre une excellente prestation et porte le film sur ses épaules, son visage déterminé étant le centre d'attention de la caméra tout du long. Le problème, c'est que tout cela manque un peu d'originalité et sent le réchauffé. La fameuse colère vantée dans le titre (en français seulement) n'est pas à la hauteur de la promesse faite, et le scénario prévisible de vengeance finit par lasser.

MA NOTE : 2/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=197047.html


lundi 20 janvier 2014

Frances Ha

Le film est pour l'essentiel l’œuvre de deux personnes bien ancrées dans le cinéma indé américain : le réalisateur Noah Baumbach et Greta Gerwig, ici scénariste et actrice principale. Il se trouve qu'il ressemble sur bien des aspects à Inside Llewyn Davis, sorti quelques semaines plus tard ; on suit à chaque fois des artistes en désuétude qui galèrent au sein d'un New York tentaculaire et déprimant pour qui n'a pas les moyens d'y vivre. Sauf qu'à la différence du film des frères Cohen, Frances Ha est plein de vie, de positivisme, et d'humour aussi. La pétillante, chaleureuse et charmante Greta Gerwig porte le film sur ses épaules et nous entraine dans ses aventures humaines, que ce soit dans la recherche d'un emploi (d'abord idéalisé, puis finalement raisonné) ou dans la quête de l'amour, avec des étapes chaotiques. Tout cela alors que sa relation avec sa "meilleure amie" semble lui apporter plus de mauvaises que de bonnes choses. Le choix du noir et blanc est intéressant, car il étalonne le film et permet de différencier les personnages sur leur caractère et non sur leur apparence.

MA NOTE : 3/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=211250.html


dimanche 19 janvier 2014

Du Sang et des Larmes

Pour ceux qui hésitent à aller voir ce film ou non et qui attendent un dernier signe du destin pour enfin prendre leur décision, je tiens à leur rappeler que le réalisateur a auparavant signé Hancock et Battleship... L'Américain continue donc dans les films de guerre en s'essayant cette fois-ci à l'adaptation d'un épisode réel de la vie des soldats américains en Afghanistan. La présentation des personnages est rapide et banale, nous montrant des épisodes de camaraderie dont on se fout et qui ne sortent absolument pas de l'ordinaire. Une fois le plan dicté par le commandant, on se retrouve embarqué sur les montagnes afghanes où le commando doit faire son œuvre : éliminer un chef taliban. Les deux heures du film sont donc presque intégralement dédiées à une lutte dans ces montagnes boisées et rocheuses, alors que l'excellent Zero Dark Thirty comprenait une séquence de capture de Ben Laden de vingt minutes d'une intensité et d'une qualité hors-normes. Dès le début, on sent que tout se barre en couilles pour nos soldats. La décision d'éliminer ou non des bergers rencontrés malencontreusement est mal traitée et débouche sans suspense sur une scène de combat elle-même assez peu réaliste et très longue. Tout cela n'a pas grand intérêt et semble avoir pour seul but de diffuser un message de tolérance outre-atlantique : non, tous les Afghans ne sont pas mauvais. Pour le reste, c'est prévisible, ennuyeux, mal fichu, pas crédible... Et la page est rapidement tournée une fois la salle quittée.

MA NOTE : 1/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=130593.html


mercredi 15 janvier 2014

La Vie Rêvée de Walter Mitty

Le dernier bon film où figure Ben Stiller est sans doute Tonnerre Sous Les Tropiques et date de 2008. L'acteur au potentiel comique certain et à la mélancolie à fleur de peau semblait s'être perdu ces dernières années dans des films qui manquaient cruellement d'ambition et où ses rôles n'exploitaient que très peu son potentiel. Hasard ou pas, il s'agissait là également du dernier film qu'il avait réalisé. Voyez-y un signe d'intelligence de la star, elle s'est décidée à réaliser elle-même ce nouveau projet, basé sur un homme banal travaillant au sein d'un magazine relatant des faits extraordinaires et qui se doit de rêver tout éveillé qu'il est afin de trouver un échappatoire, surtout lorsque le journal lance une large vague de licenciements. L'idée est intéressante et permet un côté magique du cinéma : l'incrustation d'histoires dans l'histoire principale, la multiplication des décors, des personnages annexes, et le côté périple, voyage initiatique. Hélas, si le film propose de belles cartes postales, il présente aussi de nombreux défauts. Le plus grave d'entre eux étant l’absence totale d'évolution du personnage principal entre le début et la fin du récit. Aussi, Kristen Wiig que j'adore pourtant, et Sean Penn surtout sont respectivement sous-utilisés et caricaturaux. Et puis les jolis paysages passent, mais l'on ne retient rien, à l'inverse d'un bon documentaire qui nous montrerait les mêmes images mais nous laisserait un meilleur souvenir, également plus pérenne. Un film sympathique mais qui ne répond pas à ses promesses, trop ambitieuses, et qui est très vite oublié.

MA NOTE : 1/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=206710.html


lundi 13 janvier 2014

Tel Père Tel Fils

Représentant le Japon au dernier Festival de Cannes, Tel Père Tel Fils est reparti avec le Prix du Jury, sorte de titre honorifique destiné à un film perfectible mais qui ne laisse pas indifférent. En effet, l'histoire traite de ce qu'il y a de plus cher pour l'homme : sa filiation, soit ce qu'il laisse sur Terre après sa disparition. Le débat porte essentiellement sur ce qui relève de l'inné, transmis par les liens du sang, et de l'acquis, transmis par l'éducation. Six ans après la naissance de leur fils, deux familles apprennent apprennent qu'ils ont été échangés juste après la naissance dans la maternité. Que faire alors ? Le déchirement entre perdre quelqu'un que l'on a forgé et que l'on aime grâce à tous les bons moments passés ensemble et l'envie de retrouver le fruit de nos entrailles, ou de laisser les choses telles qu'elles sont et essayer de faire abstraction de la nouvelle est très difficile. Si au départ, échanger les enfants est hors de question, la tentation de se rapprocher du fils biologique est grande. Les questions posées sont passionnantes, et même si le tâtonnement est un peu académique, le film interroge sur un problème de société des plus intéressants ; quelle part les liens du sang ont-ils dans l'éducation, le respect et l'amour ? Certes, les deux familles sont quelques peu stéréotypées, mais c'était nécessaire pour appuyer les propos du film, même si cela laisse la porte ouverte à des jugements de valeurs populistes. Aussi, la mise en scène est d'une grande richesse et prouve une fois de plus que le cinéma japonais est à la pointe sur cet aspect là. A chaque séquence, des plans remplis d'indices et d'informations nourrissent le film. Tantôt des éléments du décor séparent les personnages de façon bien réfléchie, tantôt on joue sur le hors-champ. Le film est d'une grande beauté et a une dimension tragico-romantique qui en fait sa force. A voir !

MA NOTE : 3/4

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dimanche 12 janvier 2014

Le Géant Égoïste

Plongée dans l'univers des petites villes dépravées de l'Angleterre profonde, là où la jeunesse est livrée à elle-même et n'est soumise à aucune autorité compétente. Dans la lignée de Skins, qui a popularisé cette population auparavant méconnue à l'extérieur des frontières britanniques, Le Géant Égoïste offre de belles images en plus d'une histoire atypique et violente dans le récit. Deux jeunes pré-adolescents totalement livrés à eux-mêmes dans un quartier pauvre d'une ville désindustrialisée font les 400 coups et gagnent de l'argent en volant et en refourguant des objets en métal à un ferrailleur peu scrupuleux, aussi affable que "gambler'. La poésie qui émane du duo formé par ces deux gamins accompagnés de leur cheval, sur lequel on apprend pas mal de choses utiles pour monter ou conduire une carriole, contraste avec le ton acide employé par le personnage principal. Évidemment, tout cela ne peut bien se terminer. La fin est un peu attendue et le film n'est pas dénué de longueurs, mais il faut louer l'exercice qui s'avère nettement réussi sans emballer plus que ça.

MA NOTE : 2/4

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mercredi 1 janvier 2014

Cinéma : le pire 10 de 2013 !

Pour la troisième fois consécutive maintenant, Noir Amer vous propose, en forme de mise en bouche avant le plus attendu Top 10, une sélection des pires films sortis au cours de l'année. Pour la première fois, cette nouvelle édition comporte sept films à gros budget, à gros casting ou à la prétention telle que la déception qu'ils ont apportée vaut à elle seule leur place dans ce classement. Car si Noir Amer ne se réclame en rien du rôle de Robin des Bois du cinéma, il me paraît juste de punir les mauvais films qui ont de gros moyens plus sévèrement que ceux qui n'en ont pas. Ce critère est très important lors du processus d'élaboration de mes notes, car je serai toujours plus indulgent avec un film sans moyens qu'avec une daube à 100 millions de dollars. Je vous laisse donc découvrir ma sélection des dix pires films de 2013 et vous donne rendez-vous fin janvier pour découvrir les dix meilleurs. Amusez-vous bien, et surtout, évitez d'aller voir ceux qui figureront dans le Pire 10 de 2014 !

Numéro 10 : Gatsby le Magnifique


Baz Luhrmann aurait, selon certains, fait de bons films. Selon moi, il s'approche dangereusement du groupuscule de réalisateurs qui se battent pour le titre de pire réalisateur au monde, mené par les trublions Roland Emmerich et Michael Bay, cf. le dernier opus de Baz, Australia, qui fait le même effet que de manger 2kg de cerises le premier jour où l'on en trouve au marché. Son adaptation de Gatsby est sur la même dynamique : il semblerait que Baz porte sans cesse ses lunettes de Soleil ou ait la vue très basse, ce qui expliquerait qu'il pousse au maximum la colorimétrie de ses films de façon tellement ignoble que ça en devient gerbant. L'animation des effets visuels, par exemple les longs plans zoomés ou les courses de voitures, sont tellement mal fichus qu'on se demande comment a été dépensé l'argent qui coulait à flot pour mener à bien ce projet... Il ne faut pas se leurrer, la 3D n'est là que pour éviter le piratage du film (qui d'ailleurs ne mérite pas mieux que d'être visionné en streaming sur des sites basés à l'étranger). Gros problème récurant également en ce qui concerne le montage. Quand Baz a de la matière pour faire un film d'1h40, il nous en sert 2h20 ! "Mais le casting, il est pourtant super le casting ?" J'entends votre vaine protestation. Oui, le casting est charmant, mais le film ne laisse aucune place au jeu des acteurs qui sont totalement écrasés par la mise en scène lourdingue. Carey Mulligan s'en sort assez bien, nous procurant quelques émotions comme elle peut dans ce contexte, mais même DiCaprio ne parvient à nous offrir davantage que son charisme. Quant à Tobey Maguire, mystère. Il ne sert strictement à rien. On a voulu personnifier le narrateur, mais cela n'apporte rien au récit. L'histoire n'est pas très intéressante (je parle du film, je ne connais pas le livre) et manque de rythme et d'originalité. En bref, un film à éviter de toute urgence !

MA NOTE : 1/4

Numéro 9 : Insaisissables


Le Transporteur, Danny the Dog, L'Incroyable Hulk et Le Choc des Titans. Voilà la filmographie de Louis Leterrier... Ou comment transformer le film a priori sympathique de l'été pour toute la famille en cauchemar. Car si le casting est costaud, il faut bien dire que rien ne suit, à commencer par la prestation des acteurs, qui n'ont vraisemblablement pas davantage compris où le réalisateur voulait aller que Louis lui-même. Jesse Eisenberg surjoue, Isla Fisher et Woody Harrelson sont peu convaincants comme d'habitude, Dave Franco et Mark Ruffalo voient leur talents sous-exploités et Mélanie Laurent et Morgan Freeman sont comme un cheveux sur la soupe. Le traitement de l'histoire est à montrer dans toutes les écoles de cinéma comme exemple parfait de ce qui est à bannir. Les personnages clament en effet l'exactitude de ce qu'ils nous expliquent, tentant d'ancrer le récit dans une forme d'hyper réalisme, tandis que le déroulement de l'histoire abuse de facilité scénaristiques qui n'ont ni queue ni tête. Quand on veut arrêter quelqu'un, on ne le laisse pas se reproduire sur scène me semble-t-il... Le pire, c'est qu'il n'y a aucun enjeu clairement défini, donc les spectateurs ne sont en attente de rien. Les amusements de galerie sont moins bonnes qu'un programme court télévisé de milieu d'après midi de vacances scolaires, et le tout est horriblement filmé, avec des couleurs criardes et des gros plans malvenus. Le dénouement final, au lieu de nous laisser scotchés à notre fauteuil comme voulu, ne nous fait ni chaud ni froid, dans cet amas rocambolesque de bizareries visuelles que le spectateur a dû subir pendant près de deux heures.

MA NOTE : 1/4

Numéro 8 : Gangster Squad


Voici ce qui est sans doute le film avec le plus beau casting de 2013. Gosling, Penn, Brolin, Stone, Nolte, Peña... Tout ce petit monde réuni autour d'un film de gangsters mafieux du milieu du vingtième siècle dans un Los Angeles décimé par la corruption nous donnait légitimement le droit de rêver en grand et de sentir une bosse se former dans le caleçon. Seulement, il ne nous faudra pas plus de cinq minutes pour être assuré de ne pas souffrir de priapisme. La scène d'ouverture nous offre une violence ridiculement orchestrée, qui vire dans le gore extrême comme pour annoncer que c'était là la seule cartouche pour sortir le spectateur de son petit confort. S'ensuit un portrait fait à la grosse truelle imprécise du méchant campé par un lamentable Sean Penn en mode "je joue le méchant comme mon voisin de 10 ans imite De Niro". D'il touche le fond, tous les acteurs de manière générale sont au plus bas dans ce navet qui ne sait jamais ce qu'il doit montrer ou pas à l'écran. Seule Emma Stone a un personnage avec un peu de profondeur et digne d'intérêt. Pour le reste... Tout est prévisible avec dix minutes d'avance, la réalisation est exécrable, et le scénario n'est qu'un mix de grands films de ces vingt dernières années. En moins bien. Ne cautionnez pas ce terrorisme cinématographique, par pitié. Regardez plutôt L.A. Confidential ou Les Incorruptibles dont cette merde s'inspire largement. Gangster Squad a sa place bien au chaud dans les pires films de 2013.

MA NOTE : 1/4

Numéro 7 : L’Écume des Jours


Je dois reconnaître que la perspective d'aller voir un nouveau film de Michel Gondry m'enchante toujours. Celui qui s'est fait connaître du grand public il y a presque dix ans grâce à Eternal Sunshine of the Spotless Mind suivi de La Science des Rêves (en 2004 et 2005) marque ses films d'une touche d'excentricité dynamisante et joyeuse. Il avait aussi signé Soyez Sympas, Rembobinez, soit l'un des films qui m'a le plus fait rire, et The Green Hornet, que j'avais très fortement apprécié. Il revient sur ses terres cette fois-ci pour tourner l’adaptation d'un livre de Boris Vian, avec comme interprètes Romain Duris et Audrey Tautou. Cette dernière phrase avait tout pour faire peur. Le très branché et novateur Gondry se retrouve à devoir mettre sur l'écran l’œuvre du plus surfait des auteurs français, avec sur ses basques les deux acteurs français les plus has-been du moment. Périlleux exercice. Il s'avère que Michel a choisi de mettre le paquet sur les effets visuels. On pourrait croire que tout cela ne durera que quelques minutes et qu'il s'attachera par la suite à développer le récit, mais il n'en est rien. En fait, l’histoire est totalement remisée à l'arrière plan (car en fait inintéressante au possible) et le film n'est qu'effets sonore, visuels, distorsions en tous genres, ellipses narratives et j'en passe... Le résultat est une bouillie indigeste ennuyeuse comme pas permis, qui dure sans ne jamais s'arrêter (2h05...). Tout dans ce film tombe à l'eau. Je me demande comment personne n'a eu le courage de dire à Michel qu'il se cassait la gueule en faisant ces choix là. Et Audrey Tautou devrait sérieusement songer à arrêter le cinéma. Non seulement elle s'enlaidit de jour en jour, mais son jeu est monotone et énervant.

MA NOTE : 1/4

Numéro 6 : Un P'tit Gars de Ménilmontant


Olivier Marchal, acte 74 ! L'homme qui faisait toujours le même film une fois par an revient donc au cinéma une énième fois avec le même rôle, grosso modo : un ancien braqueur tout juste sorti de prison et en pleine réinsertion. Seulement, ce qui entoure ce postulat de départ tient du miracle : tout, absolument tout n'est que facilité scénaristique. L'homme chez qui il avait planqué son butin est comme par hasard un truand de première. Son ex-femme est en couple avec un homme qui comme par hasard la trompe. Son fils qui est emmerdé par une bande de voyous est comme par hasard fan de danse classique, ce qui ne fait que rajouter au cliché. Je vais m'arrêter là alors que la liste exhaustive serait longue comme la ligne droite Longchamps. Tous les problèmes sociaux sont abordés sous forme de clichés ridicules. La pute qui tombe amoureuse du client renfermé sur lui-même dès le second rendez-vous, qui passe la nuit avec lui et refuse de le faire payer ; sérieusement ? En fait, on se demande quand exactement Mimie Matty va entrer en scène. Et finalement, ça ne serait pas pire. Au final, le film allume plein de mèches de tous les côtés et ne va au bout que de la moitié des intrigues qu'il a lancées. Il s'arrête brutalement sans raison apparente. Comme cette critique.

MA NOTE : 1/4

Numéro 5 : Die Hard : Belle Journée Pour Mourir


"Au mauvais endroit, au mauvais moment" est hélas devenue le citation que les spectateurs ont dû mouliner dans leur tête assez rapidement dans ce cinquième opus qui ne laisse que peu d'espoir dès les premières minutes. L'intrigue est posée au bulldozer, et on plonge directement dans une action mal filmée, au scénario bancal et peu intéressant et dont l'un des deux personnages principaux, le fils de Bruce Willis que l'on avait aperçu dans le très bon Jack Reacher, est aussi expressif qu'un adolescent à qui on offre un livre à Noël. Les scènes de canardage se succèdent sans lien entre elles, et sans intérêt non plus. Il y a des incohérences assez incroyables qui vont de véhiculer une pseudo coolitude dans le fait d'être Américain alors qu'il s'agit de la nationalité la plus détestée au monde, surtout en Russie, à la perle des perles du montage le plus grotesque de tous les temps : un Moscou - Tchernobyl effectué en voiture en 40 secondes comme s'il s'agissait d'un banal Paris - Neuilly. Je rappelle à ceux qui sont fâchés avec la géographie, dont John Moore, que 1 000 km séparent les deux villes et que Google Maps prévoit 12 heures de trajet en voiture... Les méchants sont aussi ridicules que les pseudos twist très attendus, et le film a perdu tout soupçon d'humour et d’auto-dérision qui faisaient le charme de ses aïeuls. Passez votre chemin.

Numéro 4 : Hansel & Gretel : Witch Hunters


On regarde sa purée, on trempe la fourchette dedans. L'odeur qui s'en dégage n'est pas désagréable, mais elle ne sent pas vraiment les pommes de terre. On trempe la fourchette dedans. Boum, tout s'affaisse. Pas de tenue. En bouche, pas de saveur. Quelle arnaque. Cette purée nous fait retomber dans les bassesses des films d'heroic fantaisy sur fond de contes populaires type Van Helsing ou La Ligue des Gentlemen Extraordinaires... Aucun plaisir partagé, avec comme seul point positif une digestion rapide. Les deux acteurs principaux, normalement bons, sont ici transparents. Les effets spéciaux sont dignes de téléfilms de jeunesse en matinée de vacances scolaires, et l'intrigue est naze et inintéressante et très, très, très mal construite. L'histoire des deux chasseurs est révélée à la bétonneuse et n'est pas du tout exploitée. Tout est sonne faux. Passez votre chemin, préférez plutôt Abraham Lincoln : Chasseur de Vampires dans le même genre.

MA NOTE : 0/4

Numéro 3 : Crazy Joe


On pourrait penser que ce Joe fou pourrait au moins faire le taff pour satisfaire un public assoiffé de bastons et d'action. Il n'en est rien. Ce navet n'est rien d'autre qu'un Joséphine, Ange Gardien où l'on aurait remplacé Mimie Mathy par Jason Statham. Le film enchaîne facilités narratives, romance insensée à l'eau de rose et scènes de combats sans aucun intérêt. Les quelques plan de Londres sont trop rares, similaires et mal intégrés dans le récit pour que ça nous procure un quelconque plaisir. Tout simplement grotesque.

MA NOTE : 0/4

Numéro 2 : Le Dernier Exorcisme 2


Un film d'épouvante qui ne fait pas peur, c'est un peu con. Quand il est mal mis en scène avec des effets sonores débiles et que les acteurs sont peu crédibles, on touche le fond. Rien de nouveau, d'intéressant. Juste une sombre merde à vite oublier. Next.

MA NOTE : 0/4

Pire film de l'année 2013 : Hunger Games : L'Embrasement


Je le dis d'emblée, la chose la plus surprenante de ce film est l'affluence qu'il provoque et la difficulté que j'ai eu à trouver un siège de libre dans la salle. Incompréhensible, quand on connaît la médiocrité du premier volet et sa longueur. Le second volet est construit de manière identique, avec quelques défauts en plus et quelques points d'intérêt en moins. Tout d'abord, il n'y a plus la découverte du premier volet et la curiosité naturelle qui va avec. Ensuite, La première heure 15 est totalement inutile et ridicule. J'ai le sentiment que même les acteurs se font chier. Comme dans le premier, l'arrivée de la scène de baston dans l'arène est un soulagement de courte durée puisque toute l'action est bâclée. Les effets spéciaux sont franchement dépassés et graphiquement laids et il n'y a aucun suspense. Ce qui est très fort, c'est que là où les deux premiers volets auraient largement pu (et du) loger dans un film d'une heure trente, on en a fait deux de deux heures quinze. Le foutage de gueule est poussé à l'extrême dans ce dernier film qui se termine par une non-fin, prenant en otage le spectateur pour l'obliger à payer un troisième ticket dans quelques mois. C'est honteux, tout simplement, quoique conforme à ce que fait le film de bout en bout : du remplissage. D'abord on remplit le film de scènes insignifiantes, ensuite on se remplit les fouilles. Normal.

MA NOTE : 0/4

Bonne année à tous, je vous souhaite beaucoup de plaisir dans les salles obscures en 2014, et le moins de navets possibles !

Le Loup de Wall Street

Le Loup de Wall Street est la cinquième collaboration entre Scorsese et Leonardo DiCaprio, presque douze ans après Gangs of New York, en 2002. L'acteur fétiche qui a pris la place de De Niro auprès du maître cinéaste a à chaque fois démontré l'étendue de son talent et n'a jamais déçu, prouvant sans cesse qu'il progressait constamment et savait s'adapter aux différents univers dans lesquels il devait composer. Or, si Scorsese a à de nombreuses fois narré des histoires prenant place dans tous les milieux mafieux possibles et imaginables, de toute époque et avec des trafics correspondant aux besoins du moment, il s'aventure ici dans un genre moins connu pour lui, celui des gangsters en col blanc. Le film est concentré sur la vie professionnelle de Jordan Belfort, interprété donc par un DiCaprio au meilleur de sa forme. Le prometteur jeune homme issu de la classe moyenne américaine a de grandes ambitions et un talent inné pour la communication. Il saura en faire usage pour grimper les marches de la pyramide du succès, amassant des millions de dollars de façon plus que douteuse, pour lui permettre de vivre une vie d'excès en tout genre ; sexe, drogue, luxe et pouvoir. J'ai découvert un nouveau Scorsese capable de filmer des séquences "tarantinesques", à savoir des dialogues variants entre le sérieux le plus total et l'absurde, avec un immense potentiel comique. En ce sens, le déjeuner que DiCaprio passe avec Matthew McConaughey est une perle de cinéma jouissive au possible. Le film réussit aussi parfaitement à traiter de la finance en vulgarisant le sujet exactement comme de nécessaire pour apporter suffisamment de détails et ne pas perdre le spectateur. Amoral au possible, c'est une critique ouverte du capitalisme à tout prix prôné outre-atlantique qui nous est offerte ici, avec toute fois le dérangeant sentiment que l'on ne ferait pas différemment à la place de Léo. Son bras droit dans le film est interprété par le génial Jonah Hill, qui évolue ici dans une atmosphère idéale pour lui, lui permettant de jongler entre émotivité, colère et bromance, avec toujours un potentiel comique hors du commun. Tout ceci est jubilatoire, même si cela peut choquer quelque peu. Mais après tout, comme le dit lui-même le personnage, l'argent qu'il prend à ses victimes aurait de toute façon été dépensé n'importe comment, pas vrai ? Alors pourquoi serait-il mal qu'il termine dans sa poche, car lui saura quoi en faire, comme les trois heures de film vont échouer à le démontrer. Captivant, drôle, critique, inquiétant, voilà ce qu'est ce nouveau bijou du maître Scorsese, véritable fresque déjantée du monde de la finance. Un chef d’œuvre, une réussite totale qui, comme un symbole, nous est arrivé comme un cadeau le 25 décembre.

MA NOTE : 4/4

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