Pages

mercredi 29 janvier 2014

Cinéma : le Top 10 de 2013

Si 2012 était l'année où les super-héros étaient en crise et montraient un peu plus de leur humanité en dévoilant leurs faiblesses, 2013 a bel et bien été une année cinématographique marquée par la sortie en salles de films réalisés par les plus grands réalisateurs de ce monde. Tarantino, Bigelow, Scorsese, Peter Jackson, Zemeckis, Kechiche, Ozon, James Gray, Refn, Paul Thomas Anderson, les frères Cohen, Jeff Nichols, Farhadi, JJ Abrams, Guillermo del Toro, Almodovar, Allen, Polanski et cette liste n'est pas exhaustive ; tous ont sorti un film en cette année 2013. Et force est de constater qu'ils ont en majorité obtenu de très belles critiques de la part de Noir Amer, en témoigne le Top 10 qui suit. Mais 2013 aura également été une année remplie de petites surprises qui ont mérité le détour, à l'image de l’attendrissant Le Temps de l'Aventure. Mention spéciale donc aux films suivants qui ont raté le Top 10 d'un cheveu : Flight, Au Bout du Conte, Quartet, Star Trek Into Darkness, Jimmy P, Conjuring : Les Dossiers Warren, La Vénus à la Fourrure et Take This Waltz.

Mais trêve de plaisanterie, pas de place pour les losers. Voici donc les 10 meilleurs films de 2013 notés par Noir Amer.

Numéro 10 : Capitaine Philipps


Nombreux sont ceux, et j'en faisais partie, qui craignaient que ce film soit trop patriotique et soit une nouvelle tentative de montrer aux yeux du reste du monde que les USA sont au-dessus de tout, lois comprises. C'est en effet ce que la campagne de communication promotionnelle laissait craindre. C'était sans compter sur le fait que le réalisateur, l'excellent Paul Greengrass, est britannique et n'a que faire de la bannière étoilée. Le réalisateur de deux épisodes remarqués de la saga Jason Bourne et du très bon Green Zone n'a pas l'habitude d'être tendre et de retenir sa vision critique du monde d'aujourd'hui. Il avait d'ailleurs été repéré par un large public avec Bloody Sunday, sorti en 2002, qui traitait du conflit politico-religieux en Irlande. Autrement dit, les situations de crises en tout genre, Greengrass connaît, et il maîtrise à la perfection. Dans Capitaine Philipps, il explore une nouvelle facette de la peur moderne ; après la guerre civile, l'infiltration liée à l'espionnage et la lutte contre le terrorisme arrive le problème de la piraterie et de la prise d'otage. Comme à son habitude, tout est filmé de manière très brut, caméra à l'épaule, de manière à ce que l'on ait l'impression d'assister à un documentaire. Tom Hanks livre une prestation exceptionnelle, de la même façon que le leader des pirates, Barkhad Abdi, nouvelle sensation hollywoodienne. Après un quart d'heure de film, l'action est lancée et le film vous tiendra en haleine pendant deux heures. C'est d'abord le stress naturel lié à la traversée d'une zone connue dangereuse qui s'empare de vous, puis la menace qui pointe le bout de son nez, puis l'attaque, la confrontation et la situation de cohabitation violente qui s'installe sur le bateau. Le duel entre les deux acteurs principaux est magistral et restera dans les annales. Scotché à l'écran, vous n'avez plus la notion du temps et êtes totalement investi émotionnellement avec les membres de l'équipage. Vous vous demandez comment vous réagiriez dans de telles circonstances, et vous vous rendez compte que le Capitaine Philipps fait vraiment du bon boulot. La situation dégénère, et plus elle est sensible, moins vous savez comment elle va évoluer, contrairement à une majorité de film où l'on sait très bien comment ça va se terminer. C'est assurément un des films forts de 2013, sans doute le meilleur film d'action, de suspense et qui devrait bien figurer aux prochains Oscar. A voir absolument !

MA NOTE : 3/4


Numéro 9 : Le Passé



Asghar Farhadi, rendu célèbre par son précédent film Une Séparation qui avait remporté notamment le César 2012 du meilleur film étranger, le Golden Globe du meilleur film étranger et l'Oscar du meilleur film en langue étrangère la même année revient avec un film toujours dramatique se passant dans le cercle familial. Avec Le Passé, le réalisateur confirme qu'il sait comme personne porter le vaudeville à l'écran et se pencher sur les difficultés de la vie du foyer au quotidien. Ici, l'intrigue n'est pas révélée d'un coup sec, bien au contraire, mais est dévoilée progressivement, strate par strate, indice après indice au spectateur. Le film est lent, c'est sûr, mais cette lenteur sert l'histoire. Elle nous permet de faire connaissance avec chaque membre de cette famille éclatée. Les acteurs sont d’ailleurs excellents (surtout les hommes je trouve), et l'on a l'impression à l'issue du long-métrage d'avoir passé du temps avec de vraies personnes et pas d'être allé au cinéma ; cela est dû à la force de la narration et du caractère très travaillé de chaque personnage. Ça c'est du cinéma !

MA NOTE : 3/4


Numéro 8 : Prisoners


Le dernier film de Denis Villeneuve, Incendies, avait remporté de nombreux prix, au festival Sundance, à la Mostra de Venise, aux BAFTA Awards, mais surtout le César et l'Oscar du meilleur film étranger. D'ailleurs, Noir Amer l'avait fait figurer dans son Top 10 de 2011. C'est donc avec de gros espoirs que nous avons découvert ce film qui marque le passage du réalisateur à un univers nouveau pour lui : celui des gros studios américains, avec un casting XXL. Et il y avait à boire et à manger dans ce casting, car si Paul Dano et Jake Gyllenhaal défraient la chronique, Hugh Jackman est davantage au premier plan de navets pour décérébrés qu'autre chose, et sa qualité de jeu d'acteur laissait jusqu'alors largement à désirer. Il se trouve que si Paul Dano est la hauteur de sa réputation dans ce film, Jake illumine l'écran à chacune de ses apparitions. Son personnage, bourré de tiques et donnant l'impression de sans cesse luter pour ne pas sortir de ses gonds donne une impression de puissance qui n'est pas maitrisée et qui du coup se traduit par une fragilité perceptible. La grosse surprise du long-métrage, c'est Hugh Jackman. Il est bon. Oui, ce mec est capable est capable de bien jouer ! L'escalade de la violence, la transformation physique, la paranoïa qui l'anime avant même le drame familial qui survient en font l'élément différenciant du film, qui lui permet de rentrer dans une autre dimension. Celle des films qui feront date et dont on gardera un souvenir impérissable. Non pas celui d'une scène précise, mais celui d'une impression laissée, ressentie ; celui d'un état d'esprit dans lequel le film nous aura plongés pendant un bon moment. Enfin, impossible de ne pas aborder la mise en scène superbe de Villeneuve. On est tenus à la gorge sans que rien ne nous soit caché ou presque (juste l'élément final de l'enquête). La lumière est sublime, les plans sont magistraux. L'esthétique du film et la tension qui s'en dégage m'ont beaucoup fait penser au déjà très bon Zodiac, d'un certain David Fincher. Et on sait tous ce qu'être comparé à Fincher veut dire...

MA NOTE : 3/4


Numéro 7 : Mud



Personnage principal de ce film tourné à travers ses yeux, le jeune adolescent Ellis est joué par un excellent Tye Sheridan qui, s'il continue comme ça, percera sans soucis dans le cinéma. Sa faculté à accrocher la caméra, à être émotif ou drôle quand il le faut font de lui un véritable atout de ce film marquant. On y constate aussi que Mathew McConaughey a définitivement pris un virage important dans sa carrière en se tournant vers des films et des rôles davantage qualitatifs que les merdes qu'il faisait à ses débuts. Il incarne ici Mud, personnage qui fait office d'élément déclencheur de l'histoire et qui va la faire dévier vers une quête de la vérité et de l'amour pour les deux jeunes pris sous son aile. L'amour et ses limites est d'ailleurs n thème largement abordé par le film, de manière assez juste. Les décors sont frappants et nous immergent dans ce "village" où tout semble se réunir autour de l'eau, élément omniprésent et central du film. Ce film m'a fait le même effet que Super 8, sorti il y a deux ans, tant la justesse des jeux adolescents et de leurs problématiques ainsi que leur façon d'interagir avec le monde me semble juste.

MA NOTE : 3/4


Numéro 6 : Gravity


Alfonso Cuaron a fait trois films assez connus, mais le grand public peut se faire une image de lui grâce au troisième volet d'Harry Potter, Le Prisonnier d'Azkaban. Sur les huit films, il s'agissait du seul dans lequel on remarquait une "patte" du réalisateur, une personalité autre que celle tirée des livres, ce qui en faisait à mon goût le meilleur film de la saga, alors que les studios le lui avaient reproché et avaient continué avec des réalisateurs de la BBC à qui ils avaient justement demandé la plus grande neutralité dans le traitement de l'histoire. Après le sortie en 2006 de Les Fils de l'Homme, adoré ou détesté, le Mexicain a pris son temps pour mettre sur pied un projet ultra novateur consacré à l'espace. L'objectif : offrir au spectateur une expérience unique et hyper réaliste de vie dans l'espace, en montrant les meilleurs côtés comme les pires. Pour être en orbite autour de la Terre à 600km d'altitude, les satellites doivent avancer à 8 km/s, soit près de 30 000 km/h. Trois fois plus vite qu'une balle de révolver. Cet élément que nous, spectateurs lambdas, avons du mal à intégrer, les personnages principaux de Gravity vont eux avoir à y faire face de plein fouet. En effet, lors de la destruction d'un satellite, les débris continuent de dériver à la même vitesse, et deviennent une menace à prendre très au sérieux pour tous ceux qui se retrouvent à a même altitude et sur le même rayon orbital. Le film nous montre ainsi une équipe d'astronautes en mission pour réparer un satellite lorsque les débris d'un autre satellite viennent les percuter et mettre en danger leur situation. Les seuls rescapés de cette collision sont le Docteur Stone (Sandra Bullock) et un "doyen" de l'espace, Matt Kowalski (George Clooney). Si ce dernier est parfait dans son rôle, je dois dire que l'un des rares défauts du film est la crédibilité du personnage interprété par Sandra. Émotionnellement instable, elle a perdu son enfant et se sent coupable, et est interprété par une actrice au visage déformé par le botox... Il est difficile de croire que quelqu'un comme ça ait été choisi pour être envoyé dans l'espace ! Seulement, le film réussit à nous faire oublier ce malentendu par sa force et par l'intensité de son histoire. En une heure et demi tournée en quasi temps réel, nous resterons bouche-bée, les yeux scotchés sur le devenir du Docteur Stone. Sa seule mission ne devenant rapidement plus que survivre, elle passera par de nombreuses étapes décisives avant de pouvoir espérer s'en sortir. Alors que nous prenons la dimension de notre monde et de notre existence, nous prenons après coup la dimension de l'importance des détails. Où l'arrivée dans une station spatiale ne se doit qu'à la présence d'un extincteur à portée de main... Après visionnage du film, vous aurez le plaisir de vous remémorer chaque détail qui a permis un tel parcours du personnage principal, et à quoi tout cela s'est joué. Vous avez peut-être entendu des spécialistes de l'espace à la radio ou à la télé en parler : tout dans ce film est conforme à la réalité de l'espace, de l'absence totale de sons à l'impossibilité de se mouvoir sans outil spécifique à propulsion en passant par les écarts de température. Grandiose, le film incarne à merveille la notion de "cinéma spectacle" dans le meilleur sens possible, vous emportant loin, très loin de votre fauteuil. A voir sur le plus grand écran possible, en 3D et dans une salle bien équipée au niveau son (car si l'espace est muet, le film, lui, ne l'est pas, et jouit d'un son surround au top de ce qui se fait).

MA NOTE : 3/4


Numéro 5 : Pacific Rim


"Encore un gros navet", "Un mélange douteux entre Transformers et Godzilla" ou encore "La sympathique daube d'action de l'été", tels étaient les qualificatifs les plus courants que l'on pouvait entendre suite à la diffusion des premières bandes annonces il y a quelques semaine de cela. A dire vrai, la communication de ce film donne de l'eau à mon moulin anti-bandes-annonces. L'once d'espoir venait en fait du réalisateur, Guillermo Del Torro, connu pour son inventivité et le soin qu'il met à soigner chacune de ses créations. La première chose qui m'a frappée, c'est la qualité absolument dingue de l'image, que ce soit en terme de lumière, de 3D magistrale ou d'effets spéciaux. Le premier quart d'heure est un résumé d'évènements se produisant avant le véritable début de l'action et nous permet de très rapidement entrer dans le vif du sujet tout en ayant une vision globale de la situation. Et la situation est critique ; les grosses bébètes qui attaquent la Terre en arrivant depuis un faille du Pacifique sont de pus en plus grosse et de plus en plus féroces. Pour nous défendre, les armées de tous les pays du monde se sont alliées pour construire des robots de combat de la taille de la tour Montparnasse. Ils sont pilotés par deux pilotes qui connectent directement leur cerveau à la machine mais également entre eux, la charge neuronale étant trop forte pour un seul pilote. Pour que l'opération fonctionne, il faut d'abord trouver un pilote compatible, ce qui n'est pas aisé. C'est là la seconde partie du film, fort intéressante, où l'on découvre peu à peu le personnage principal et où l'on jongle entre les souvenirs des différents protagonistes qui font surface lorsqu'ils "dérivent", soit se connectent au robot. On est alors dans une sorte d'Inception où les personnages revivent les moments les plus forts de leur vie en les partageant avec leur copilote. S'ensuit une phase de baston de superbe qualité visuelle au cours de laquelle nos héros réalisent le calvaire qui les attends. Les acteurs sont très bons, avec une mention spéciale au seconds rôles remarquables que sont Charlie Day et Ron Perlman, décidément toujours excellent. Le dénouement se fait sans aucune fausse note alors que le film semble passer à toute vitesse. C'est du grand spectacle, à la fois dans l'action comme dans le fantastique, les acteurs sont excellents et on trouve des touches d'humour qui font mouche. Vous l'aurez compris, c'est LE blockbuster de l'été qu'il faut voir, et peut-être même celui de 2013.

MA NOTE : 3/4


Numéro 4 : L'Inconnu du Lac


Le film a davantage fait parler de lui ces derniers temps comme étant une résonance de la loi autorisant le mariage gay que comme une création artistique à part entière. Les caméras des émissions de télé sois-disant cool, qui en fait sont pires que ce qu'elles dénoncent se sont mêmes branlées sur les images de jeunes catholiques effarés devant l'affiche du film qu'il trouvaient choquante. Quel dommage que de traiter de manière aussi basse et inintéressante la sortie d'un vrai bijou du cinéma français de cette année... Car c'est de ça dont il s'agit ! Un Long-métrage qui prend son temps, nous offre une atmosphère des plus prenantes et inquiétantes et une incertitude totale sur la façon dont tout va se terminer. Tout se passe autour d'un lac où se retrouvent des gays pour draguer et s'enculer dans les sous-bois adjacents. On voit pas mal de scènes de sexe filmées en gros plan sur les sexe, donc le film est à réserver à un public majeur. Mais ces séquences crues sont à mettre au service de l'histoire. Le personnage principal tombe amoureux d'un sosie de Magnum qu'il voit tuer son amant en le noyant au milieu du lac alors qu'il se croyait seul avec sa victime. Désormais libre, le dangereux mâle et le héros fébrile vont vivre une histoire d'amour qui, on le sent, peut vriller très rapidement du côté rouge de la jauge. Et notre gentil quidam prend tous les risques avec le ténébreux brun ; lui offrir son cœur aveuglément, le baiser sans capote et lui offrir sa carotide ou encore nager avec lui sur les lieux du crime qu'il l'a vu avoir commis. sur le fond comme sur la forme ce film est grandiose. On y découvre avec une grande justesse une faune méconnue, avec de très nombreux moments d'humour et sans jamais juger. Le film est fort, puissant, marquant, bien filmé avec de la retenue et magistralement interprété. Chapeau.

MA NOTE : 3/4


Numéro 3 : Zero Dark Thirty


Après avoir gagné l'Oscar du meilleur film en 2010 avec l'excellent Démineurs, raflant au passage le titre au nez et à la barbe de son ex-mari James Cameron qui présentait cette année là un film techniquement révolutionnaire, Kathryn Bigelow revient trois ans plus tard avec un nouveau film traitant de la guerre que mènent les Etats Unis au Moyen Orient. Ici, il s'agit de suivre une analyste de la CIA dans ses recherches pour traquer Ben Laden. Le film est traité de la façon la plus neutre possible et nous fait part de tous les aspects d'une telle entreprise ; la torture et toutes les séquelles qui en découlent de part et d'autre, la difficulté à recueillir, analyser et mettre en lien l'immense quantité de témoignages et la façon dont l'oncle Sam se croit partout chez lui. Jessica Chastain, toujours aussi formidable à l'écran, est le vecteur qui nous fait petit à petit nous rendre compte de la difficulté de la tâche qui lui est confiée. Les photos qui sont montrées aux prisonniers provoquent de leur part des dizaines de noms différents, qui ont déjà été donnés pour d'autres photos qui elles-mêmes... Tout cela semble sans fin et sans espoir. A ce titre, si de nombreuses critiques ont comparé Zero Dark Thirty au précédent travail de la réalisatrice, me vient plutôt à l'esprit le très bon Green Zone, qui, de la même manière, traitait de l'impossibilité pour les Etats Unis de trouver des armes de destruction massives en Irak et de leur difficulté à traiter les tonnes d'informations (souvent fausses) qui leur parvenaient. Trouver Oussama peut paraitre superflu et symbolique, toujours est-il que ce projet est véritablement prenant grâce au tempo serré que le film suit. On assiste à de nombreux rebondissements qui font tantôt avancer, tantôt reculer l'histoire. Il faut savoir que Bigelow a commencé à travailler sur ce film avant que Ben Laden soit déterré de son trou et exécuté. Elle devait donc terminer son film par un échec de l'armée américaine. Les faits lui ont fait modifier la fin de son film, qui, malgré le fait qu'elle soit connue, vous scotche à votre siège tant la tension et l'importance de la mission transpirent de l'écran. Au final, le film oscille parfaitement entre cinéma de fiction s'appuyant sur des faits réels (pour le meilleur cette fois-ci) parfaitement documentés, tension et malgré tout suspense dirai-je, avec un traitement honnête et pas tendre du tout avec les USA (torture généralisée et exécution de Ben Laden commanditée sans jamais avoir parlé de le capturer pour le juger). Une œuvre forte qui mérite largement d'être vue.

MA NOTE : 3/4


Numéro 2 : Le Loup de Wall Street


Le Loup de Wall Street est la cinquième collaboration entre Scorsese et Leonardo DiCaprio, presque douze ans après Gangs of New York, en 2002. L'acteur fétiche qui a pris la place de De Niro auprès du maître cinéaste a à chaque fois démontré l'étendue de son talent et n'a jamais déçu, prouvant sans cesse qu'il progressait constamment et savait s'adapter aux différents univers dans lesquels il devait composer. Or, si Scorsese a à de nombreuses fois narré des histoires prenant place dans tous les milieux mafieux possibles et imaginables, de toute époque et avec des trafics correspondant aux besoins du moment, il s'aventure ici dans un genre moins connu pour lui, celui des gangsters en col blanc. Le film est concentré sur la vie professionnelle de Jordan Belfort, interprété donc par un DiCaprio au meilleur de sa forme. Le prometteur jeune homme issu de la classe moyenne américaine a de grandes ambitions et un talent inné pour la communication. Il saura en faire usage pour grimper les marches de la pyramide du succès, amassant des millions de dollars de façon plus que douteuse, pour lui permettre de vivre une vie d'excès en tout genre ; sexe, drogue, luxe et pouvoir. J'ai découvert un nouveau Scorsese capable de filmer des séquences "tarantinesques", à savoir des dialogues variants entre le sérieux le plus total et l'absurde, avec un immense potentiel comique. En ce sens, le déjeuner que DiCaprio passe avec Matthew McConaughey est une perle de cinéma jouissive au possible. Le film réussit aussi parfaitement à traiter de la finance en vulgarisant le sujet exactement comme de nécessaire pour apporter suffisamment de détails et ne pas perdre le spectateur. Amoral au possible, c'est une critique ouverte du capitalisme à tout prix prôné outre-atlantique qui nous est offerte ici, avec toute fois le dérangeant sentiment que l'on ne ferait pas différemment à la place de Léo. Son bras droit dans le film est interprété par le génial Jonah Hill, qui évolue ici dans une atmosphère idéale pour lui, lui permettant de jongler entre émotivité, colère et bromance, avec toujours un potentiel comique hors du commun. Tout ceci est jubilatoire, même si cela peut choquer quelque peu. Mais après tout, comme le dit lui-même le personnage, l'argent qu'il prend à ses victimes aurait de toute façon été dépensé n'importe comment, pas vrai ? Alors pourquoi serait-il mal qu'il termine dans sa poche, car lui saura quoi en faire, comme les trois heures de film vont échouer à le démontrer. Captivant, drôle, critique, inquiétant, voilà ce qu'est ce nouveau bijou du maître Scorsese, véritable fresque déjantée du monde de la finance. Un chef d’œuvre, une réussite totale qui, comme un symbole, nous est arrivé comme un cadeau le 25 décembre.

MA NOTE : 4/4


Meilleur film de 2013 : Django Unchained


Un nouveau Tarantino à l'affiche est toujours un évènement sans nul autre équivalent dans le monde du cinéma. Il faut dire qu'il constitue, avec un mec comme Tim Burton, l'un des réalisateurs au monde qui a une vraie "patte" reconnaissable parmi des milliers (exception faite des son compère Robert Rodriguez peut-être). Seulement, un bon film n'est jamais autant apprécié que lorsque l'on doute de sa qualité au moment d'entrer dans la salle ; c'était le cas avec Django. Tanrantino, c'est d'un côté Reservoir Dogs, Pulp Fiction, Jackie Brown et Kill Bill entre 1992 et 2004. Seulement, c'est aussi Le Boulevard de la Mort et Inglourious Basterds de 2007 à 2009, deux films sympathiques mais pas du niveau du maître annoncé, surtout le dernier, nettement le moins bon de sa filmographie. Alors, sur la pente descendante Quentin ? Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que ce qui fait sa force réside dans les "temps faibles" de ses films, entre deux fusillades. C'est là qu'il a marqué de son empreinte ses films : Samuel L.Jackson et Travolta parlant de massage des pieds, la drague directe et crue DeNiro / Fonda, les conversations pré-action de Kill Bill ou encore les élucubrations diverses des femmes du Boulevard... Cet aspect avait été délaissé et bien moins saisissant lors de la seconde guerre mondiale revisitée, et il fallait un retour à un très haut niveau sur ce point précis pour retrouver du bon Tarantino. Quand les premières images défilent, on assiste directement à un Christopher Waltz comme toujours excellent, mais qui ici porte le film et crève l'écran. Son accent germanique et sa diction accrochent votre attention sans aucun effort. Jamie Foxx, lui, contrairement à mes craintes, n'en fait pas trop et se contente de jouer ce qu'il sait faire et de rester en retrait face à ses excellents partenaires. Car en plus d'un Waltz tonitruant, on trouve un Samuel L. Jackson du feu de Dieu en valet exécrable d'un Léonardo DiCaprio qui joue son premier rôle de méchant avec beaucoup de talent. Durant les 2h45 de film, les deux compères principaux enchainent les objectifs à court terme, nous invitant dans leur entreprise et nous procurant un délicieux plaisir. Comme toujours, l'humour noir, la dérision et le sanguinolent sont au rendez-vous, tout cela savamment mélangé. Le racisme est justement traité sans relâche ni excès, et surtout avec honnêteté vis à vis de l'époque. Le final est grandiose et clôt la plus belle aventure cinématographique du début de 2013, magistralement mise en scène par un Tarantino au meilleur de sa forme. Le petit plus ? Une bande originale comme d'habitude aux petits oignons, avec des musiques tranchant avec l'époque, comme un rap de Rick Ross sur un travelling de paysage désertique traversé par une calèche.

MA NOTE : 4/4

Joli doublé pour DiCaprio, qui apparaissait pourtant déjà dans le Pire 10 de 2013 et qui fait donc oublier le navrant Gatsby. Mais voilà que 2014 démarre et nous promet son lot de bons films. Rendez-vous début 2015 pour en discuter !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire