Pour les passionnés de cinéma, Noir Amer y compris, chaque nouveau film de David Fincher est un évènement immanquable. Pour l'immense majorité des spectateurs qui n'ont pas lu le livre dont Gone Girl est adapté, ce film est arrivé en comprenant une grande part de mystère, ne dévoilant pas le contenu de son scénario ni ses enjeux. La surprise, ainsi que le plaisir, demeurent ainsi entiers lors de la découverte du film. Gone Girl dure un peu moins de 2h30, et est en fait divisé en trois tiers d'à peu près 45 minutes chacun. Dans le premier, Fincher pose les bases de ce qui semble être un polar classique et fluide, parfaitement réalisé avec une image somptueuse (premier film jamais filmé en 6K !) dans les tons automnaux que le réalisateur affectionne tant. Ben Affleck, parfait en beau-gosse quadragénaire désabusé et un peu bête, porte le chapeau du meurtre de sa femme, disparue, qui nous dépeint une situation tendue où elle serait sujette aux violences quotidiennes de son mari, par le biais de son journal intime lu en voix off par elle-même. Alors que l'on est convaincu que le film va se dérouler tranquillement de cette façon jusqu'à la fin, l'intrigue change complètement d'angle et nous fait sortir du mécanisme mis en place par notre cerveau pour nous éveiller. Tout à coup, nous nous mettons à la place d'un Ben Affleck manipulé et victime d'un jeu malsain, que tout le monde voit coupable à tort. Rosamund Pike se transforme alors en architecte diabolique d'un plan qui fait froid dans le dos. L'actrice nous offre au passage une prestation de très haute volée. Un des aspects passionnants du film est la façon dont il nous montre le fonctionnement du système judiciaire américain. Affleck fait appel à l'avocat le plus stylé de l'histoire du cinéma pour le sortir de ce mauvais pas, et nous offre au passage une leçon de communication pour s'attirer l'empathie du peuple. Et, une fois de plus, alors que le film commence à trouver son équilibre et sa logique dans cette dynamique, le scénario se risque une nouvelle fois à chambouler tout ce que nous pensons être acquis et nous offre l'inattendu : une rencontre entre les deux personnages principaux, que l'on croyait impossible, sous forme de réconciliation hallucinatoire. Le dénouement final est plein de surprise, et ces changements permanents nous obligent à rester attentifs et plongés dans l'histoire à tout moment. Il s'agit là d'un tour de passe totalement réussi et fort habile du maître du thriller. Encore une nouvelle pépite au palmarès de Fincher, assurément dans les meilleurs films de l'année.
MA NOTE : 3/4
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=217882.html
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