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dimanche 22 mars 2020

Green Book : Sur les Routes du Sud

S'il a remporté l'Oscar du meilleur film en 2019, c'est parce que ce film traite de la ségrégation d'une façon inédite, à travers deux personnages que tout oppose : milieu social, références culturelles, couleur de peau, éducation, centres d'intérêt... Ce qui est intéressant aussi, c'est que c'est le Noir qui est la star aisée et le blanc issu du prolétariat, le gros bras dur à cuire au service du premier cité. C'est rare dans les états dans les états du Nord, mais encore plus dans ceux du Sud, où la ségrégation est une institution. Les deux rôles sont confiés à de grands acteurs que sont Mahershala Ali et Viggo Mortensen. Le personnage joué par le premier doit se confronter à une hostilité constante et généralisée dès qu'il se rend dans des lieux publics. On a beau avoir appris ça en cours d'histoire, ça n'en est pas moins choquant lorsqu'on y assiste à l'écran. La sauce qui fait que le film est un grand plat est l'humour omniprésent dans le long métrage. On rit très franchement, à gorge déployée, en alternant avec des moments assez durs. C'est cette alternance qui confère au film son caractère bien particulier. Réussite totale donc, pour un film qui traite d'un sujet grave avec finesse, au travers de la naissance d'une amitié improbable.

MA NOTE : 3/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=256661.html


samedi 21 mars 2020

Once Upon A Time... In Hollywood

Il y a deux pré-requis absolument nécessaires avant de regarder ce film, sans quoi vous ne comprendrez pas la fin. Premièrement, dans la vraie vie, Sharon Tate, alors épouse de Roman Polanski, s'est fait abattre alors qu'elle était enceinte de 8 mois, à son domicile par les adeptes de la secte de Charles Manson. Deuxièmement, Tarantino adore utiliser des faits historiques plus ou moins macabres pour les réécrire en en modifiant le déroulé et en donnant leur revanche aux opprimés : c'est le cas dans Inglourious Basterds, Django Unchained, et c'est aussi la base des Kill Bill, même si dans ce cas ce n'est pas basé sur des faits réels. Tarantino arbore le rôle du psy qui aide la société à digérer les faits historiques les plus difficiles à accepter en offrant une revanche aux victimes. C'est exactement le même mécanisme que quand vous êtes agressé dans votre quotidien et que vous vous refaites la scène le soir devant le miroir ou dans votre lit, en refaisant la fin pour que vous vous en sortiez mieux qu'en vrai. Ce nouveau film est une plongée fantastique dans le Los Angeles de 1969, avec un travail monstrueux sur les décors et les costumes. Plus spécifiquement, nous suivons deux compères, l'un acteur et l'autre doublure cascadeur, dans leurs métiers comme dans leur vie privée. Le duo DiCaprio / Brad Pitt détonne, et l'aîné crève l'écran à chaque fois qu'il y est. Brad impose un tel charisme, une telle confiance en lui aux autres personnages qu'il en devient presque méprisant sans avoir à rien dire. Lorsqu'il se rend, absolument seul, en plein cœur de la secte Manson, à aucun moment nous n'avons peur pour lui, bien qu'il soit entouré par une cinquantaine de membres plus ou moins hostiles. Ceci est rendu possible par la confiance en lui dégagée par l'acteur. On rit, on s'émerveille, on apprécie le travail conséquent fait dans tous les aspects du film, et en résulte un long-métrage de très grande qualité. Il existe un pseudo débat sur la violence présente dans les films de Tarantino. Franchement, si effectivement les 5 dernières minutes sont assez corsées, la violence apparaît "justifiée" car pour réparer une injustice historique, et franchement c'est tellement drôle que ça n'est pas dérangeant.

MA NOTE : 3/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=257482.html


vendredi 20 mars 2020

Joker

Voilà un film qui a fait polémique comme rarement. D'un côté, les fans de films de super-héros et de super vilains, peu habitués aux films de qualité, qui ont cru que c'était le meilleur film de l'année ; de l'autre, les bien-pensant prétentieux renvoyant ce film à un message d'encouragement pour le soulèvement des classes sociales défavorisées pour faire la révolution par tout moyen contre les plus aisés, soit une apologie à la violence pour éliminer le 1 pour-cent qui possède les 99%. Franchement, le film n'est ni l'un ni l'autre, et j'ai beaucoup de mal à comprendre qu'il ait suscité autant de commentaires. Les premiers manquent clairement de culture cinématographique, quand les seconds sont jaloux qu'un film qui ne leur ai pas été destiné et qui sorte de ce qui est habituellement acclamé par la critique plaise autant à une partie significative de la population. D'un point de vue scénaristique, je ne comprends en fait pas l'intérêt de faire ce film. Que va nous apporter le fait de savoir pourquoi le Joker est devenu ce qu'on en a vu dans l'adaptation de Tim Burton ou de Christopher Nolan ? Je trouve assez lourd le fait que tout lui tombe sur la tête systématiquement. Ok, nous avons affaire au type le plus malchanceux de la planète : handicapé, élevé par une tarée, maltraité, pauvre, travailleur précaire, probablement puceau, bègue et incroyablement naïf. C'est une liste non exhaustive, vous y ajouterez ce que vous voudrez. Joaquin Phoenix s'est vu attribuer l'Oscar du meilleur acteur, sans que je comprenne bien pourquoi, lui que j'aime pourtant énormément, mais dont la prestation dans l'excellent Her, par exemple, me paraît bien meilleure, et alors même qu'il y avait en face de lui de sérieux prétendants. L'image est belle, mais c'est surtout le son que je voudrais mettre à l'honneur, puisque c'est à mon avis le point le plus réussi du film, avec notamment une bande originale magnifique qui colle parfaitement à l'histoire. C'est un bon film qui ne révolutionne pas le genre, avec des moments forts comme des longueurs, et pas mal de lourdeurs.

MA NOTE : 2/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=258374.html

La Planète des Singes - Suprématie

Le premier volet était intéressant et posait les jalons d'une trilogie prometteuse. Le second volet, L'Affrontement, nous confortait dans le fait que les gens qui ont travaillé sur ces trois films l'ont fait avec dévouement et ont eu à cœur de faire de la qualité. Suprématie est le troisième et dernier volet, réalisé comme le précédent par le bon Matt Reeves. C'est de loin le meilleur des trois volets de la saga. Le ton est plus grave que dans les précédents, on sent l’atmosphère pesante dès le début. Les protagonistes, dont le chef César, ont vieilli et sont clairement sur le déclin. Les paysages sont magnifiques et c'est filmé comme dans un western des plus belles heures de ce genre si particulier, en laissant la part belle aux grands espaces, puis en alternant sur des plans resserrés sur les visages. On ne s'ennuie pas un instant, car le film fait varier avec brio les différentes étapes du film. La seconde moitié dans le camp qui renvoie aux camps d'extermination nazi est un pur moment jubilatoire et un très grand moment de cinéma, entre Les Evadés, un documentaire sur la seconde guerre mondiale et un film post apocalyptique, avec un chef humain inspiré de Marlon Brando dans Apocalypse Now. Ce méchant est génial car crédible et droit dans ses bottes car inflexible sur son discours, qu'il applique d'ailleurs lui-même lorsqu'il est concerné. Ce film clôt de la plus belle des manière ce qui est la meilleure saga des années 2010.

MA NOTE : 3/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=226244.html

Atomic Blonde

De toute évidence, il s'agit d'un film d'action comme en a vu des dizaines et comme on en verra une pelletée dans les années à venir. Tout petit scénario, scènes qui se succèdent sans que ça fasse réellement sens, motivations tirées par les cheveux, méchant qui devait être une surprise qui n'en est finalement pas une... Quelques scènes de castagne qui valent le coup. Le réalisateur voulait jouer sur le contraste femme fatale de Chalize Theron qui se salit, que ce soit au sens propre (on peut se salir au sens propre ?) ou au sens figuré en accomplissant des basses œuvres. Le Berlin de la guerre froide est très cinématographique et confère à l'ensemble une ambiance agréable à regarder, mais le film est très vite oublié après visionnage, ce qui n'est pas plus mal.

MA NOTE : 1/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=237763.html

Detroit

Detroit retranscrit une partie des événements dramatiques qui se sont déroulés dans la ville éponyme en 1967. Vols, émeutes, bavures, racisme, tout ceci est au menu d'un film assez long, où Katryn Bigelow pose ses dominos un par un pour nous emmener doucement là où elle le souhaite, et là où personne n'a envie de regarder : précisément où ça fait mal. Les images d'archives sont intercalées dans l'introduction pour que nous puissions avoir un retour de l'ambiance authentique qui régnait dans la ville à cette époque. La réalisatrice, déjà oscarisée pour l'excellent Démineurs, a beaucoup de talent et sait comment appuyer sur ce qui n'a pas assez été dit à son goût ; les noirs de Détroit ont beaucoup été critiqués pour leur comportement à ce moment là, et peu de médias ont fait l'écho des violences qu'ils subissaient et dont ils étaient victimes. La majeure partie du film va se passer dans un hôtel en huis-clos, avec d'un côté des policiers blancs, de l'autre des jeunes gens, dont quelques musiciens, noirs, et au milieu de tout ça, un agent de sécurité noir joué avec talent par John Boyega. Ce dernier personnage est passionnant, car pris en tenaille entre sa profession qui le renvoie à se rapprocher de ses (plus ou moins) "collègues" policiers, et de l'autre l'injustice à laquelle il assiste en constatant que d'autres noirs sont de toute évidence abusés par des hommes qui bravent la loi alors qu'ils sont censés la représenter, dans des excès d'autoritarisme dingues. Le film est malaisant, désagréable, et pourtant mené de main de maître. La pire injustice étant en fait la dernière, lorsque la défense du groupe de policiers criminels consiste à faire porter le chapeau à l'agent de sécurité noir.

MA NOTE : 3/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=244774.html


jeudi 19 mars 2020

Millenium : Ce Qui Ne Me Tue Pas

Voilà la cinquième adaptation cinématographique issue de la saga littéraire à succès initiée par Stieg Larsson il y a une quinzaine d'années. Il y a beaucoup à dire tant sur l'aspect littéraire, où le quatrième volet éponyme est le premier à ne pas avoir été écrit par Larsson, décédé après l'écriture des trois premiers, que sur l'aspect cinématographique, où la trilogie originelle avait été adaptée dans un style académique en respectant à la lettre le texte de l'auteur, et avec une adaptation unique du tout premier volet signée David Fincher, magistrale sur le forme, mais dont la fin avait été réécrite et n'avait aucun sens. Pour ce quatrième Millenium, les cartes sont donc complètement redistribuées, puisque c'est pour la première fois David Lagercrantz qui en est l'auteur et qu'il n'a pas le talent de Stieg Larsson, et le réalisateur est un dénommé Fede Alvarez, inconnu au bataillon. Le casting est également revu de fond en comble, avec Claire Foy en tête d'affiche. Cela fait sens, puisque c'est pour la première fois Lisbeth Salander qui a le rôle de personnage principal. Il est clair qu'elle souffre la comparaison avec les deux superbes prestations de Rooney Mara et Noomi Rapace et ne leur arrive pas à la cheville. L'interprète de Mikael Blomkvist est nul, inexistant, inutile, ce qui est un énorme problème. J'avais lu le livre une semaine avant de voir le film, et le visionnage m'a choqué : le film ne reprend presque rien du livre, qui est bien sans être un chef d’œuvre. Tout est réécrit, sans que je comprenne pourquoi (cela peut avoir du sens pour raccourcir certains passages, dynamiser les séquences...). Le problème, c'est que plus rien n'a de sens ni d'intérêt. J'ai rarement vu un montage aussi calamiteux. Tout est fait pour rendre le spectateur hermétique à ce qui se passe à l'écran. On s'ennuie ferme, et les scènes d'actions sont dignes d'un téléfilm à petit budget. La méchante est ridicule, les flashbacks lourdingues, et le film est long... Tout ceci sent l'échec à plein nez. A éviter absolument.

MA NOTE : 0/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=242475.html

Astérix - Le Secret de la Potion Magique

C'était LE film de Noël 2018 pour toute la famille, et c'est un carton, tant au niveau du box-office que de la réussite au niveau artistique. Première, et c'est ce qui frappe en premier, l'image est sublime. Sérieusement, l'animation a vraiment fait un bond en avant et on le voit sur ce film, où le travail sur la lumière et bluffant. Les passages entre forêt dense, clairsemée et clairière sont d'une justesse dingue. L'histoire, elle aussi, est intéressante et colle aux sujets d'actualité : travail des seniors, dépendance, difficulté de recruter du personnel qualifié... Tout ça sur fond de Top Chef, avec de l'humour bien dosé et un rythme soutenu. A voir donc, sans appréhension ni retenue.

MA NOTE : 3/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=244560.html

First Man - Le Premier Homme sur la Lune

Après les magnifique Whiplash et La La Land, tous deux salués par la critique, tout nouveau film réalisé par Damien Chazelle devient forcément très attendu. La musique n'est cette fois-ci plus au centre du film. Le jeune réalisateur a choisi de dépeindre la carrière du mondialement célèbre Neil Armstrong, le premier homme à avoir posé le pied sur la Lune. C'est Ryan Gosling qui campe l'astronaute, lui partage avec son personnage cet aspect mutique et introverti qui lui sied à ravir et qui a fait sa renommé. Il continue donc sa collaboration avec Chazelle, et campe de fort belle manière cet homme dont tout le monde connaît le nom sans pour autant savoir qui il était. Il est intéressant de découvrir, pour la grande majorité des spectateurs je pense, tous les aléas et toutes les difficultés auxquelles se sont confrontés les Américains avant de réussir leur mission, un soir de juillet 1969. Il faut dire que les Russes avaient jusque là raflé tous les records de précocité en matière de conquête spatiale, et que les Etats-Unis avaient fait de la conquête de la Lune un enjeux politique majeur. L'image est sublime, le traitement du son également, extrêmement réaliste lorsque Buzz et Neil son sur la Lune. Enfin, il faut mentionner la part très important que le film accorde à Madame Armstrong, jouée par Claire Foy, sans qui son mari n'aurait pas pu accomplir la moitié de ce qu'il a fait. J'irai jusqu'à dire que le film est féministe tant il met l'accent sur l'importance de cette femme dans l'aventure qu'était la conquête de notre satellite naturel.

MA NOTE : 3/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=135374.html


The Last Girl

Si le nom de Colm McCarthy ne vous dit rien, c'est normal. Le bonhomme n'était avant la sortie de ce film connu que pour avoir été derrière la caméra pour réaliser des épisodes de série. Du travail de commande donc, sur lequel il a pu se faire la main sans apposer sa patte. La singularité du film vient de son scénario, pas de la réalisation, qui est intéressante sans être ébouriffante. Le premier tiers de l'histoire est, je trouve, fort intéressant car jamais traité aussi consciencieusement. Les "zombis" sont là et ont envahi le monde. Nous sommes au sous-sol d'une base militaire scientifique où l'on suit une institutrice donner des cours à des enfants traités comme des menaces. La façon dont ils sont considérés par l'ensemble du corps militaire nous interpelle, puisque si on les croit, les enfants sont des monstres dont il faut se méfier, eux qui ont pourtant l'air parfaitement inoffensifs. Le film prend une autre tournure lorsque les protagonistes doivent fuir la base, et la dernière partie londonienne est en dessous du reste du film. Mais les idées directrices du film sont très bonnes. Notamment la façon dont les enfants résistent au champignon responsable et se sont adaptés. La fin est un happy ending hasardeux mais qui ne gâche toutefois pas le film.

MA NOTE : 3/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=236389.html