Si 2012 était l'année où les super-héros étaient en crise et montraient un peu plus de leur humanité en dévoilant leurs faiblesses, 2013 a bel et bien été une année cinématographique marquée par la sortie en salles de films réalisés par les plus grands réalisateurs de ce monde. Tarantino, Bigelow, Scorsese, Peter Jackson, Zemeckis, Kechiche, Ozon, James Gray, Refn, Paul Thomas Anderson, les frères Cohen, Jeff Nichols, Farhadi, JJ Abrams, Guillermo del Toro, Almodovar, Allen, Polanski et cette liste n'est pas exhaustive ; tous ont sorti un film en cette année 2013. Et force est de constater qu'ils ont en majorité obtenu de très belles critiques de la part de Noir Amer, en témoigne le Top 10 qui suit. Mais 2013 aura également été une année remplie de petites surprises qui ont mérité le détour, à l'image de l’attendrissant Le Temps de l'Aventure. Mention spéciale donc aux films suivants qui ont raté le Top 10 d'un cheveu : Flight, Au Bout du Conte, Quartet, Star Trek Into Darkness, Jimmy P, Conjuring : Les Dossiers Warren, La Vénus à la Fourrure et Take This Waltz.
Mais trêve de plaisanterie, pas de place pour les losers. Voici donc les 10 meilleurs films de 2013 notés par Noir Amer.
Numéro 10 : Capitaine Philipps
Nombreux sont ceux, et j'en faisais partie, qui craignaient que ce film
soit trop patriotique et soit une nouvelle tentative de montrer aux yeux
du reste du monde que les USA sont au-dessus de tout, lois comprises.
C'est en effet ce que la campagne de communication promotionnelle
laissait craindre. C'était sans compter sur le fait que le réalisateur,
l'excellent Paul Greengrass, est britannique et n'a que faire de la
bannière étoilée. Le réalisateur de deux épisodes remarqués de la saga Jason Bourne et du très bon Green Zone
n'a pas l'habitude d'être tendre et de retenir sa vision critique du
monde d'aujourd'hui. Il avait d'ailleurs été repéré par un large public
avec Bloody Sunday, sorti en 2002, qui traitait du conflit
politico-religieux en Irlande. Autrement dit, les situations de crises
en tout genre, Greengrass connaît, et il maîtrise à la perfection. Dans Capitaine Philipps,
il explore une nouvelle facette de la peur moderne ; après la guerre
civile, l'infiltration liée à l'espionnage et la lutte contre le
terrorisme arrive le problème de la piraterie et de la prise d'otage.
Comme à son habitude, tout est filmé de manière très brut, caméra à
l'épaule, de manière à ce que l'on ait l'impression d'assister à un
documentaire. Tom Hanks livre une prestation exceptionnelle, de la même
façon que le leader des pirates, Barkhad
Abdi, nouvelle sensation hollywoodienne. Après un quart d'heure de
film, l'action est lancée et le film vous tiendra en haleine pendant
deux heures. C'est d'abord le stress naturel lié à la traversée d'une
zone connue dangereuse qui s'empare de vous, puis la menace qui pointe
le bout de son nez, puis l'attaque, la confrontation et la situation de
cohabitation violente qui s'installe sur le bateau. Le duel entre les
deux acteurs principaux est magistral et restera dans les annales.
Scotché à l'écran, vous n'avez plus la notion du temps et êtes
totalement investi émotionnellement avec les membres de l'équipage. Vous
vous demandez comment vous réagiriez dans de telles circonstances, et
vous vous rendez compte que le Capitaine Philipps fait vraiment du bon
boulot. La situation dégénère, et plus elle est sensible, moins vous
savez comment elle va évoluer, contrairement à une majorité de film où
l'on sait très bien comment ça va se terminer. C'est assurément un des
films forts de 2013, sans doute le meilleur film d'action, de suspense
et qui devrait bien figurer aux prochains Oscar. A voir absolument !
MA NOTE : 3/4
Numéro 9 : Le Passé
Asghar Farhadi, rendu célèbre par son précédent film Une Séparation
qui avait remporté notamment le César 2012 du meilleur film étranger,
le Golden Globe du meilleur film étranger et l'Oscar du meilleur film en
langue étrangère la même année revient avec un film toujours dramatique
se passant dans le cercle familial. Avec Le Passé, le réalisateur
confirme qu'il sait comme personne porter le vaudeville à l'écran et se
pencher sur les difficultés de la vie du foyer au quotidien. Ici,
l'intrigue n'est pas révélée d'un coup sec, bien au contraire, mais est
dévoilée progressivement, strate par strate, indice après indice au
spectateur. Le film est lent, c'est sûr, mais cette lenteur sert
l'histoire. Elle nous permet de faire connaissance avec chaque membre de
cette famille éclatée. Les acteurs sont d’ailleurs excellents (surtout
les hommes je trouve), et l'on a l'impression à l'issue du long-métrage
d'avoir passé du temps avec de vraies personnes et pas d'être allé au
cinéma ; cela est dû à la force de la narration et du caractère très
travaillé de chaque personnage. Ça c'est du cinéma !
MA NOTE : 3/4
Numéro 8 : Prisoners
Le dernier film de Denis Villeneuve, Incendies, avait remporté de
nombreux prix, au festival Sundance, à la Mostra de Venise, aux BAFTA
Awards, mais surtout le César et l'Oscar du meilleur film étranger.
D'ailleurs, Noir Amer l'avait fait figurer dans son Top 10 de 2011.
C'est donc avec de gros espoirs que nous avons découvert ce film qui
marque le passage du réalisateur à un univers nouveau pour lui : celui
des gros studios américains, avec un casting XXL. Et il y avait à boire
et à manger dans ce casting, car si Paul Dano et Jake Gyllenhaal
défraient la chronique, Hugh Jackman est davantage au premier plan de
navets pour décérébrés qu'autre chose, et sa qualité de jeu d'acteur
laissait jusqu'alors largement à désirer. Il se trouve que si Paul Dano
est la hauteur de sa réputation dans ce film, Jake illumine l'écran à
chacune de ses apparitions. Son personnage, bourré de tiques et donnant
l'impression de sans cesse luter pour ne pas sortir de ses gonds donne
une impression de puissance qui n'est pas maitrisée et qui du coup se
traduit par une fragilité perceptible. La grosse surprise du
long-métrage, c'est Hugh Jackman. Il est bon. Oui, ce mec est capable
est capable de bien jouer ! L'escalade de la violence, la transformation
physique, la paranoïa qui l'anime avant même le drame familial qui
survient en font l'élément différenciant du film, qui lui permet de
rentrer dans une autre dimension. Celle des films qui feront date et
dont on gardera un souvenir impérissable. Non pas celui d'une scène
précise, mais celui d'une impression laissée, ressentie ; celui d'un
état d'esprit dans lequel le film nous aura plongés pendant un bon
moment. Enfin, impossible de ne pas aborder la mise en scène superbe de
Villeneuve. On est tenus à la gorge sans que rien ne nous soit caché ou
presque (juste l'élément final de l'enquête). La lumière est sublime,
les plans sont magistraux. L'esthétique du film et la tension qui s'en
dégage m'ont beaucoup fait penser au déjà très bon Zodiac, d'un certain David Fincher. Et on sait tous ce qu'être comparé à Fincher veut dire...
MA NOTE : 3/4
Numéro 7 : Mud
Personnage principal de ce film tourné à travers ses yeux, le jeune
adolescent Ellis est joué par un excellent Tye Sheridan qui, s'il
continue comme ça, percera sans soucis dans le cinéma. Sa faculté à
accrocher la caméra, à être émotif ou drôle quand il le faut font de lui
un véritable atout de ce film marquant. On y constate aussi que Mathew
McConaughey a définitivement pris un virage important dans sa carrière
en se tournant vers des films et des rôles davantage qualitatifs que les
merdes qu'il faisait à ses débuts. Il incarne ici Mud, personnage qui
fait office d'élément déclencheur de l'histoire et qui va la faire
dévier vers une quête de la vérité et de l'amour pour les deux jeunes
pris sous son aile. L'amour et ses limites est d'ailleurs n thème
largement abordé par le film, de manière assez juste. Les décors sont
frappants et nous immergent dans ce "village" où tout semble se réunir
autour de l'eau, élément omniprésent et central du film. Ce film m'a
fait le même effet que Super 8,
sorti il y a deux ans, tant la justesse des jeux adolescents et de
leurs problématiques ainsi que leur façon d'interagir avec le monde me
semble juste.
MA NOTE : 3/4
Numéro 6 : Gravity
Alfonso Cuaron a fait trois films assez connus, mais le grand public
peut se faire une image de lui grâce au troisième volet d'Harry Potter, Le Prisonnier d'Azkaban.
Sur les huit films, il s'agissait du seul dans lequel on remarquait une
"patte" du réalisateur, une personalité autre que celle tirée des
livres, ce qui en faisait à mon goût le meilleur film de la saga, alors
que les studios le lui avaient reproché et avaient continué avec des
réalisateurs de la BBC à qui ils avaient justement demandé la plus
grande neutralité dans le traitement de l'histoire. Après le sortie en
2006 de Les Fils de l'Homme, adoré ou détesté, le Mexicain a pris
son temps pour mettre sur pied un projet ultra novateur consacré à
l'espace. L'objectif : offrir au spectateur une expérience unique et
hyper réaliste de vie dans l'espace, en montrant les meilleurs côtés
comme les pires. Pour être en orbite autour de la Terre à 600km
d'altitude, les satellites doivent avancer à 8 km/s, soit près de 30 000
km/h. Trois fois plus vite qu'une balle de révolver. Cet élément que
nous, spectateurs lambdas, avons du mal à intégrer, les personnages
principaux de Gravity vont eux avoir à y faire face de plein
fouet. En effet, lors de la destruction d'un satellite, les débris
continuent de dériver à la même vitesse, et deviennent une menace à
prendre très au sérieux pour tous ceux qui se retrouvent à a même
altitude et sur le même rayon orbital. Le film nous montre ainsi une
équipe d'astronautes en mission pour réparer un satellite lorsque les
débris d'un autre satellite viennent les percuter et mettre en danger
leur situation. Les seuls rescapés de cette collision sont le Docteur
Stone (Sandra Bullock) et un "doyen" de l'espace, Matt Kowalski (George
Clooney). Si ce dernier est parfait dans son rôle, je dois dire que l'un
des rares défauts du film est la crédibilité du personnage interprété
par Sandra. Émotionnellement instable, elle a perdu son enfant et se
sent coupable, et est interprété par une actrice au visage déformé par
le botox... Il est difficile de croire que quelqu'un comme ça ait été
choisi pour être envoyé dans l'espace ! Seulement, le film réussit à
nous faire oublier ce malentendu par sa force et par l'intensité de son
histoire. En une heure et demi tournée en quasi temps réel, nous
resterons bouche-bée, les yeux scotchés sur le devenir du Docteur Stone.
Sa seule mission ne devenant rapidement plus que survivre, elle passera
par de nombreuses étapes décisives avant de pouvoir espérer s'en
sortir. Alors que nous prenons la dimension de notre monde et de notre
existence, nous prenons après coup la dimension de l'importance des
détails. Où l'arrivée dans une station spatiale ne se doit qu'à la
présence d'un extincteur à portée de main... Après visionnage du film,
vous aurez le plaisir de vous remémorer chaque détail qui a permis un
tel parcours du personnage principal, et à quoi tout cela s'est joué.
Vous avez peut-être entendu des spécialistes de l'espace à la radio ou à
la télé en parler : tout dans ce film est conforme à la réalité de
l'espace, de l'absence totale de sons à l'impossibilité de se mouvoir
sans outil spécifique à propulsion en passant par les écarts de
température. Grandiose, le film incarne à merveille la notion de "cinéma
spectacle" dans le meilleur sens possible, vous emportant loin, très
loin de votre fauteuil. A voir sur le plus grand écran possible, en 3D
et dans une salle bien équipée au niveau son (car si l'espace est muet,
le film, lui, ne l'est pas, et jouit d'un son surround au top de ce qui
se fait).
MA NOTE : 3/4
Numéro 5 : Pacific Rim
"Encore un gros navet", "Un mélange douteux entre Transformers et Godzilla"
ou encore "La sympathique daube d'action de l'été", tels étaient les
qualificatifs les plus courants que l'on pouvait entendre suite à la
diffusion des premières bandes annonces il y a quelques semaine de cela.
A dire vrai, la communication de ce film donne de l'eau à mon moulin
anti-bandes-annonces. L'once d'espoir venait en fait du réalisateur,
Guillermo Del Torro, connu pour son inventivité et le soin qu'il met à
soigner chacune de ses créations. La première chose qui m'a frappée,
c'est la qualité absolument dingue de l'image, que ce soit en terme de
lumière, de 3D magistrale ou d'effets spéciaux. Le premier quart d'heure
est un résumé d'évènements se produisant avant le véritable début de
l'action et nous permet de très rapidement entrer dans le vif du sujet
tout en ayant une vision globale de la situation. Et la situation est
critique ; les grosses bébètes qui attaquent la Terre en arrivant depuis
un faille du Pacifique sont de pus en plus grosse et de plus en plus
féroces. Pour nous défendre, les armées de tous les pays du monde se
sont alliées pour construire des robots de combat de la taille de la
tour Montparnasse. Ils sont pilotés par deux pilotes qui connectent
directement leur cerveau à la machine mais également entre eux, la
charge neuronale étant trop forte pour un seul pilote. Pour que
l'opération fonctionne, il faut d'abord trouver un pilote compatible, ce
qui n'est pas aisé. C'est là la seconde partie du film, fort
intéressante, où l'on découvre peu à peu le personnage principal et où
l'on jongle entre les souvenirs des différents protagonistes qui font
surface lorsqu'ils "dérivent", soit se connectent au robot. On est alors
dans une sorte d'Inception où les personnages revivent les
moments les plus forts de leur vie en les partageant avec leur copilote.
S'ensuit une phase de baston de superbe qualité visuelle au cours de
laquelle nos héros réalisent le calvaire qui les attends. Les acteurs
sont très bons, avec une mention spéciale au seconds rôles remarquables
que sont Charlie Day et Ron Perlman, décidément toujours excellent. Le
dénouement se fait sans aucune fausse note alors que le film semble
passer à toute vitesse. C'est du grand spectacle, à la fois dans
l'action comme dans le fantastique, les acteurs sont excellents et on
trouve des touches d'humour qui font mouche. Vous l'aurez compris, c'est
LE blockbuster de l'été qu'il faut voir, et peut-être même celui de
2013.
MA NOTE : 3/4
Numéro 4 : L'Inconnu du Lac
Le film a davantage fait parler de lui ces derniers temps comme étant
une résonance de la loi autorisant le mariage gay que comme une création
artistique à part entière. Les caméras des émissions de télé
sois-disant cool, qui en fait sont pires que ce qu'elles dénoncent se
sont mêmes branlées sur les images de jeunes catholiques effarés devant
l'affiche du film qu'il trouvaient choquante. Quel dommage que de
traiter de manière aussi basse et inintéressante la sortie d'un vrai
bijou du cinéma français de cette année... Car c'est de ça dont il
s'agit ! Un Long-métrage qui prend son temps, nous offre une atmosphère
des plus prenantes et inquiétantes et une incertitude totale sur la
façon dont tout va se terminer. Tout se passe autour d'un lac où se
retrouvent des gays pour draguer et s'enculer dans les sous-bois
adjacents. On voit pas mal de scènes de sexe filmées en gros plan sur
les sexe, donc le film est à réserver à un public majeur. Mais ces
séquences crues sont à mettre au service de l'histoire. Le personnage
principal tombe amoureux d'un sosie de Magnum qu'il voit tuer son amant
en le noyant au milieu du lac alors qu'il se croyait seul avec sa
victime. Désormais libre, le dangereux mâle et le héros fébrile vont
vivre une histoire d'amour qui, on le sent, peut vriller très rapidement
du côté rouge de la jauge. Et notre gentil quidam prend tous les
risques avec le ténébreux brun ; lui offrir son cœur aveuglément, le
baiser sans capote et lui offrir sa carotide ou encore nager avec lui
sur les lieux du crime qu'il l'a vu avoir commis. sur le fond comme sur
la forme ce film est grandiose. On y découvre avec une grande justesse
une faune méconnue, avec de très nombreux moments d'humour et sans
jamais juger. Le film est fort, puissant, marquant, bien filmé avec de
la retenue et magistralement interprété. Chapeau.
MA NOTE : 3/4
Numéro 3 : Zero Dark Thirty
Après avoir gagné l'Oscar du meilleur film en 2010 avec l'excellent Démineurs,
raflant au passage le titre au nez et à la barbe de son ex-mari James
Cameron qui présentait cette année là un film techniquement
révolutionnaire, Kathryn Bigelow revient trois ans plus tard avec un
nouveau film traitant de la guerre que mènent les Etats Unis au Moyen
Orient. Ici, il s'agit de suivre une analyste de la CIA dans ses
recherches pour traquer Ben Laden. Le film est traité de la façon la
plus neutre possible et nous fait part de tous les aspects d'une telle
entreprise ; la torture et toutes les séquelles qui en découlent de part
et d'autre, la difficulté à recueillir, analyser et mettre en lien
l'immense quantité de témoignages et la façon dont l'oncle Sam se croit
partout chez lui. Jessica Chastain, toujours aussi formidable à l'écran,
est le vecteur qui nous fait petit à petit nous rendre compte de la
difficulté de la tâche qui lui est confiée. Les photos qui sont montrées
aux prisonniers provoquent de leur part des dizaines de noms
différents, qui ont déjà été donnés pour d'autres photos qui
elles-mêmes... Tout cela semble sans fin et sans espoir. A ce titre, si
de nombreuses critiques ont comparé Zero Dark Thirty au précédent travail de la réalisatrice, me vient plutôt à l'esprit le très bon Green Zone,
qui, de la même manière, traitait de l'impossibilité pour les Etats
Unis de trouver des armes de destruction massives en Irak et de leur
difficulté à traiter les tonnes d'informations (souvent fausses) qui
leur parvenaient. Trouver Oussama peut paraitre superflu et symbolique,
toujours est-il que ce projet est véritablement prenant grâce au tempo
serré que le film suit. On assiste à de nombreux rebondissements qui
font tantôt avancer, tantôt reculer l'histoire. Il faut savoir que
Bigelow a commencé à travailler sur ce film avant que Ben Laden soit
déterré de son trou et exécuté. Elle devait donc terminer son film par
un échec de l'armée américaine. Les faits lui ont fait modifier la fin
de son film, qui, malgré le fait qu'elle soit connue, vous scotche à
votre siège tant la tension et l'importance de la mission transpirent de
l'écran. Au final, le film oscille parfaitement entre cinéma de fiction
s'appuyant sur des faits réels (pour le meilleur cette fois-ci)
parfaitement documentés, tension et malgré tout suspense dirai-je, avec
un traitement honnête et pas tendre du tout avec les USA (torture
généralisée et exécution de Ben Laden commanditée sans jamais avoir
parlé de le capturer pour le juger). Une œuvre forte qui mérite
largement d'être vue.
MA NOTE : 3/4
Numéro 2 : Le Loup de Wall Street
Le Loup de Wall Street est la cinquième collaboration entre Scorsese et Leonardo DiCaprio, presque douze ans après Gangs of New York,
en 2002. L'acteur fétiche qui a pris la place de De Niro auprès du
maître cinéaste a à chaque fois démontré l'étendue de son talent et n'a
jamais déçu, prouvant sans cesse qu'il progressait constamment et savait
s'adapter aux différents univers dans lesquels il devait composer. Or,
si Scorsese a à de nombreuses fois narré des histoires prenant place
dans tous les milieux mafieux possibles et imaginables, de toute époque
et avec des trafics correspondant aux besoins du moment, il s'aventure
ici dans un genre moins connu pour lui, celui des gangsters en col
blanc. Le film est concentré sur la vie professionnelle de Jordan
Belfort, interprété donc par un DiCaprio au meilleur de sa forme. Le
prometteur jeune homme issu de la classe moyenne américaine a de grandes
ambitions et un talent inné pour la communication. Il saura en faire
usage pour grimper les marches de la pyramide du succès, amassant des
millions de dollars de façon plus que douteuse, pour lui permettre de
vivre une vie d'excès en tout genre ; sexe, drogue, luxe et pouvoir.
J'ai découvert un nouveau Scorsese capable de filmer des séquences
"tarantinesques", à savoir des dialogues variants entre le sérieux le
plus total et l'absurde, avec un immense potentiel comique. En ce sens,
le déjeuner que DiCaprio passe avec Matthew McConaughey est une perle de
cinéma jouissive au possible. Le film réussit aussi parfaitement à
traiter de la finance en vulgarisant le sujet exactement comme de
nécessaire pour apporter suffisamment de détails et ne pas perdre le
spectateur. Amoral au possible, c'est une critique ouverte du
capitalisme à tout prix prôné outre-atlantique qui nous est offerte ici,
avec toute fois le dérangeant sentiment que l'on ne ferait pas
différemment à la place de Léo. Son bras droit dans le film est
interprété par le génial Jonah Hill, qui évolue ici dans une atmosphère
idéale pour lui, lui permettant de jongler entre émotivité, colère et
bromance, avec toujours un potentiel comique hors du commun. Tout ceci
est jubilatoire, même si cela peut choquer quelque peu. Mais après tout,
comme le dit lui-même le personnage, l'argent qu'il prend à ses
victimes aurait de toute façon été dépensé n'importe comment, pas vrai ?
Alors pourquoi serait-il mal qu'il termine dans sa poche, car lui saura
quoi en faire, comme les trois heures de film vont échouer à le
démontrer. Captivant, drôle, critique, inquiétant, voilà ce qu'est ce
nouveau bijou du maître Scorsese, véritable fresque déjantée du monde de
la finance. Un chef d’œuvre, une réussite totale qui, comme un symbole,
nous est arrivé comme un cadeau le 25 décembre.
MA NOTE : 4/4
Meilleur film de 2013 : Django Unchained
Un nouveau Tarantino à l'affiche est toujours un évènement sans nul
autre équivalent dans le monde du cinéma. Il faut dire qu'il constitue,
avec un mec comme Tim Burton, l'un des réalisateurs au monde qui a une
vraie "patte" reconnaissable parmi des milliers (exception faite des son
compère Robert Rodriguez peut-être). Seulement, un bon film n'est
jamais autant apprécié que lorsque l'on doute de sa qualité au moment
d'entrer dans la salle ; c'était le cas avec Django. Tanrantino, c'est
d'un côté Reservoir Dogs, Pulp Fiction, Jackie Brown et Kill Bill entre 1992 et 2004. Seulement, c'est aussi Le Boulevard de la Mort et Inglourious Basterds
de 2007 à 2009, deux films sympathiques mais pas du niveau du maître
annoncé, surtout le dernier, nettement le moins bon de sa filmographie.
Alors, sur la pente descendante Quentin ? Ce qu'il faut bien comprendre,
c'est que ce qui fait sa force réside dans les "temps faibles" de ses
films, entre deux fusillades. C'est là qu'il a marqué de son empreinte
ses films : Samuel L.Jackson et Travolta parlant de massage des pieds,
la drague directe et crue DeNiro / Fonda, les conversations pré-action
de Kill Bill ou encore les élucubrations diverses des femmes du
Boulevard... Cet aspect avait été délaissé et bien moins saisissant lors
de la seconde guerre mondiale revisitée, et il fallait un retour à un
très haut niveau sur ce point précis pour retrouver du bon Tarantino.
Quand les premières images défilent, on assiste directement à un
Christopher Waltz comme toujours excellent, mais qui ici porte le film
et crève l'écran. Son accent germanique et sa diction accrochent votre
attention sans aucun effort. Jamie Foxx, lui, contrairement à mes
craintes, n'en fait pas trop et se contente de jouer ce qu'il sait faire
et de rester en retrait face à ses excellents partenaires. Car en plus
d'un Waltz tonitruant, on trouve un Samuel L. Jackson du feu de Dieu en
valet exécrable d'un Léonardo DiCaprio qui joue son premier rôle de
méchant avec beaucoup de talent. Durant les 2h45 de film, les deux
compères principaux enchainent les objectifs à court terme, nous
invitant dans leur entreprise et nous procurant un délicieux plaisir.
Comme toujours, l'humour noir, la dérision et le sanguinolent sont au
rendez-vous, tout cela savamment mélangé. Le racisme est justement
traité sans relâche ni excès, et surtout avec honnêteté vis à vis de
l'époque. Le final est grandiose et clôt la plus belle aventure
cinématographique du début de 2013, magistralement mise en scène par un
Tarantino au meilleur de sa forme. Le petit plus ? Une bande originale
comme d'habitude aux petits oignons, avec des musiques tranchant avec
l'époque, comme un rap de Rick Ross sur un travelling de paysage
désertique traversé par une calèche.
MA NOTE : 4/4
Joli doublé pour DiCaprio, qui apparaissait pourtant déjà dans le Pire 10 de 2013 et qui fait donc oublier le navrant Gatsby. Mais voilà que 2014 démarre et nous promet son lot de bons films. Rendez-vous début 2015 pour en discuter !
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