Pages

lundi 28 décembre 2015

Mon Roi

Voici le dernier film de Maïwenn, très attendu car le dernier, Polisse, fait partie des rares 4 étoiles décernées par Noir Amer. Ici, on se penche sur la rencontre de Tony (une femme jouée par Emmanuelle Bercot, récompensée pour ce rôle par le prix d'interprétation féminine au festival de Cannes) et Georgio (Vincent Cassel), qui les mènera à une rupture assez violente. Toute la partie rencontre, séduction, premiers émois du couple est très agréable à suivre, bien qu'on sache que cela ne durera pas ; le film se passe en flash-backs et on voit bien que Tony est détruite, physiquement et mentalement. Et puis, le film entre dans le coeur du sujet. Passée la phase merveilleuse de la découverte innocente, arrive la vie à deux et le quotidien. Georgio ne souhaite pas perdre sa liberté, ce qui saoule Tony, qui se braque et saoule Georgio à son tour. On a tous connu ça, et il y a bien quelques scènes de discorde qui feront mouche à vos yeux, vous rappelant quelques heures sombres de votre passé. Sauf que c'est la répétition des comportements immatures de Georgio qui épuise Tony, et donc le couple, et Maïwenn décode de nous montrer toutes ces scènes, en alternant les belles promesses et les déceptions. Et si Tony vit tout cela de moins en moins bien, il en va de même du spectateur, qui fatigue également de ce traitement. De plus, la narration du film lui ôte tout suspense, et vient un moment où le spectateur éprouvé se demande ce qu'il a encore à attendre du film. Le générique de fin, sans doute. Il y avait de l'idée derrière cette histoire, mais elle n'a à mon avis pas été assez travaillée pour l'adapter au cinéma en en faisant un film vraiment intéressant.

MA NOTE : 2/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=226416.html


It Follows

Cela fait bien longtemps qu'un film d'épouvante ne m'avait pas emballé de la sorte. Le dernier en date était Conjuring, sorti en 2013, qui était basé sur la peur et avait un style très classique. It Follows apporte une touche nouvelle, un vent de fraicheur à ce genre assez élimé. Nous suivons une jeune femme, Jay (jouée par la magnifique Maika Monroe), qui après un rapport sexuel se retrouve poursuivie par une chose qui peut prendre l'apparence de n'importe qui pour la tuer. La chose se dirige 24h/24 vers elle. Elle est lente, mais intelligente. Jay sait par celui qui a refilé la vilaine bestiole que si elle couche avec quelqu'un d'autre, c'est lui qui sera poursuivi à son tour, et ainsi de suite. Le film est bien ancré dans son époque : il incite Jay à contaminer son partenaire lors de rapports non protégés, ce qui laisse place à de nombreuses interprétations et analyses du film. Le film est graphiquement sublime, tant les plans sont travaillés, esthétiques, flippants par ce qu'ils montrent, ce qu'ils suggèrent et ce qu'ils cachent, toujours intelligemment conçus. La musique, sorte de pop acidulée post 80s mêlée à de l'électro, donne un air surréaliste au film et une véritable ambiance propre. Chose rare, le film est dénué des passages cyniques ou de remise en question du héros par ses compatriotes, déjà vus et donc souvent lourds, pour se focaliser sur le cœur de l'action. C'est le bijou de l'année, inattendu, frais, proposé par le jeune David Robert Mitchell qu'il faudra suivre.

MA NOTE : 3/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=228463.html


lundi 7 décembre 2015

Seul Sur Mars

Il semblerait que les années 10 nous offrent chaque année une superproduction dans l'espace, avec des ambitions d'être le plus réalistes possible. Après Gravity et Interstellar, Seul Sur Mars complète la découverte à l'extérieur de notre monde, en se focalisant sur Mars, et plus généralement notre système solaire. On retrouve Matt Damon, qui jouait déjà le connard égoïste et lâche dans Interstellar, dans le rôle principal de l'astronaute abandonné par son équipage sur une planète hostile suite à une puissante tempête. Laissé pour mort, il doit se battre pour sa survie avec pour aide des équipements conçus pour durer une poignée de semaines. Le hic, c'est que personne ne sait qu'il est en vie et que lorsque l'on s'apercevra qu'il est encore en vie (si toutefois ça arrive), il faudra des mois à l'équipe de sauvetage pour venir le chercher. Tout d'abord, l'image est magnifique. Je ne sais pas où le film a été filmé, et quelle est la part de prise réelle et d'images numériques, mais le résultat est bluffant ; on est sur Mars, très clairement, et l'environnement est très justement rendu à l'écran à mon goût : ni trop hostile, ni trop stylisé. Ce survival inhabituel s'appuie sur la capacité de Matt Damon à converser seul face à la caméra. On a tendance à ne pas le souligner, mais cela fait 5 ans, depuis Green Zone, que Matt Damon n'a pas été tête d'affiche d'un bon film, et le bougre a connu une belle traversée du désert, à l'image de son personnage dans ce film. L'humour assaisonne agréablement le film, dont l'histoire et les détails cruciaux sont très justement vulgarisés afin que tout le monde comprenne. Les seconds rôles sont fort bien traités, avec des personnages plus vrais que nature que l'on sent investis dans leur mission et auxquels on croit. Le film a le mérite de ne pas tomber dans le pathos, mais on pourrait lui reprocher au contraire une certaine légèreté, Damon semblant vivre cette mésaventure comme un camp d'été de scouts. Toutefois, cette leçon de survie et d'inventivité indispensable sous pression est fort divertissante et réussit sa mission haut la main. A l'image de son acteur principal, le dernier vrai bon film de Ridley Scott date de 2007 avec American Gangster, et le septuagénaire restait notamment sur deux films décevants, Prometheus et Cartel. Maintenant, on pourra dire qu'il date de 2015.

MA NOTE : 3/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=221524.html


mercredi 2 décembre 2015

Everest

Cette fin d'année nous propose le grand retour des "Survivals", ce genre de films où le personnage principal doit survivre parmi un environnement hostile. ici, ce n'est pas un mais des personnages que nous suivons. Il s'agit d'une histoire vraie, mais la bonne chose réside dans le fait que personne (ou presque) n'en connait les détails, et donc le spectateur lambda conserve tout le suspense en entrant dans la salle. Nous sommes en fait ici en présence d'un groupe de touristes et de leur guide alpiniste qui partent en expédition au sommet de l'Everest. Tous sont entrainés, tous ont leurs raisons qui les poussent à l'exploit, et tous ont payé cher pour participer à cette aventure inoubliable. Après une demi-heure de présentation des personnages un peu longuette, avec des portraits un tantinet stéréotypés, on entre dans le vif du sujet. Le casting est XXL, avec notamment des prestations à souligner de la part de Jason Clarke, Josh Brolin et John Hawkes. Certains reprochent au film le côté lisse et moutons bien élevés des touristes ; je loue en revanche le scénario de nous épargner de traditionnels épisodes de rébellion. Le film n'en a à mon avis pas besoin. Le paysage magnifique, saisissant, bien épaulé par les effets spéciaux très justes, nous plonge dans l'atmosphère. Nous sommes avec eux et partageons leur vertige et le froid ambiant. Et puis, alors que les difficultés vont croissant, nous ne pouvons que contempler la beauté que représente la solidarité, la fraternité et la détermination à se battre de ces alpinistes confirmés. Je prends pour exemple ce personnage qui, après avoir atteint le sommet et entamé sa descente vers le campement, est le seul à capter le signal de détresse de deux camarades coincés plus hauts. Il sait qu'il risque sa vie s'il remonte, sans aucune garantie de sauver les camarades en question, alors que le campement est tout à fait atteignable, et qu'il y sera en sécurité. Tous ces moments font chaud au cœur, et contrastent avec l'austérité ambiante. C'est beau, c'est fort, c'est marquant et ça fait du bien. Une vraie réussite.

MA NOTE : 3/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=218954.html