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mardi 22 septembre 2020

Tenet

 Christopher Nolan sait mieux que quiconque créer l'attente autour de la sortie de son film suivant. Sorti de son style habituel pour le précédent, Dunkerque, le voilà de retour dans ce qui a fait sa renommée : un film qui mêle action, suspense et un soupçon de surnaturel. Souvent comparé à un James Bond survitaminé, Tenet n'a pas pourtant pas grand chose à voir avec l'agent secret britannique. En effet, Nolan a choisi de se focaliser sur sa trouvaille qui rend le récit non linéaire, puisque les personnages ont la capacité d'aller à contre-sens du temps via un inverseur temporel. Idée intéressante, mais insuffisante pour faire tenir sur ses seules épaules un film de 2H30. Hélas, Nolan met le paquet sur ce stratagème mais oublie le principal : les personnages ne sont absolument pas traités, à tel point qu'il ne s'est même pas donné la peine de nommer son héros, sobrement désigné par le terme de "protagoniste". Nous ne savons pas qui ils sont, ce qui les motive, et nous nous fichons franchement de ce qui peut leur arriver, tant ils ne dégagent aucune empathie. La mère, femme de trafiquant notoire, qui se rend soudainement compte que son mari est répugnant et tient à protéger son enfant alors qu'elle a toute sa vie affiché un mode de vie des plus égoïstes, n'est pas crédible pour un sou et très stéréotypée. Je ne comprends pas ce film. Quand je dis ça, les gens s'efforcent de m'envoyer le lien vers un schéma qui reprend la ligne temporelle de chaque personnage. Oui, ça, je l'ai compris, ce n'est pas si compliqué. Non, ce que je ne comprend pas, c'est que Nolan a voulu nous dire. Quel était son but en faisant ce film ? Lui qui a répété en campagne de communication, à laquelle il ne faut sans doute pas prêter plus attention que ça, que Tenet était son projet le plus muri, le plus abouti, nous livre là un brouillon, une œuvre stérile qui semble inachevée et nous livre un sentiment de frustration immense. Même le crash du Boeing, dont on nous a martelé qu'il s'agissait d'un véritable avion et pas d'images de synthèse, passe plutôt inaperçu car mal mis en valeur. Décidément, ce film est fade et décevant.

MA NOTE : 1/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=251315.html


 

mardi 18 août 2020

Rocketman

A la mode depuis quelques années, les biopics sur les chanteurs les plus connus du XXème siècle se succèdent pour le meilleur et pour le pire, le genre étant assez difficile à maîtriser pour donner naissance à des films qui soient à la fois intéressants et qui respectent le caractère historique des protagonistes. Rocketman retrace la vie d'Elton John, né Reginald Dwight, appelé Reggie par tous ses proches jusqu'à ce que sa carrière décolle. Issu d'un milieu modeste, c'est surtout le déchirement familial autour de lui qui lui a causé du tord, ainsi que le manque de soutien de ses parents. Heureusement, sa grand-mère aimante lui a mis le pied à l'étrier, ou plutôt les mains sur un piano, et tout a basculé autour du petit Reggie. Surdoué pour la musique, elle a constitué pour lui une véritable échappatoire qui l'a mené vers le succès mais aussi toutes sortes de décadences liée à un train de vie soudainement multiplié par mille auquel personne n'est préparé. Le film est très bien fait, alliant à la fois humour, chansons classiques de l'icône et moments dramatiques, avec les moments les plus marquants de sa carrière bien entendu. Taron Egerton est un excellent choix pour incarner Elton. Eux deux avaient déjà un lien fort, puisque c'est le jeune acteur qui doublait le gorille dans Tous en Scène, qui interprétait I'm Still Standing à la fin du film, et Elton John était la guest star du second volet de Kingsman. Il faut dire que c'est bien Taron Egerton qui chante tous les morceaux, lui qui a beaucoup travaillé sa voix pour pouvoir tenir la route. Le film est vraiment plaisant, réussi, et permet de faire redécouvrir à un public large l’œuvre grandiose de l'un des plus gros vendeurs d'albums de tous les temps.

MA NOTE : 3/4

 

jeudi 11 juin 2020

Loving

Moins d'un an après l'excellent Midnight Special, Jeff Nichols revient avec un film bien différent de ce qu'il avait fait jusqu'alors, puisqu'il s'agit pour la première fois d'un biopic tourné autour d'un couple mixte en pleine ségrégation aux Etats-Unis. Le sujet est casse-gueule puisque propice à tous les excès de violence, de sentimentalisme ou de patho, or le talent de Nichols est tel qu'il évite ces pièges en nous offrant une oeuvre magistrale centrée sur la relation de couple, pièce centrale dont l'amour constitue le ciment. Les Loving essuient tellement de tirs, vivent tellement d'injustices, portées à un niveau institutionnel, qu'ils auraient facilement pu baisser les bras, or il n'en est rien. Les plans ainsi que les dialogues sont fins, nous laissant doucement prendre la mesure de la situation. Il s'agit bien là d'un des meilleurs réalisateurs en activité. C'est fort, c'est beau, c'est juste et c'est historique. C'est donc à voir.

MA NOTE : 3/4



dimanche 7 juin 2020

Docteur ?

Voilà la comédie de Noël franchouillarde pour toute la famille. En tête d'affiche, Michel Blanc en docteur itinérant SOS-médecins, alcoolique et dépressif suite au décès de son fils. Sa rencontre avec un livreur Uber-Eats le soir de Noël, liée à un accident l'empêchant de se mouvoir correctement est l'étincelle qui permet la naissance de l'histoire. Hakim Jemili, qui joue le livreur, apporte un vent de fraîcheur qui fait vraiment du bien, très juste entre l'empathie, l'humour, la crainte que quelqu'un découvre la supercherie. Car les deux protagonistes se mettent rapidement d'accord pour que le docteur devenu infirme reste dans sa voiture pendant que le livreur assure les tournées de livraisons de restaurants ainsi que les rendez-vous SOS médecin, en liaison permanente par téléphone, le second recevant dans son oreillette les conseils en temps réel du premier. On rit vraiment en se prenant au jeu, avec un running-gag autour d'un client/patient bien trouvé, mais le stratagème devient vite répétitif. On s'attend à ce qu'il y ait à un moment donné un problème de réception téléphonique qui romprait la communication entre les deux compères, ou à ce qu'un patient qui connaisse le médecin se rende compte que ce n'est pas lui qui fait la tournée, ce qui aurait donné un peu de piment au film, mais il n'en est rien, et c'est certainement dommage, puisque le long-métrage se déroule sans aspérité du début à la fin, d'un ton monocorde. Bonus : une excellente bande originale avec une chanson qui donne la pêche et vous restera dans la tête un bon moment.

MA NOTE : 2/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=271088.html

Dragons 3 : Le Monde Caché

Voici le troisième et dernier volet de la trilogie initiée en 2010 avec l'initiation, et poursuivie en 2014 avec la récolte des fruits de leurs efforts par les personnages dans une phase d'adolescence. Ce dernier film est celui de l'émancipation, où les personnages, tels des amis inséparables pendant leur scolarité, prennent chacun des chemins différents une fois leur diplôme en poche pour fonder une famille et trouver un travail, chacun dans sa ville. Il ne s'oublieront pas, s'aimeront toujours, mais auront des échanges limités, voire inexistants après un certain temps. Le film a cette touche de nostalgie, ce côté poétique appuyée par des images éblouissantes de beauté. Le scénario est de meilleure qualité que celui du précédent opus, sans aucune fausse note, et au déroulé bien ficelé qui nous fait passer par toutes les couleurs de l'arc en ciel des émotions. Le point fort qui a fait de cette trilogie une réussite totale est d'avoir toujours le même réalisateur aux manettes, Dean Deblois, ce qui permet une régularité et une évolution sensée de l'histoire commencée il y a dix ans.

MA NOTE : 3/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=222451.html

Alita : Battle Angel

Voilà un film futuriste très intéressant et dont la genèse a été assez chaotique. Après moult rebondissements, c'est finalement le talentueux Robert Rodriguez qui prend les rennes en tant que réalisateur. Lui qui plutôt un habitué des films d'action parodiques de séries Z à prendre au second degré, avec du grain sur la pellicule et du sang qui gicle à gogo, le voilà sur un projet tout public très propre visuellement. Les effets visuels fonctionnent bien, et le début du film parvient à nous emporter, même s'il y a des longueurs, en témoigne la pseudo amourette d'Alita. Le film souffre en revanche d'une certaine hétérogénéité dans la succession des scènes qui posent parfois problème, ne faisant pas toujours sens, et qui rendent un aspect global assez confus une fois le visionnage terminé. On a l'impression qu'on ne sait pas où on veut nous emmener, et que même les producteurs sont perdus dans leur film. Il a certainement dû y avoir débat parmi la production et les compromis trouvés nuisent à l'intégrité du film. Autre problème : à l'instar d'un film comme A la Poursuite de Demain, qui se terminait pas une séquence appelant une suite, Alita se termine au beau milieu d'une offensive vers les tout puissants oppresseurs. Problème : il est fort possible qu'on ne voit jamais la suite de ces deux films pourtant pas dépourvus d'intérêt, puisque personne ne veut plus en prendre les rennes, et que la Fox qui avait commandé le film initialement a depuis été rachetée par Disney, qui n'a pas les mêmes attentes.

MA NOTE : 2/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=61280.html

La Mule

Entre deux films sur des attentats, Clint nous sort une petite histoire attendrissante d'un grand-père fauché passionné par l'horticulture qui, pour sauver sa maison et sa famille qui lui a en grand partie tourné le dos, finit par accepter une solution de facilité qui consiste à transporter de la drogue à travers les Etats-Unis et même le Mexique pour un cartel. Le film est sympathique, et papy Clint nous fait sourire de temps en temps comme il sait le faire, entre provocations et blagues potaches. Ce qui me gène un peu, c'est le côté sous-jacent pro républicain, à la limite du prosélytisme politique. Son personnage s'évertue tout du long à afficher un savoir-être du républicain modèle, qui ouvre sa gueule pour lutter contre ce qu'il considère injuste et qui touche à ses valeurs, qui est un peu raciste parce qu'il traite différemment les personnes de couleurs mais sait être bon avec eux, et ne voit pas le problème dans le fait que son bar préféré ne puisse être sauvé que par un don de millionnaire, puisque les assurances sont hors de prix et peu couvrantes dans les Etats-Unis. Bref je vois davantage d'éléments dans le sous-texte que dans l'intrigue principale en regardant ce film, même s'il se regarde facilement non sans plaisir. Je trouve la fin bâclée en revanche, arrivant assez brutalement avec une conclusion qui tombe d'un coup.

MA NOTE : 2/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=262272.html

jeudi 4 juin 2020

A Couteaux Tirés

Je dois admettre que je n'attendais rien de ce film et n'y suis allé que lorsque j'ai vu les critiques positives se succéder à son sujet. Et j'ai été pris dès les premières minutes. Tout est réussi dans ce film : l'ambiance à la Cluedo dans un manoir, l'assassinat au sein d'une famille noble de la figure patriarcale, des membres désunis, tous plus allumés les uns que les autres, des inspecteurs charismatiques qui n'ont pas leur langue dans leur poche, et un scénario hyper travaillé qui ne cesse de surprendre. Certains diront que le film n'invente rien et ils auront raison, Agatha Christie faisait déjà tout ça il y a des dizaines d'années, mais le plaisir que procure ce film avec tous ses retournements de situation a été immense en ce qui me concerne. On progresse à tâtons dans l'enquête, et le dernier quart d'heure est assez jouissif. C'est la pépite de fin d'année 2019.

MA NOTE : 3/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=267546.html

Vice

Adam McKay a un parcours atypique et assez intéressant. Il vient effectivement du monde de la comédie, lui qui a dirigé à de nombreuses reprises les acteurs connus pour leurs rôles comiques tels que Will Ferrell, Danny McBride, John C.Reilly ou encore Steve Carell. Et puis, il a tenu à mêler son savoir-faire en terme d'humour à de l'information, en traitant dans The Big Short la crise financière des Subprimes de 2008 comme jamais auparavant, avec un résultant aussi bluffant que brillant. Vice est construit sur le même modèle, et reconstitue cette fois-ci la carrière politique de Dick Cheney, qui sera vice-président des Etats-unis pendant huit ans sous la présidence de George W. Bush. Le film nous apprend que Cheney, interpété par Christian Bale toujours incroyablement talentueux, est le vice président qui a eu le plus de pouvoir dans l'histoire américaine, et que c'est lui qui tenait les rennes du pays, discrètement, à l'ombre de Bush. C'est très documenté, le montage est très énergétique, peut-être trop parfois, donnant au film des airs de mauvais publicités par moment. Cependant, le fond l'emporte clairement sur la forme dans ce film, et le jeu des acteurs ainsi que les révélations faites compensent cet aspect dérangeant de la réalisation. Le running-gag autour des attaques cardiaques de Cheney et les conversations avec Bush, notamment celle qui précède l'élection, sont des plus savoureux. C'est un film qu'il faut voir, et Adam McKay est en train de prendre la place de Michael Moore, dans un style différent et plus cinématographique.*

MA NOTE : 3/4

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=251903.html

Toy Story 4

Il aura fallu neuf longues années pour que la bande de jouets qui s'est réunie à l'écran pour la première fois en 1996 trouve une suite au troisième volet, qui s'était terminé sur des chaudes larmes. Je ne ais pas détailler les personnages ou l'atmosphère du film que tout le monde connaît mais énumérer deux points intéressants que traite ce film. Le premier est l'utilisation d'un objet pour d'autre chose que ce pour quoi il a été conçu. "Fourchette", nouveau personnage du film, est un jouet par fonction, contrairement à tous les autres qui ont été conçu pour être des jouets, et qui le sont donc par destination. C'est un thème philosophique intéressant qui se projette très bien sur le plan humain "untel est arrivé à accomplir telle tâche alors qu'il n'était clairement pas destiné à faire ça". Le second est notre besoin viscéral de s'accomplir socialement. La nouvelle méchante du film n'est en fait pas si méchante que ça. C'est une accidentée de la vie qui ne cherche qu'à trouver l'âme sœur. Il est toujours plus intéressant d'avoir un méchant avec des motivations nobles. Ça le rend plus complexe, plus humain, plus crédible. Ce film soulève donc des problématiques auxquelles il est intéressant de réfléchir, avec toujours des pointes d'humour et une qualité d'animation à la pointe. En revanche, je reproche au film quelques longueurs et un manque de suspense. On sait très bien où on va et il n'y a guère de surprise, même en ce qui concerne l'acte de bravoure de Woody et des siens pour permettre à la "méchante" poupée d'accéder enfin au bonheur.

MA NOTE : 2/4